Société

Royaume-Uni : chasse à l’homme après l’évasion d’un prisonnier londonien accusé de terrorisme


Depuis mercredi matin, 6 septembre à 7h50, le Royaume-Uni est en émoi après l’évasion d’un jeune prisonnier londonien suspecté de terrorisme. Les frontières sont sous haute surveillance et un mandat d’arrêt international a été émis. Vingt-quatre heures après, de nombreuses questions se posent sur l’état du système carcéral britannique, alors que le suspect est toujours en fuite. L’évadé est un ancien soldat de l’armée britannique. Il se serait échappé de la prison de Wandsworth en se déguisant en chef cuisinier.

Le fugitif, Daniel Abed Khalife, âgé de 21 ans, était en détention préventive en attendant son jugement prévu pour le 13 novembre prochain. Le jeune homme avait été arrêté, en début d’année, après avoir fait l’objet d’une enquête par le parquet antiterroriste britannique. L’intéressé, qui s’était engagé dans l’armée en 2019, avait en effet été accusé d’avoir posé une fausse bombe dans la base militaire où il travaillait. L’enquête a aussi établi qu’il aurait transmis des informations à un pays ennemi, l’Iran. Il était incarcéré à la prison de Wandsworth depuis son arrestation. Il a toujours nié toutes les accusations portées contre lui.

Chronologie des faits

Mercredi, peu après 7h30, la prison de Wandsworth, dans le sud de Londres, a été mise en état de siège après avoir signalé la disparition d’un de leurs prisonniers. Le jeune homme, qui travaillait dans les cuisines, se serait échappé en s’attachant en dessous d’un camion de marchandises qui venait ravitailler la prison. Il est en fuite depuis lors et n’a pas été aperçu.

Même si les enquêteurs pensent que le suspect restera dans la région de Londres, les contrôles aux frontières ont été renforcés car il est susceptible de vouloir quitter le pays. Les contrôles supplémentaires ont engendré de nombreux retards et encombrements, notamment au port de Douvres, qui a vu une partie de l’autoroute qui mène au port entièrement clôturée.

Vous commettez un crime en aidant cette personne, et si vous l’avez aidée, je vous retrouverai aussi.

Scotland Yard n’exclut pas que la fuite du prisonnier ait été planifiée et qu’il ait été aidé. Dominic Murphy, le directeur de la police londonienne, a envoyé un message aux personnes potentiellement complices de l’évasion de Khalife : « Vous commettez un crime en aidant cette personne, et si vous l’avez aidée, je vous retrouverai aussi ». Le commandant Murphy ajoute que le prisonnier est particulièrement « dangereux et ingénieux », étant donné qu’il est un ancien militaire.

AFP

Le fugitif, Daniel Abed Khalife, âgé de 21 ans, était en détention préventive en attendant son jugement prévu pour le 13 novembre prochain. (Photo par Metropolitan Police / AFP).

Des manquements dans le système carcéral ?

Le ministre de la Justice, Alex Chalk, s’est adressé au Parlement ce jeudi matin, 8 septembre, en affirmant que Khalife sera traqué jusqu’à ce qu’il soit retrouvé. Il a aussi demandé qu’une enquête indépendante soit menée pour déterminer les manquements qui ont engendré cette situation. « Cette enquête devra déterminer qui était en poste, dans quelles capacités, quels protocoles étaient en place et s’ils ont été respectés », a-t-il précisé devant le Parlement.

Cette enquête devra déterminer qui était en poste, dans quelles capacités, quels protocoles étaient en place et s’ils ont été respectés.

Cependant, des pistes sont déjà avancées par les syndicats du personnel pénitencier, ils évoquent un manque de personnel critique dû aux coupes budgétaires depuis plusieurs années. La députée travailliste de la circonscription dans laquelle se trouve la prison, Dr. Rosena Allin-Khan, qui s’est exprimée sur les ondes de la BBC, a expliqué avoir alerté à plusieurs reprises le gouvernement sur l’état critique des prisons, qui sont surpeuplées et manquent cruellement de personnel. « En décembre dernier, il y avait 7 membres du personnel de nuit pour surveiller 1.500 prisonniers », note-elle. Elle invite le gouvernement à agir au plus vite.

Plusieurs questions se posent aussi sur le triage effectué lors des emprisonnements, notamment pour les cas de terrorisme. En effet, Khalife, qui était considéré comme dangereux et pour qui le juge avait refusé une libération sous caution, a été incarcéré dans un centre pénitencier de catégorie B, c’est-à-dire un centre pour petites peines à sécurité minimale. Beaucoup de réponses sont donc attendues dans les prochains jours, alors que le pays reste en éveil jusqu’à ce que le fugitif soit rattrapé.

Léna Job (à Londres)


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