ELECTION PRESIDENTEILLE A MADAGASCAR

Élection présidentielle à Madagascar : Andry Rajoelina officiellement candidat à sa succession

Candidat à sa réélection, le président sortant Andry Rajoelina a déroulé son bilan devant une assemblée fournie au Palais des Sports et de la Culture. Crédit: D.R.

« Vous êtes prêts, je suis prêt ! » La prochaine élection présidentielle à Madagascar aura lieu les 9 novembre et 20 décembre prochains. Dans la foulée du congrès du TGV, le parti présidentiel, et quelques jours après la fin des Jeux des Iles de l’Océan indien, l’actuel Président Andry Rajoelina, qui est à la tête du pays depuis 2019, a annoncé au Palais des Sports et de la Culture à Tananarive, sa candidature à une réélection : « Le chemin est déjà écrit. C’est ici que nous allons marquer un nouveau départ ! ». La polémique sur sa double nationalité franco-malgache semble être déjà un lointain souvenir. La lutte contre la pauvreté et pour garantir la sécurité alimentaire demeurent un défi à relever. Sans oublier la création d’emplois, l’accès à l’eau potable pour tous, le développement de l’enseignement supérieur, le désenclavement de régions entières du pays, lutte contre la corruption et le soutien au développement durable. La grande île peut compter sur ses atouts que sont d’importantes ressources en matière d’agriculture, de tourisme et de minerais.

S’adressant tout particulièrement aux jeunes, il a rappelé, dans le même temps, le succès récent des Jeux des Iles, où Madagascar a décroché cette année le nombre record de 121 médailles d’or ! Un signe avant-coureur d’une prochaine victoire ? Un objectif en tout cas pour convaincre tous les Malgaches de le suivre lors du prochain scrutin : poursuivre pour les quatre prochaines années les grands chantiers entrepris lors de son premier mandat et qui commencent à porter leurs fruits.

Lutte contre la pauvreté et pour la sécurité alimentaire

Devant un palais des Congrès exalté, Andry Rajoelina était à l’heure du bilan. Un bilan dont la lutte contre l’extrême pauvreté et pour la sécurité alimentaire ont constitué la priorité numéro un pendant ce mandat. Face à un public varié et motivé, le Président sortant a dit être prêt à poursuivre le développement de l’île. Pourtant, il a dû, avec son gouvernement, mener de front nombre de combats face au flot de difficultés profondes que traverse l’île depuis des décennies et qui ont, souvent, été laissés en l’état. Le Président sortant soutient avoir restauré la présence de l’État en destination de la population qui en a tant besoin : parmi les réalisations, 4200 salles de classe construites en 4 ans, 9 universités, 10 nouveaux tribunaux, 28 hôpitaux.

On compte encore un taux de 81% de pauvreté sur l’île, mais le pays partait de très loin.

Certes, on compte encore un taux de 81% de pauvreté sur l’île, mais le pays partait de très loin. Disposant de ressources impressionnantes en matière d’agriculture, de tourisme et de minerais, la Grande île se tourne désormais vers l’avenir pour les faire fructifier et en faire bénéficier les Malgaches. Les enjeux sont nombreux, en matière d’alphabétisation, de soins de santé de proximité, de diversification de l’économie, de sécurité, d’électrification, d’accès à l’eau potable pour tous, de développement de l’enseignement supérieur, de désenclavement de régions entières du pays, d’aide à l’entrepreneuriat, de lutte contre la corruption, et de soutien au développement durable.

Les Malgaches se sont déplacés nombreux pour assister au congrés du TGV, le parti du président sortant.

Une population de 29 millions d’habitants

Pendant longtemps, avec ses 29 millions d’habitants, l’île a dû faire face aux mêmes défis que le monde africain et le continent indien. Ainsi, le combat pour la sécurité alimentaire est devenu une urgence absolue depuis des années, dans un contexte mondial instable de réchauffement climatique, de surpopulation et de guerre.

Face aux catastrophes naturelles, aux conséquences de la pandémie, à la crise économique mondiale, à la guerre en Ukraine et l’inflation en découlant, la Banque mondiale avait été sollicitée par Andry Rajoelina afin de mettre en place le « Plan Emergence Madagascar ». Madagascar veut ainsi à se hisser au niveau des pays émergents et rattraper au plus vite son retard de développement accumulé depuis des décennies ; notamment en insistant sur la création d’emplois, le soutien aux mères et enfants, les hôpitaux, la vaccination.

Taux de croissance de 4%

Malgré l’actualité, le pays connaît un taux de croissance de 4%, preuve qu’il résiste plutôt bien aux multiples crises traversées. Sous le mandat de Rajoelina, le Fonds monétaire international (FMI) s’est investi afin d’apporter son soutien à Madagascar pour la mise en place d’infrastructures sociales et routières, le développement des énergies renouvelables, l’accès à l’eau potable et la lutte contre la malnutrition.

Face à l’importance de l’enjeu, la polémique sur la double nationalité du Président malgache semble s’essouffler.

Madagascar veut aussi assurer son autosubsistance, puis devenir le grenier de l’océan indien et fournir la région en produits agricoles. Il faut des infrastructures pour cela. Une des grandes fiertés récentes de Madagascar, c’est le fameux package « titre vert », qui cherche à créer un climat favorable aux investissements privés dans le secteur agricole. 38 millions d’hectares de terres arables sur l’île : c’est cette véritable manne agricole qui devrait notamment sortir durablement les habitants malgaches de la pauvreté.

Face à l’importance de l’enjeu, la polémique sur la double nationalité du Président malgache semble s’essouffler. Le dossier ne devrait pas l’empêcher de se présenter à deux mois du scrutin : en effet, rien ne semble indiquer dans la Constitution l’incompatibilité d’être Président, et français et malgache. La cour Constitutionnelle s’est dernièrement s’est déclarée incompétente pour en juger. Certains disaient même qu’il avait été convoqué au tribunal d’instance d’Antananarivo, ce que la justice a dernièrement démenti elle-même.

Sébastien Boussois (à Tananarive)