Malgré la crise, la vanille malgache reste numéro 1 mondial sur le marché
Madagascar est la 5ème plus grande île au monde. Jardin exotique, niché au sud-est de l’Afrique, elle est la grande île de l’Océan Indien. Par ailleurs, elle a toujours été au carrefour des grandes voies navigables et commerciales reliant l’Afrique à l’Asie. Des richesses orientales malgré les difficultés, elle n’en manque pas. Le pays est réputé pour son tourisme, a de nombreuses ressources en sous-sol, et cultive nombre d’épices. Parmi ces richesses et sur lesquelles l’Etat mise beaucoup, il y a la fameuse gousse de vanille, qui sert dans toutes les cuisines du monde, notamment très prisée pour la glace en Europe. Aujourd’hui, la vanille produite dans l’île représente 80% de la production mondiale et est donc l’un de ses principaux atouts, après les produits miniers (nickel, cobalt, or, saphir). Elle est la principale exportation agricole de l’île, suivie par le clou de girofle, le café, le poivre, le sucre, le cacao ou encore les crevettes.
Longtemps, le marché mondial de la vanille a été en croissance jusqu’à la fin du XXe siècle mais depuis il accuse une stagnation, lié à deux facteurs principaux : la difficulté de se réguler et la concurrence avec la vanilline de synthèse (notamment aux USA). Malgré cela, le marché de la vanille de Madagascar concentre l’essentiel du marché mondial (80%) mais reste fragile car instable sur les dernières décennies. Les prix ont atteint des records encore en 2017 à Madagascar.
Pourtant, une nouvelle crise de la vanille frappe la filière nationale malgache et bloque depuis février les exportations, menaçant d’abord la survie des producteurs, la sécurité du pays du fait d’émeutes encouragées par certains producteurs, et enfin l’approvisionnement mondial, qui ne tient que par l’île. Des producteurs bloquent les stocks de vanille pour protester contre le prix plancher établi par le précédent ministre du Commerce, qui impose un prix de vente plus élevé, ce qui empêche des producteurs d’écouler les stocks à leur guise.
Appel pour la libéralisation du secteur
Cela protège les prix d’abord pour les acteurs déjà installés et les plus qualifiés, ceux qui peuvent se permettre de gérer les stocks, qui savent mieux les écouler, et qui ont le moins à pâtir de la concurrence de nouveaux ou plus gros acteurs qui voudraient jouer sur le volume. Mais cet approvisionnement peut tenir à court terme, grâce à la nature du marché : la vanille se conserve jusqu’à 6 ans. En général, les acheteurs anticipent l’instabilité et disposent de stocks importants (notamment à Roissy). Globalement, ces acheteurs sont essentiellement américains et européens aujourd’hui. Mais à des fins différentes, les Européens privilégient la qualité tandis que les Américains valorisent les restes de vanille, moins dépendants de la qualité.
Depuis plusieurs années, les Etats-Unis et plusieurs organisations internationales (FMI, OCDE) poussent à la libéralisation de ce secteur sur l’île, au même titre que les télécoms ou les secteurs miniers. Une recommandation du FMI avise Madagascar de libéraliser les 3 secteurs. C’est déjà le cas pour les télécoms. Le pouvoir cherche à élever le pays vers des standards internationaux de développement et l’expansion du commerce et de l’export. Au-delà des soutiens aux projets de développement, l’objectif du pouvoir est de permettre à Madagascar de lutter contre la pauvreté, son principal fléau. La vanille est une ressource majeure dans ce dispositif. Le Président Andry Rajoelina est aujourd’hui considéré comme le champion de la vanille du fait de ses actions et exercices précédents : le bilan de la filière est reconnu exceptionnel et de nombreux membres de la filière en témoignent. Depuis 2018, les recettes de vanille à l’exportation ont augmenté de 27% et ont été multipliées par 12 depuis 2008.
S.B.