ESPIONNAGE

Londres : un espion britannique présumé travaillant pour la Chine arrêté

La police britannique a arrêté un espion présumé au service de la Chine. BELGA

Un assistant parlementaire britannique a été arrêté parce qu’il est soupçonné d’espionnage au profit de la Chine dans le cadre de ce qui serait l’une des atteintes à la sécurité les plus dommageables à Westminster impliquant un État hostile. Le suspect, âgé d’une vingtaine d’années, est lié à un certain nombre de hauts députés conservateurs, dont plusieurs qui sont au courant d’informations classifiées ou très sensibles. Parmi eux figurent le ministre de la Sécurité, Tom Tugendhat, et la présidente de la commission des affaires étrangères, Alicia Kearns.

D’après nos confrères du Sunday Times a rapporté que le Britannique soupçonné de collusion avec la Chine dispose d’un laissez-passer parlementaire et qu’il a des liens avec plusieurs députés conservateurs éminents. Il a vécu et travaillé auparavant en Chine. « Des agents de la police métropolitaine ont arrêté deux hommes le 13 mars, soupçonnés d’infractions à la section 1 de la loi sur les secrets officiels de 1911. Un homme d’une trentaine d’années a été arrêté à une adresse dans l’Oxfordshire et un homme d’une vingtaine d’années a été arrêté à une adresse à Édimbourg. Des perquisitions ont également été effectuées dans les deux propriétés résidentielles ainsi qu’à une troisième adresse dans l’est de Londres. Les deux hommes ont été emmenés dans un commissariat du sud de Londres et ont été libérés sous caution par la police jusqu’à début octobre », a expliqué la plice londonienne (Scotland Yard).

Contact avec le ministre de la Sécurité

La présidente de la commission des affaires étrangères, Alicai Kearns a dit être « au courant » du rapport mais, s’st refuse à tout commentaire. Une source gouvernementale a indiqué que la violation était une « escalade majeure de la part de la Chine », ajoutant « nous n’avons jamais vu quelque chose de tel auparavant ».

L’assistant parlementaire a travaillé avec des députés sur la politique international. Le ministre de la Sécurité, Tom Tugendhat, aurait eu des contacts limités avec l’assistant parlementaire, mais aurait rompu tout contact avec lui lorsqu’il s’était présenté à la tête du Parti conservateur. Il n’a pas été en contact avec le jeune home de 20 ans lorsqu’il est devenu ministre de la Sécurité.

La Metropolitan Police service de Londres (Met) a précisé que « l’enquête est menée par des officiers du commandement antiterroriste du Met, qui est responsable des enquêtes relatives aux violations de la loi sur les secrets officiels et aux infractions liées à l’espionnage. Les enquêtes se poursuivent ».

Luke de Pulford, de l’Alliance interparlementaire sur la Chine (IPAC), a déclaré au Times qu’il n’était « pas surprenant » que l’assistant parlementaire « s’en prenne à Tom », car il « attaquait la Chine depuis des années ». Avant d’ajouter : « Au sein de l’IPAC, nous soupçonnons depuis longtemps que quelque chose n’allait vraiment pas parce qu’il y avait des efforts constants de la part d’un assistant hostile pour diffamer les députés de l’IPAC et les qualifier d’extrêmistes sur la politique chinoise. Maintenant, tout prend tout son sens ».

Faut-il avoir peur de la Chine ? 

L’ancien conseiller adjoint du gouvernement à la sécurité nationale, Paddy McGuinness, a déclaré que le masque était « véritablement tombé » sur les actions de la Chine, ajoutant que Pékin avait un « mépris viscéral pour notre démocratie et notre souveraineté ».

L’approche de la Chine a été décrite comme « le recrutement présumé de personnel britannique pour rendre compte et éventuellement façonner le travail des partis politiques ». En juillet, un organisme de surveillance a révélé que les espions chinois ciblaient le Royaume-Uni de manière « prolifique et aggressive », Pékin parvenant à pénétrer  « tous les secteurs de l’économie ». Ce tableau alarmant a été présentédans un rapport très attendu de l’organisme de surveillance du renseignement du Parlement.Cela soulève des inquiétudes quant à l’influence chinoise dans les universités britanniques et à la volonté du pays de devenir un  « acteur permanent et important dans l’industrie de l’énergie nucléaire civile ».

L’Intelligence and Security Committee (ISC) critique également la réponse du gouvernement britannique, remettant en question le compromis entre intérêt économique et préoccupations de sécurité.Le rapport de 207 pages indique que le Royaume-Uni présente « un intérêt significatif pour la Chine en matière d’espionnage et d’ingérence », plaçant le pays « juste en dessous des cibles prioritaires de la Chine ».

Alexander Seale (à Londres)