Face à la « tempête iranienne », Pascal Smet démissionne
Nous avions souligné, la semaine dernière le scandale que constituait la visite à Bruxelles, dans le cadre du sommet d’une association internationale sur l’urbanisme des villes de plus d’un million d’habitants. Du Maire de Téhéran. Au cœur de la polémique, se trouvait le ministre socialiste flamand de la Région Bruxelloise Pascal Smet (Vooruit, secrétaire d’État en charge des Relations internationales). Ce dimanche, il a tiré les conclusions logiques de la situation et a annoncé sa démission.
Le Socialiste (…) tout en niant toute faute dans son chef, a préféré démissionner.
La pression devenait insupportable : mis en cause dans le scandale provoqué par la présence à Bruxelles d’Alireza Zakani, maire de Téhéran et « dur parmi les durs » du régime des mollahs, Pascal Smet, secrétaire d’État en charge des Relations internationales, se perdait depuis plusieurs jours dans des explications alambiquées. Mais la raison – et, admettons-le, le courage politique, car ce genre de décision est rare dans le monde politique belge – a fini par l’emporter : le Socialiste a jeté l’éponge et, tout en niant toute faute dans son chef, a préféré démissionner.
Aux frais…du contribuable
Dans un premier temps, Pascal Smet avait donc été mis en cause pour avoir fait pression sur les Affaires étrangères en vue qu’elle délivrent un visa à Zakani (et à 14 autres délégués iraniens) pour qu’ils puissent participer au « Brussels Urban Summit ». Il s’en défendait, sans réellement convaincre. Pour lui, il s’agissait d’une « procédure standard » destinée à informer les postes consulaires que telle ou personne était invitée à Bruxelles pour participer à une réunion internationale. Mais aux Affaires étrangères, on préfère évoquer un courrier ministériel demandant au Consul de « faciliter » la délivrance de visa. Soit une intervention directe.
Mais le scandale a encore pris de l’ampleur lorsqu’il est apparu que qu’un membre de son cabinet avait accepté de prendre en charge les frais de séjour du Maire de Téhéran mais aussi de celui de Kazan (Russie).
Dans une lettre envoyée à Rudi Vervoort et à Rachid Madrane, le secrétaire d’Etat affirme que ni lui ni son chef de cabinet n’étaient au courant de cette démarche, mais il admet « être responsable de la faute commise par un membre de (son) cabinet. »
Vendredi après-midi déjà, lors d’un débat au parlement régional, et alors que n’était encore évoquée que son intervention aux Affaires étrangères, Pascal Smet avait dû faire face à une levée de boucliers. Et celle-ci avait gagné les rangs de la majorité.
Il lui a paru évident ce matin que, dès que le public apprendrait que c’était la Région, donc le contribuable, qui payait le séjour de Zakani à Bruxelles, et ce un mois à peine après la libération de l’otage Olivier Vandecasteele, la situation allait devenir incontrôlable. Mercredi, en effet, la question devait être à nouveau abordée, cette fois en commission des Finances et des affaires générales.
Après le volet « Pascal Smet » su scandale une « Deuxième saison Hadja Lahbib » ?
Reste que, qu’il y ait eu ou non intervention « lourde » du secrétaire d’Etat bruxellois, il reste que ce sont bien les Affaires étrangères, et elles seules qui sont responsables de la délivrance des visas.
Si le volet « Pascal Smet » de la triste saga iranienne se ferme, il n’est donc pas tout à fait exclu que nous ayons droit à une « Deuxième saison » qui, cette fois-ci, mettrait en cause Madame Hadja Lhabib. Des poids lourds de la majorité avec lesquels nous avons pu échanger sur ce dossier, s’étonnent en effet que la ministre, dans le contexte des relations extrêmement tendues existant entre Bruxelles et l’Iran (qualifié « d’Etat Voyou » par plusieurs membres du gouvernement fédéral) n’ait pas jugé utile d’en référer à ses collègues ou au Premier ministre.
Hadja Lahbib, qui sera entendue mardi, devra donc non seulement apporter toutes les preuves des pressions subies mais également s’expliquer sur un étrange « cavalier seul ».
En tout état de cause, au niveau fédéral, l’opposition donne déjà le ton des futurs débats. Pour la NVA, Bart de Wever estime, dans un un « Tweet » que la ministre des Affaires étrangères « ne peut rester en place. Un signal selon lequel les vrais réfugiés politiques sont en sécurité dans notre pays face au régime iranien est nécessaire ».
Chez « Les Engagés », Georges Dallemagne estime que « La Belgique doit traiter l’Iran comme un Etat terroriste. Ses représentants sont persona non grata. Il reste que c’est Hadja Lahbib qui a octroyé les visas. La démission de Pascal Smet (…) souligne la gravité de la décision prise par… Hadja Lahbib… »
Débat animé en perspective.
Hugues KRASNER