DISPARITION

Le Pape émérite Benoit XVI s’est éteint ce samedi


ROME. Celui qui avait succédé à Jean-Paul II en 2005 s’est éteint ce samedi à l’âge de 95 ans. À la fin de l’audience générale de ce mercredi 28 décembre, le Pape François s’était rendu au monastère Mater Ecclesiae, dans les Jardins de la Cité vaticane au chevet de Benoît XVI après avait demandé de prier pour le Pape émérite. Ce 31 décembre, Benoit XVI s’est éteint paisiblement. 

Né Joseph Aloisius Ratzinger le 16 avril 1927 à Marktl, en Bavière, Benoit XVI était devenu pape le 19 avril 2005 sous le nom de Benoît XVI, succédant ainsi à Jean-Paul II. En qualité d’évêque de Rome, il fut le 265ème pape de l’Église catholique jusqu’à sa renonciation en 2013 pour des raisons de santé.

Fils de parents opposés au nazisme, il fut enrôlé par obligation, à l’âge de quatorze ans, dans les jeunesses hitlériennes. En 1944, il refusa d’intégrer la Waffen-SS en faisant valoir son intention d’entrer au séminaire. Libéré en 1945 du camp de prisonniers de Bad Aibling où il était interné après avoir déserté la Wehrmacht lors de son service militaire, il avait débuté sa formation de prêtre avant d’être ordonné en 1951.

Théologien reconnu, docteur et professeur à l’université, Joseph Aloisius Ratzinger participa comme conseil au concile Vatican II, où il sera considéré comme réformateur et œuvrera à la réforme du Saint-Office. En 1977, il fut nommé par le pape Paul VI successivement archevêque de Munich et Freising et cardinal-prêtre de Santa Maria Consolatrice al Tiburtino. Le pape Jean-Paul II en fait en 1981 son préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, à la tête de laquelle il restera 23 ans.

Un pape conservateur

Réputé conservateur, le cardinal Ratzinger est élu en 2005 pour succéder à Jean-Paul II et devient le premier pape allemand depuis Victor II au Xème siècle. Il consacrera son pontificat principalement à la mise en œuvre du concile Vatican II dans la continuité de la tradition de l’Église, voyant dans le concile un renouveau dans la continuité et non une rupture.

Benoît XVI œuvrera à une réconciliation interne de l’Église dans le domaine de la liturgie, à laquelle il accordera une importance essentielle, avec son motu proprio Summorum Pontificum, qui déclare que la messe selon le missel de 1962 et de 1970 (pré et post-concile) sont un seul et même rite ayant deux expressions, position rejetée par son successeur.
Ses détracteurs l’accusent d’avoir exercé sa charge d’une façon excessivement répressive au lieu de faire de la Congrégation un outil de réflexion sur la doctrine et la théologie, ou un espace de dialogue où mettre les idées nouvelles à l’épreuve et aplanir les divergences

AFP

Pape théologien, Benoît XVI a œuvré à recentrer l’Église sur les vertus théologales, et consacrera d’ailleurs ses trois encycliques à deux d’entre elles : l’espérance et la charité. Sa troisième encyclique sera sociale. Dans celle-ci, il y affirme le lien étroit entre l’intelligence et la charité pour le développement humain intégral, en réponse aux défis de l’époque, en particulier économiques et écologiques.

Benoit XVI maintiendra une position ferme de l’Église sur la famille, fondée sur le mariage hétérosexuel et ouverte à la vie, prônant la fidélité et l’abstinence (notamment comme méthode de prévention du sida plus efficace que le préservatif), ce qui engendrera de vifs débats et critiques. Pendant son pontificat, l’Église est agitée par la révélation d’abus sexuels contre lesquels il prend des mesures intransigeantes. Il poursuit aussi le dialogue interreligieux engagé par Paul VI et Jean-Paul II, ainsi que le dialogue œcuménique avec l’Église orthodoxe.

En 2013, après un pontificat de près de huit ans, il renonce à ses fonctions, ce qui constitue la première renonciation d’un pape depuis celle de Grégoire XII en 1415. Depuis lors, devenu pape émérite, il menait une vie de silence et de prière, retiré dans le monastère Mater Ecclesiae au cœur des jardins de la Cité du Vatican. Il sortait que rarement pour assister à quelques événements importants, notamment à l’invitation de son successeur ou comme en 2020, pour se rendre en Bavière au chevet de son frère Georg alors mourant.

Le pape émérite s’en est allé ce 31 décembre, comme un clin d’oeil à cette année qui s’achève avec lui.