PPP va contester le maintien provisoire de la concession de presse pour 6 mois à bpost
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Journaliste – Rédacteur en chef.
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La société belge, PPP, retenue par l’administration pour obtenir le contrat de distribution des journaux, mais qui s’en voit priver suite à la décision d’abandon du Gouvernement fédéral n’entend pas baisser les bras. Elle attend la notification officielle de la décision du gouvernement pour analyser les arguments justifiant l’abandon de la concession de presse. Mais elle compte diligenter une action en justice pour contester le maintien de la concession à bpost pour le premier semestre de 2024 ou pour demander des dommages et intérêts. Car, assure son CEO, Michel d’Alessandro, la préparation de l’offre a occupé 5 personnes à temps plein chez PPP pendant 9 mois et demandé le recours à des avocats spécialistes en marchés publics. D’après lui, le maintien de la concession à bpost pour une période transitoire était prévu dans le cas le contrat était attribué à un autre opérateur, ce qui n’est pas le cas avec la fin du système de concession. Il affirme que les éditeurs de presse sont aujourd’hui les grands perdants de la décision du gouvernement, car ils vont devoir payer plus cher pour la distribution des journaux en raison de l’abandon de la concession. Mais la société dit travailler à leur faire une offre « compétitive » pour la distribution des journaux dans les zones non-rurales pour laquelle ils n’auront pas de subsides. D’après lui, les autorités fédérales ont déplacé le problème après les élections, car « bpost va devoir se restructurer pour cette activité de distribution de journaux ».
Quelles que soient les actions que nous allons entreprendre, cela ne ramènera pas la concession, mais nous n’allons pas en rester là.
La société belge, PPP, retenue après analyse des offres par l’administration pour obtenir le contrat de distribution des journaux pour la période 2024-2028, mais qui s’en voit désormais priver suite à la décision du Gouvernement fédéral de mettre fin à la concession n’entend pas accepter cette décision sans rien faire. Son CEO, Michel d’Alessandro, l’a indiqué ce vendredi matin 15 décembre lors d’une visioconférence. « Quelles que soient les actions que nous allons entreprendre, cela ne ramènera pas la concession, mais nous n’allons pas en rester là », a-t-il martelé ce vendredi matin 15 décembre. Avec calme et détermination.
Des manœuvres politiques pour évincer PPP
Michel d’Alessandro attend la notification officielle de la décision de l’exécutif fédéral afin d’analyser les arguments mis en avant pour justifier la fin de la concession de presse, mais une chose est certaine, l’entreprise diligentera des actions en justice, non seulement pour contester le maintien de la concession de presse pour période transitoire de 6 mois (premier semestre 2024) avec un subside de 75 millions d’euros à la clé, mais aussi pour demander des dommages et intérêts.
La solution octroyant la concession de presse pour une période transitoire de 6 mois à bpost est illégale.
« Le maintien de la concession de presse à bpost était prévu dans le cas où elle était accordée à un autre opérateur. Donc la solution leur octroyant la concession pour une période transitoire de 6 mois est illégale. Par ailleurs, nous avons travaillé jour et nuit pour préparer une offre compétitive dans le cadre de la procédure et après la recommandation de l’administration, la première réaction chez nous était la joie, car c’était la récompense après tant d’effort. Mais après les manœuvres politiques ont commencé. Le gouvernement voulait la concession tant que l’argent allait à bpost. Nous ne sommes très contents de la décision. La préparation de l’offre a mobilisé 5 personnes à temps plein chez PPP durant 9 mois et nous avons fait appel à des avocats et à des experts notamment en marchés publics, tout ça a représenté un coût », observe Michel d’Alessandro.
