COVID-19 : L'HEURE DU BILAN

L’Union européenne se dit prête pour faire face à de nouvelles pandémies

Le tribunal de l'Union européenne refuse de sanctionner la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen dans le dossier du SMSgate. BELGA

Alors qu’au début du mois, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré la fin de la pandémie mondiale de coronavirus, l’heure du bilan est venue sur le continent européen. À la Commission européenne, le maître mot est : coopération. Le Parlement européen, quant à lui, travaille encore en commission spéciale pour tirer les conclusions. Le rapport provisoire de la commission spéciale se penche sur de nombreux aspects de cette crise comme les négociations des vaccins, mais aussi l’impact que la pandémie a eu sur les publics dits fragilisés. La trentaine de députés membres de cette commission ont soumis plus de 3.000 amendements au rapport provisoire. La version définitive devrait être adoptée le 12 juin prochain. « Enfin, après plus de trois ans, la Covid-19 n’est plus une urgence sanitaire mondiale. C’est une bonne nouvelle », a annoncé Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, dans une déclaration en réaction à l’annonce de l’OMS. Mais la commande groupée de vaccins suscite beaucoup de questions, surtout au regard du rôle de la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.  

« Cette pandémie a changé le visage de l’UE, qui est devenue une véritable union européenne de la santé », a continué la présidente. Et d’ajouter que le Vieux Continent est « aujourd’hui bien mieux préparé face aux futures crises sanitaires ». Ursula Von der Leyen a toutefois souligné que « la vigilance reste cruciale » car la Covid-19 reste « une menace mondiale pour la santé et qu’elle fera encore partie de notre vie dans un avenir prévisible ».

« La leçon principale est que la coopération entre États membres est fondamentale », nous explique Stefan De Keersmaecker, un porte-parole de la Commission européenne. Autant pour le développement des vaccins que pour garantir la bonne circulation de personnes et des biens, les États membres ont, assez rapidement, réalisé que travailler ensemble était une bonne solution.

Cependant, rappelle le porte-parole, les compétences en matières de santé sont aux mains des États membres. Les traités autorisent néanmoins la Commission européenne à aider via une action de coordination. « Nous avons voulu développer et renforcer des instruments existants », ajoute Stefan  De Keersmaecker, soulignant que les traités ont déjà permis de réaliser beaucoup de choses.

Une stratégie sur trois piliers

De la crise sanitaire est donc née l’Union européenne de la santé, construite autour de trois piliers.

Le premier renforce la coopération, avec, entre autres, le renforcement des mandats du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et de l’agence européenne des médicaments (EMA). Et la création de HERA, soit l’Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire.

Le deuxième se concentre sur la stratégie pharmaceutique européenne, car dans le contexte d’une crise il risque d’y avoir des pénuries de médicaments et de vaccins. Des règles européennes ont été mises en place pour assurer que « tout le monde a accès à des médicaments sûrs », résume De Keersmaecker.

Le troisième pilier est moins lié à la crise sanitaire, et couvre la lutte contre le cancer.

Les messages échangés entre le PDG de Pfizer, Albert Bourla (photo) et la présidente de la Commission européenne continuent à susciter la polémique. BELGA

Le PDG de Pfizer, Albert Bourla, lors d’une visite de l’usine de la firme pharmacuetique à Puurs (en Flandre) le 23 avril 2021. (BELGA PHOTO)

Selon le porte-parole De Keersmaecker, « l’Union européenne est beaucoup mieux préparé [pour faire face à une nouvelle pandémie], car on a une structure qui permettra d’agir rapidement ». Pour lui, la réaction européenne face à la variole du singe, l’année dernière, en est la preuve. L’ECDC était la première agence dans le monde à publier un « risk assessment » et HERA a directement négocié des vaccins avec les fabricants. « Ça montre qu’on est mieux préparé face à des crises sanitaires ».

Les vaccins

La commande groupée de vaccins est entachée de questions, surtout au regard du rôle de la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. Mr De Keersmaecker affirme que la présidente n’a pas pris part aux négociations avec les entreprises pharmaceutiques, mais que les contacts entre les membres de la Commission et l’industrie sont normaux. « Toutes les négociations ont suivi la même structure de gouvernance », précise Stefan De Keersmaecker. Cette structure est composée d’un comité de pilotage, avec des représentants des États membres, et d’un comité de négociations, composé de quelques États membres et des représentants de la Commission européenne, lequel a conduit les discussions avec les entreprises pharmaceutiques.

Un accord conclut avec une entreprise est soumis à l’approbation du comité de pilotage, ajoute De Keersmaecker. « Ce mécanisme de gouvernance était fondamental pour respecter les besoins de tous les États membres ».

De Keersmaecker rappelle également le contexte d’incertitude dans lequel les premières négociations ont eu lieu. Il fallait « avoir des vaccins de plusieurs types » se souvient-il, « afin d’être sûrs d’avoir au moins un ou deux vaccins efficaces » et ce alors qu’aucun vaccin n’était encore autorisé ou avait prouvé son efficacité. « Il s’est avéré qu’il y a eu un décalage entre l’offre et la demande », résultant dans des larges quantités de vaccins, note De Keersmaecker. La renégociation des contrats, qui a toujours lieu, se fait sous la conduite du comité de pilotage. La structure de gouvernance est d’ailleurs encore en place et suit les contrats actuellement. Et « ce mécanisme est fondamental pour respecter les besoins de tous les États membres », ajoute le porte-parole.

AFP

Les vaccins des firmes Moderna et AstraZeneca utilisés dans le cadre de la lutte contre la Covid-19. (AFP)

Plus de 3.000 amendements au Parlement européen

Au Parlement européen, une commission spéciale sur la pandémie sous la présidence de l’eurodéputé belge Kathleen Van Brempt a entamé son travail en janvier. Le but de cette commission : tirer les leçons de la crise sanitaire et présenter ses recommandations pour l’avenir.

Tant le Parlement que la Commission soulignent la vitesse avec laquelle l’Union européenne a réagi face à cette crise. Le Parlement ajoute qu’il est important de tirer les leçons afin d’être mieux préparés dans l’avenir. Le rapport provisoire se penche sur de nombreux aspects de cette crise comme les négociations des vaccins, mais aussi l’impact que la pandémie a eu sur les publics dits fragilisés.

La trentaine de députés membres de cette commission ont soumis plus de 3.000 amendements au rapport provisoire. La version définitive devrait être adoptée le 12 juin prochain. Comme souvent, c’est une crise qui a fait avancer l’UE, et qui a souligné l’importance de la solidarité entre les États membres. En espérant que les leçons tirées ne seront pas rapidement oubliées.

Aude van den Hove