Société

Des bâtiments scolaires menacés d’effondrement: une nouvelle tuile pour le Premier ministre Rishi Sunak 

Plusieurs bâtiments scolaires au Royaume-Uni sont menacés d'effondrement à cause d'un béton défectueux utilisé pour leur construction. Le Premier ministre est sur la sellette. AFP

Plus de 150 écoles en Angleterre ont été identifiées comme ayant été construites avec une sorte de béton aéré potentiellement dangereux et plusieurs d’entre elles ont condamné des bâtiments ou des salles de classe pour plus de sécurité. En cause, un béton défectueux utilisé pour leur construction depuis les années 1950. Une poutre s’est effondrée cet été rappelant un accident similaire il y a cinq ans. En cette rentrée des classes, les parents d’élèves sont inquiets en découvrant l’ampleur de la menace. Une liste officielle publiée par le ministère de l’Éducation britannique a révélé que 19 écoles londoniennes contiennent du béton potentiellement dangereux. Le Gouvernement a annoncé qu’il publierait une liste mise à jour des nouveaux cas confirmés dans les deux prochaines semaines. Les écoles concernées ont été informées qu’elles pourraient passer à l’apprentissage en ligne ou enseigner aux élèves dans des bâtiments publics à proximité. Des milliers d’élèves sont désormais confrontés à un retour aux cours en ligne comme à l’époque de la pandémie du Covid-19. Les ministres admettent qu’ils ne savent pas le nombre d’établissements qui seront obligés de fermer complètement leurs portes. Plusieurs parents ne savent toujours pas si leurs enfants pourront retourner en classe au début du nouveau trimestre.

Le RAAC mis en cause 

Le RAAC (reinforced autoclaved aerated concrete) est une alternative plus légère, moins chère et moins durable au béton utilisé entre les années 1950 et 1990. Il était principalement utilisé pour les toitures plates, mais aussi pour les sols et les murs. Le Health and Safety Executive affirme que le matériau a désormais dépassé sa durée de vie et risque de s’effondrer à tout moment. En effet, au bout d’une trentaine d’années, le RAAC a tendance à s’effriter.

Le gouvernement a finalement publié une liste d’écoles identifiées comme présentant du béton sujet à l’effondrement après des jours de pression croissante. Le document, publié par le ministère de l’Éducation, montre que la rentrée scolaire a dû être retardée dans 19 écoles accueillant 11 150 élèves à cause du béton cellulaire armé autoclavé (RAAC).

Quatre écoles comptant 2 938 élèves ont également dû revenir à l’apprentissage à distance faisant ainsi écho à l’apprentissage pendant la pandémie du Covid-19 pendant que d’autres ont opté pour un mélange d’apprentissage à distance et en présentiel.

Anticiper pour garantir la sécurité des enfants

La liste est arrivée juste avant les questions au Premier ministre au Parlement. Rishi Sunak a déclaré à la Chambre des Communes que le gouvernement avait « agi de manière décisive pour assurer la sécurité des enfants et minimiser les perturbations de l’éducation ». Mais le leader travailliste, Sir Keir Starmer, a accusé les conservateurs d’avoir passé 13 ans à sous investir dans les infrastuctures scolaires et a comparé les ministres à des « bâtisseurs-cowboys ».

La porte-parole des libéraux-démocrates en matière d’éducation, Munira Wilson, a également appelé M. Sunak à « faire la lumière sur son propre rôle dans cette crise » et à publier les preuves qui lui ont été fournies, lorsqu’il était chancelier, sur les risques pour la sécurité des enfants accueillis dans des établissements construits avec du RAAC.

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L’affaire des bâtiments scolaires menacés d’effondrement va accentuer l’impopularité du Premier ministre Rishi Sunak (ici sur un chantier). (Photo par PETER CZIBORRA / POOL / AFP)

Crise sans précédente 

La crise du RAAC a dominé la rentrée parlementaire alors que les députés revenaient de leurs vacances d’été. La nécessité pour certaines écoles de fermer ou d’enseigner à distance n’a été révélée que le 31 août, quelques jours seulement avant que de nombreux élèves ne commencent la nouvelle année.

La secrétaire à l’Éducation, Gillian Keegan, a également été critiquée cette semaine pour avoir demandé aux chefs d’établissement de « se décrocher » et de remplir des formulaires indiquant si leurs bâtiments étaient affectés.

C’était la dernière mésaventure du ministre d’État qui a été filmé lundi 4 septembre en train de déplorer le manque de remerciements pour avoir fait un « putain de bon travail » alors que d’autres personnes sont « assis sur leurs fesses ».

La perspective de semaines de perturbations, voire du retour des cours en ligne, inquiète des centaines de parents d’élèves après les mesures imposes pendant le Covid-19. La situation risque de rendre Rishi Sunak encore plus impopulaire. Cet automne, il espérait remettre son gouvernement en ordre de marche en vue des élections législatives prévues en 2024. Mais le parti travailliste est en avance d’environ 20 points dans les sondages et exploite un sentiment de plus en plus répandu dans l’opinion selon lequel « le Royaume-Uni est brisé ».

Alexander Seale (à Londres)