L'ECONOMIE COLLABORATIVE TAXEE AU ROYAUME-UNI

Le Royaume-Uni va taxer les profits générés sur les sites de seconde main

Les contribuables britanniques qui vendent des vêtements sur des sites d'économie collaborative comme Vinted seront désormais taxés au-delà d'un montant de 1.000 livres sterling par an. BELGA

Depuis le 1er janvier, le Royaume-Uni a annoncé que les revenus générés sur les sites de seconde main tels que Vinted, Ebay ou encore Depop seront désormais taxés. Cette décision intervient dans le cadre des recommandations faites par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour pallier l’évasion fiscale. Les utilisateurs britanniques de ces sites devront désormais déclarer tout revenu engendré par la vente de produits (vêtements, chaussures, meubles, etc.) de seconde main au-delà de 1000 £ par an. Au-delà de cette somme, les résidents fiscaux au Royaume-Uni devront aussi faire une déclaration fiscale de ces revenus. La nouvelle mesure a du mal à passer chez les contribuables britanniques qui accusent le gouvernement de s’en prendre aux petites gens et de ne pas lutter efficacement contre l’évasion fiscale des grandes entreprises, laquelle coûterait 9 milliards de livres sterling par an. Les plateformes ont jusqu’à janvier 2025 pour se conformer à la nouvelle législation. Quid en Belgique ?

Sous ce nouveau régime, les sites de vente de seconde main devront obligatoirement et régulièrement coopérer avec le HMRC, les fiscaux britanniques, pour transmettre les données des utilisateurs qui ont un revenu de leurs ventes supérieur à 1000 £. Seront aussi concernées les ventes d’objets faits main, la location de voiture avec chauffeur (Uber, etc.), les livraisons de nourriture et les locations de courte durée (Airbnb, etc.).

Taxez les millionnaires plutôt que les personnes qui ont du mal à boucler leurs fins de mois et qui sont obligées de vendre leurs affaires pour mettre un peu de beurre dans les épinards.

Avec l’émergence de sites de revente de seconde main ou de services, ces plateformes d’économie collaborative étaient devenues, pour de contribuables britanniques, une manière d’arrondir leurs fins de mois. Mais pour nombre d’entre eux, la pilule a du mal à passer. Ils accusent le gouvernement britannique de s’en prendre « aux petites gens », alors que l’évasion fiscale des grandes entreprises coûte en moyenne au Royaume-Uni 9 milliards de livres par an.

Taxer plutôt les millionnaires

Un internaute écrit sur X (ex-Twitter): « Taxez les millionnaires plutôt que les personnes qui ont du mal à boucler leurs fins de mois et qui sont obligées de vendre leurs affaires pour mettre un peu de beurre dans les épinards dans un contexte de crise du coût de la vie ». Un autre utilisateur ajoute : « HMRC se fout des évadés fiscaux, mais ils ont tous les pouvoirs quand il s’agit de s’en prendre aux gens normaux qui ont déjà payé une taxe sur l’objet qu’ils vendent avec la TVA ».

Enfin, un dernier utilisateur dénonce sur Instagram. « Dans un monde où il faut privilégier l’économie circulaire comme le font des plateformes comme Vinted, Rishi Sunak a bel et bien démontré qu’il n’en a rien à faire de l’environnement et qu’il préfère s’en prendre aux filles qui revendent leurs habits plutôt qu’aux millionnaires qui fraudent le fisc pour des millions », écrit-il.

Contribution plus équitable et lutter contre la fraude en amont

Le HMRC, le service fiscal britannique, explique que « ces nouvelles directives sont là pour que les contribuables puissent faire une déclaration correcte du premier coup. Elles sont aussi là pour nous permettre de détecter les cas de fraude en amont, permettant ainsi une contribution plus équitable des contribuables ».

Les plateformes concernées ont jusqu’à janvier 2025 pour se conformer. Adam Jay, responsable de la plateforme Vinted au Royaume-Uni, ne se dit pourtant pas très inquiet des conséquences de ces nouvelles directives. « Il n’y a seulement qu’un petit nombre de nos utilisateurs qui seront concernés par ce seuil. […] le cas échéant, nous préviendrons l’utilisateur concerné et il devra alors s’occuper de sa déclaration », commente-t-il.

Il n’y a seulement qu’un petit nombre de nos utilisateurs qui seront concernés par ce seuil.

Les responsables de plateformes de services telles qu’Airbnb ou Uber n’ont pas commenté ces nouvelles directives. Beaucoup d’experts financiers craignent un ralentissement du trafic sur ces plateformes qui participent tout de même fortement à l’économie. Les résultats seront donc à venir. Il n’est pas exclu que d’autres pays européens s’y mettent, puisque le Royaume-Uni s’est basé sur des recommandations de l’OCDE. Affaire à suivre donc.

En Belgique, les revenus tirés de ventes occasionnelles de produits sur les sites de seconde ne sont pas taxés, mais les contribuables sont tenus de les déclarer.

Léna Job (à Londres)