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Bpost garde la concession de presse poue une période transitoire de 6 mois avec un subside de 75 millions d’euros à la clé. (BELGA PHOTO Yorick JANSENS)
Report du problème après les élections du 9 juin 2024
Le patron de PPP accuse les autorités belges d’avoir mis le problème sous le tapis en raison des élections fédérales et régionales du 9 juin 2024, car il ne fait aucun doute que la fin de la concession aura un impact pour bpost en termes d’emploi. Il estime donc que l’opérateur historique « va devoir se restructurer pour cette activité de distribution de journaux. Je suis très surpris d’entendre les commentaires des responsables politiques disant qu’ils ont sauvé l’emploi chez bpost. Ils ont juste déplacé le problème après les élections. Que se passera-t-il après la période transitoire de 6 mois pour bpost ? ».
Je suis très surpris d’entendre les commentaires des responsables politiques disant qu’ils ont sauvé l’emploi chez bpost. Ils ont juste déplacé le problème après les élections.
De son coté, PPP se projette déjà dans l’avenir et est déjà à pied d’œuvre pour être au rendez-vous dès le 1er juillet après la fin de la période transitoire, puisque ce seront les éditeurs de presse qui auront la main. « Nous travaillons déjà sur une offre alléchante et agressive pour montrer aux éditeurs que nous pouvons être leur partenaire privilégié même dans les zones non-rurales. Nous sommes en contacts avec nos clients pour les rassurer pour la période après le 1er juillet 2024 », poursuit Michel d’Alessandro. Le montant de cette offre se situera entre ce que les éditeurs paient actuellement et deux tiers du prix de la concession.
PPP prévoyait de prendre bpost comme sous-traitant
Pour rappel, PPP distribuent les journaux depuis une trentaine d’années dans les 19 communes de Bruxelles, dans la ville d’Anvers et une grande partie de la province d’Anvers. Elle le fait aussi à Gand depuis 3-4 ans et à Liège. Il est aussi présent en France et en Finlande. En Belgique, la société occupe 15 salariés et travaille avec 500 distributeurs (sous-traitants et des indépendants).
Pour rappel, en réponse à la fin de la concession, le Gouvernement fédéral a décidé d’aider les éditeurs de presse pour garantir la distribution des journaux dans les zones non-rurales. Il est question de leur accorder un crédit d’impôts pour la distribution de la presse dans les zones de moins de 225 habitants/km², soit dans les zones rurales. En dehors de celles-ci, les éditeurs devront supporter les charges de la distribution de journaux (https://lpost.be/2023/12/12/accord-sur-la-concession-de-presse-pour-les-syndicats-bpost-pourra-encore-eviter-le-bain-de-sang-social/).
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CEO de PPP, Michel d’Alessandro, estime que bpost n’aura pas d’autre choix que de restructurer, car son entreprise propose une offre compétitive aux éditeurs pour être leur partenaire privilégié pour la distribution des journaux dans les zones non-rurales. (BELGA PHOTO Virginie LEFOUR).
Nous permettions aux éditeurs de distribuer les journaux dans tout le pays à des prix très compétitifs. Nous avions proposé aussi de faire appel à bpost comme sous-traitant dans certaines zones.
Pour Michel d’Alessandro, la fin de la concession de presse ne fait que des perdants sur toute la ligne et les éditeurs de presse ceux qui perdent le plus. Et pourtant, il assure que PPP avait fait une offre « win-win » dans le cadre de la procédure. « Nous permettions aux éditeurs de distribuer les journaux dans tout le pays à des prix très compétitifs. Nous avions proposé aussi de faire appel à bpost comme sous-traitant dans certaines zones et de reprendre une partie du personnel de bpost aux mêmes conditions que ce qu’ils avaient chez bpost. C’est une offre win-win, mais le gouvernement a choisi une solution lose-lose. Nous sommes perdants aussi, mais les grands perdants sont les éditeurs de presse, même ceux qui nous critiquaient, parce que la solution choisie par le gouvernement va leur coûter plus cher. Il est très étonnant que le gouvernement ait choisi cette solution lose-lose », conclut Michel d’Alessandro. Il estime qu’en mettant fin à la concession de presse après une procédure de marché public, l’Etat envoie un mauvais signal aux entrepreneurs et à la population.