PRESIDENTIELLE AUX ETATS-UNIS

Opinion: Côté républicain, des candidatures qui ne trompent pas Trump tant que ça

Photo prise le 9 octobre 2018 à l'époque où Nikki Haley était ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'ONU. Elle est ici avec le président Donald Trump dans le bureau ovale. AFP

Donald Trump pensait il y a encore quelques mois se réinstaller confortablement dans un fauteuil à la Maison Blanche. Il avait tellement bataillé en 2016 lors de son élection contre l’establishment tout entier, qu’il espérait n’avoir pas autant à en découdre en 2024. Sa défaite de peu en 2020 lui a laissé un goût amer et il n’avait jamais caché son souhait de retrouver sa place à la fin du mandat de Joe Biden.  Quoi qu’il en soit, il devra passer par un nouveau filtre des primaires. L’acceptera-t-il ?

Or, l’échéance approche et non seulement une fronde grandissante commençait à s’organiser dès 2021 contre l’héritage, les casseroles et les méthodes trumpistes mais voilà maintenant que des candidats qui cherchent à s’en démarquer se multiplient dorénavant comme des petits pains. Au-delà de ses affaires depuis qu’il a quitté la Présidence, de l’apparente fragilité de l’administration Biden qui s’en est finalement bien sortie aux mid-terms de novembre dernier, Trump en bon warrior est toujours prêt à se jeter dans l’arène et s’est déjà déclaré candidat. Il y a un écart entre sa popularité auprès du peuple et au sein du camp républicain. L’invasion du Capitole du 6 janvier 2021 n’a jamais été digérée.

Quant à Joe Biden, il poursuit son mandat avec plus de marge qu’il ne l’espérait même s’il a perdu la Chambre des représentants. Sur le plan international, le soutien à l’Ukraine indéfectible des Etats-Unis joue à plein pour Biden qui réinscrit le pays dans le leadership mondial. Après une période de retrait, Washington reprends pied en Europe, au Moyen-Orient et en Asie.

Donald Trump doit affronter de sérieux concurrents

Sorti affaibli des élections de mi-mandat où nombre de ses poulains ont subi de lourdes défaites, l’ancien président, Donald Trump va devoir ressusciter, lui qui enterrait déjà Biden. Seulement, la chose ne sera pas aisée car il devra faire face à Ron de Santis, gouverneur de Floride, qui a vu sa notoriété et sa crédibilité monter en puissance après les mid-terms. Pour autant, il ne s’est pas encore officiellement jeté dans l’arène. A 44 ans, il est pour le moment le favori si Trump bascule dans les oubliettes de l’histoire. Alors qu’il considérait ce dernier comme son mentor, il a dû depuis tuer le père et se démarquer largement pour avoir ses chances et gagner en popularité. Il est actuellement en train de constituer son équipe de campagne et ne devrait pas tarder à se lancer dans la course. Catalogué à l’extrême droite sur les questions sociales, De Santis a restreint les droits des LGBTQ, mais aussi ceux liés à l’avortement. Face à la candidature de son gouverneur (Trump habite à Mar-a-lago en Floride), l’ancien président a récemment haussé le ton pour l’en dissuader.

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Nikki Haley lors d’un événement de lancement de sa campagne pour la présidentielle américaine du 5 novembre 2024. (AFP)

L’ancien vice-président de Trump, Mike Pence, est un candidat sérieux. Ayant résisté à Trump sur le dossier du capitole, il avait traité ses propos et son attitude de totalement irresponsables. Dans la foulée, Pence avait refusé de remettre en cause la victoire de Biden, donc on peut dire qu’il n’a plus trop la cote dans le camp des trumpistes acharnés.

Une femme dans la course chez les Républicains

Une femme essaie de se faire la part belle au milieu de ce combat d’hommes : c’est Nikki Haley, l’ancienne ambassadrice américaine aux Nations-Unis sous le mandat de Donald Trump. Elle sera, à 50 ans, probablement la seule femme à se présenter à la primaire républicaine. Elle aussi, ancienne alliée de Trump, a remis en cause son complotisme et sa supposée victoire en dépit de celle officielle de Biden. Née en 1972 d’immigrants indiens, l’ancienne gouverneure de Caroline du Sud est tenancière ?? d’une ligne dure justement sur le dossier de l’immigration ce qui peut séduire une partie de l’électorat républicain bien évidemment. Pour le moment pour autant, ses chances restent faibles.

A y regarder de plus près, on voit bien qu’on s’achemine à ce stade vers un duo Trump-De Santis. Mais ce qui est et reste fondamental dans cette histoire à ce stade-là, c’est que les seuls candidats qui se sont présentés face au « pater », sont tous des anciens alliés de Trump. On voit bien qu’il a influencé l’ensemble du parti, et que malgré les défaites de ses soutiens aux mid-terms, aucune tête totalement anti-trumpiste des débuts n’a émergé.

Sébastien BOUSSOIS

Docteur en sciences politiques, chercheur Moyen-Orient  relations euro-arabes/ terrorisme et radicalisation, enseignant en relations internationales, collaborateur scientifique du CECID (Université Libre de Bruxelles), de l’OMAN (UQAM Montréal) et du NORDIC CENTER FOR CONFLICT TRANSFORMATION (NCCT Stockholm)