REVELATIONS DANS L'ENQUETE SUR L'ASSASSINAT D'UN JOURNALISTE CAMEROUNAIS

Assassinat du journaliste camerounais Zogo : que cache la détention du patron des renseignements détenu sans preuves depuis 9 mois ?

Le président camerounais Paul Biya arrive à l'Elysée à Paris, avant un sommet pour la paix et la sécurité en Afrique. Il dirige le Cameroun d’une main de fer depuis plus de 40 ans. AFP

Invité le 31 janvier 2023 pour apporter son concours à l’enquête sur l’assassinat du journaliste camerounais Martinez Zogo, le commissaire divisionnaire, Maxime Eko Eko est en détention provisoire. Il est incarcéré depuis le 3 mars à la prison principale de Yaoundé. Il est le patron de la puissante Direction générale de la recherche extérieure (DGRE). Le directeur des opérations de l’agence camerounaise des renseignements, le lieutenant-colonel Justin Danwé, a avoué être l'auteur de l'enlèvement du jopurnaliste (et de son assassinat ?), mais il soutient avoir informé le directeur général de la DGRE son funeste projet, alors qu'il avait disculpé dans une première audition. Par ailleurs, une commission mixte d’enquête, composée d’officiers supérieurs de la gendarmerie et de la police, a également lavé le commissaire divisionnaire de tout soupçon. « Quant au nommé Eko Eko Léopold Maxime, il y a lieu de soutenir, au vu des contradictions relevées au cours des différentes auditions et confrontations du lieutenant-colonel Danwé Justin, que celui-ci n’a ni été au courant, ni commandé une opération à l’endroit du journaliste Martinez Zogo. Il a été établi que ses rencontres physiques avec le lieutenant-colonel Danwe Justin datent de plusieurs mois avant cette opération », lit-on dans les conclusions de la commission d’enquête. Les avocats de Maxime Eko Eko ont fait plusieurs demandes de mise en liberté, mais sans succès jusqu’à présent. Après une nouvelle plaidoirie qui s’est déroulée le 12 octobre, une nouvelle décision est attendue ce jeudi 26 octobre.

L’assassinat d’un journaliste est toujours une dure épreuve pour la profession et un coup porté à la liberté d’expression. Mais la pièce qui se joue actuellement au Cameroun suite à l’assassinat du journaliste d’investigation Martinez Zogo (50 ans) interpelle. En effet, les éléments du dossier d’enquête et les auditions recueillis jusqu’à présent commencent à éclairer la lanterne des enquêteurs sur le montage de l’opération. Celle-ci a mené à l’enlèvement du journaliste, le 17 janvier 2023, devant un camp de gendarmerie de la banlieue de Yaoundé. Son corps sans vie a été retrouvé cinq jours plus tard portant des traces de torture.

Les éléments du dossier semblent indiquer que le diplômé de l’école nationale supérieure de police de Yaoundé et de celle de Saint-Cyr en France n’a rien à voir dans l'assassinant du journaliste Zogo.

Attiré par ruse dans un guet-apens

Martinez Zogo était le directeur général d’Amplitude FM, une radio privée, sur laquelle il animait une émission quotidienne (Embouteillage) dans laquelle il dénonçait régulièrement la corruption dans ce pays d’Afrique centrale dirigé d’une main de fer, depuis plus de 40 ans, par le président Paul Biya. Face à l’émoi suscité par le meurtre du journaliste, des arrestations ont été opérées. C’est dans le cadre des investigations que Maxime Eko Eko, directeur général de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) a été arrêté. Commissaire divisionnaire, nommé en août 2010, il avait été invité, le 31 janvier 2023, à une réunion par le ministre de la Défense pour apporter sa contribution à l’enquête en cours afin d’identifier les auteurs du crime.

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