CONJONCTURE

Royaume-Uni : la reprise économique dépasse les prévisions

Les dépenses des ménages ont augmenté de 0,7 % au Royaume-Uni au deuxième trimestre.AFP

La performance économique du Royaume-Uni au deuxième trimestre 2023 a surpassé les prévisions, stimulée par une croissance inattendue de 0,2 %, marquant ainsi son meilleur niveau en un an. Cependant, malgré cette lueur d’espoir, l’économie britannique reste en retard par rapport à ses homologues des pays développés et fait face à des défis significatifs, notamment une inflation persistante et une pression politique croissante sur le gouvernement pour stimuler la croissance. Cet article explore les sources de ce rebond économique, les défis persistants et les enjeux politiques qui pèsent sur l’avenir économique du Royaume-Uni.

Le rebond économique et ses sources

Au grand étonnement des économistes, le Royaume-Uni a enregistré une croissance de 0,2 % au deuxième trimestre, marquant ainsi sa meilleure performance depuis plus d’un an. La Banque d’Angleterre avait anticipé une croissance de seulement 0,1 %, et les prévisions les plus pessimistes étaient encore moins favorables. Ce regain a été principalement impulsé par un rebond notable en juin, où l’activité économique a grimpé de 0,5 %. Ce rebond a été particulièrement bienvenu après que le mois de mai ait été marqué par un jour férié lié au couronnement de Charles III, lequel a eu un impact économique négatif.

Plusieurs facteurs ont contribué à cette embellie. Les dépenses des ménages ont augmenté de 0,7 %, tandis que l’investissement des entreprises a progressé de 3,4 %. De plus, les dépenses publiques ont connu une hausse significative. Toutefois, ces signes encourageants ne doivent pas occulter la réalité économique du Royaume-Uni.

Défis persistants et retard économique

Malgré cette reprise, le Royaume-Uni reste à la traîne parmi les pays du G7 pour retrouver son niveau d’activité d’avant la pandémie. Au deuxième trimestre, le PIB demeurait en effet 0,2 % en dessous de son niveau de 2019. De plus, l’inflation, bien que régressant, le fait plus lentement que dans d’autres pays. Les prix ont augmenté de 7,3 % sur un an en juin, après une hausse de 7,9 % en mai. Cette inflation pèse sur les ménages, particulièrement dans un pays où la plupart des prêts sont à taux variable. La richesse des ménages par rapport au PIB a chuté de près d’un quart depuis 2019, marquant la plus grande baisse depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le pessimisme persiste également parmi les entreprises britanniques, comme en témoignent les enquêtes PMI. Cette situation laisse les observateurs inquiets pour l’avenir économique du Royaume-Uni.

Les enjeux politiques et économiques

Sur le plan politique, le Premier ministre Rishi Sunak est confronté à une pression croissante pour redresser l’économie britannique avant les élections générales prévues dans environ un an et demi. Actuellement, les travaillistes devancent les conservateurs dans les sondages. Sunak a promis de réduire l’inflation de moitié cette année, une tâche qui semble réalisable à condition que les récentes turbulences sur le marché du gaz ne viennent pas perturber cette ambition.

La publication prochaine des chiffres de l’emploi au Royaume-Uni pourrait apporter un soulagement en montrant une augmentation des salaires, mais cela compliquerait les efforts de la Banque d’Angleterre pour ramener l’inflation à 2 %. Le défi est de taille, et le temps presse pour Sunak afin d’inverser la tendance politique et économique du Royaume-Uni.

Hamid CHRIET, Correspondant (France/Royaume Uni)