Société

France: la probable sortie de prison de Patrick Tissier, l’ogre de Perpignan, suscite l’inquiétude


Il a été surnommé « l’ogre de Perpignan ». A cinq reprises, il a tué, une jeune femme de 18 ans, trois femmes et une fillette de 8 ans… Condamné en 1998 à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 30 ans, Patrick Tissier va, à 71 ans, très vraisemblablement sortir de prison en septembre prochain, en libération conditionnelle ou en permission de sortie. Et à ses demandes et celles de ses avocats, il suffit d’une seule décision positive… Depuis quelques jours, à Perpignan (118 032 habitants, préfecture des Pyrénées-Orientales) et dans la région, dans la population, on ne cache pas son inquiétude à quelques jours de la libération d’une personne multirécidiviste considéré comme l’un des psychopathes les plus dangereux de France.

En prison, Patrick Tissier s’est révélé un détenu modèle. Pourtant, il présente un CV des plus inquiétants : né à Bourges (département du Cher) le 24 août 1952, il est le dernier de six enfants. Parents violents. A 12 ans, il tente de violer une de ses sœurs ; à 17 ans, sa belle-mère dans la salle de bains… Le 1er mai 1971, il tue sa « petite amie » de 16 ans, un crime pour lequel il sera condamné à 20 ans de prison en avril 1972.

A 70 ans, il est encore largement capable de commettre d’autres crimes.

Onze ans après, détenu exemplaire, il bénéficie d’une libération provisoire durant laquelle il va violer trois femmes à Toulouse et à Nice avant de s’évader. Nouveau procès, nouvelle condamnation : 10 ans de réclusion criminelle… Le 4 janvier 1992, après 8 ans et demi de détention, il est libéré, il s’installe à Perpignan où il intègre la communauté mormone et la famille Volckaert qui ignore son passé criminel et le trouve « gentil et serviable ».

Un tueur de sang-froid libérable dès septembre 2023

Le 6 août 1993, il tue par strangulation sa voisine de palier. Un mois plus tard, le 10 septembre, il agresse une amie, la viole, lui frappe la tête contre le sol, elle arrive à le raisonner, il s’en va… Trois jours plus tard, sur le parking de l’école primaire, Tissier attend Karine Volckaert, elle a 8 ans, elle est la fille de Jocelyne Milluy, une amie de la communauté mormone. Il emmène la gamine dans sa voiture ; plus loin, il la menotte, la bâillonne, la viole, l’étrangle, la viole à nouveau… Huit jours plus tard, après une course-poursuite, il est arrêté par les gendarmes, se rend sans résistance, avoue l’agression de son amie et le meurtre de la petite Karine…

Je prendrai 30 ans, mais je m’en moque. Un jour, on ressort. Et dans quel état ?

Placé en détention provisoire, il est inculpé de tentative de meurtre et de meurtre suivi de viol sur mineure de moins de 15 ans. En France, surgissent alors un débat médiatique sur la récidive et une polémique sur la création d’une peine de réclusion criminelle à perpétuité « réelle » afin d’éviter, si le tribunal le décide, la sortie d’un condamné pour viol et meurtre sur mineur à la fin d’une période de sûreté. En 1996, il avoue le meurtre de sa voisine. En janvier 1998, à l’issue d’un procès qui a bouleversé la France, « l’ogre de Perpignan » est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 30 ans, ce qu’on appelle la « perpétuité fictive »… Tenant compte des quatre années de détention provisoire effectuées avant le procès, Tissier est donc libérable en ce mois de septembre 2023…

Une lettre à sa mère

Avant son procès, présenté comme « pervers sexuel récidiviste » par des psychologues, Tissier avait écrit une lettre à sa mère : « Je prendrai 30 ans, mais je m’en moque. Un jour, on ressort. Et dans quel état ? » A la veille de la possible libération de « l’ogre de Perpignan », l’Institut pour la Justice, association qui se défend de toute inclinaison politique, assure qu’« à 70 ans, il est encore largement capable de commettre d’autres crimes ».

Elle demande la suppression de la perpétuité « fictive » et l’application de la perpétuité « réelle » qui existe en droit français, mais n’est prononcée que dans très peu de cas…

Serge Bressan (correspondant à Paris)


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