Opinion

Donald Trump 2024 : un retour vers le futur de plus en plus inéluctable


Ils étaient peu nombreux en 2020 à miser sur un retour en fanfare de l’ancien Président américain à la Maison Blanche. Peu nombreux parmi les dirigeants politiques, analystes, journalistes, à imaginer que quatre ans plus tard, Donald Trump puisse être à même de redevenir président de tous les Américains. Il faut dire que les évènements du 6 janvier 2020 et l’invasion du capitole, les multiples affaires qui lui collent aux basques, auraient pu/dû constituer une sérieuse entrave sur son parcours pour retrouver le chemin du pouvoir, et dégrader un tant soit peu sa côte de popularité. Mais il n’en est rien à ce jour.

Face à au Président sortant, le Démocrate Joe Biden fatigué, parfois incohérent, au bilan contrasté, le candidat à la primaire républicaine Donald Trump est bien en passe de se battre pour retrouver ce poste qu’il a eu tant de mal à quitter, continuant à vendre à ses supporters et au monde entier, que sa victoire de 2020 lui a été volée. Et bien décidé à mener à mal la démocratie américaine pour se venger de tous ceux qui lui ont mis des bâtons dans les roues ces dernières années.

Calme relatif sur la scène internationale 

Il est vrai que du temps du mandat de Donald Trump, un calme « relatif » régnait sur la planète et que l’arrivée de Joe Biden, son manque de leadership, d’incarnation, d’autorité, ont sûrement contribué à décomplexer certains va-t-en-guerre du nouveau monde global. Trump fait peur aux dirigeants autoritaires, c’est un atout.  Mais l’aveu de faiblesse des Etats-Unis constitue le moteur principal de la désinhibition du monde qui vient et qui monte contre l’Occident. De quel bilan le Secrétaire d’Etat, Anthony Blinken, peut-il se prévaloir ? La faiblesse de l’ancien Président Barack Obama en Syrie à l’époque comme le retrait raté des Etats-Unis sous Biden d’Afghanistan, ont fini d’entamer la crédibilité et l’image d’une Amérique toute puissante. Les leaders populistes se sont jetés dans l’arène. La réalité est qu’on ne veut plus faire avec les USA, mais qu’on peut difficilement faire sans eux en termes d’équilibre sur la planète.

Trump promet l’éternel retour d’une Amérique puissante pour servir de levier à cet Orient débridé qui part actuellement dans tous les sens. « MAGA » (acronyme de Make American Great Again), c’est un slogan pour le retour de la puissance américaine pour les Américains avant tout mais, sans prétention trumpienne, pour l’intérêt du monde entier. Trump n’aime pas les guerres, c’est mauvais pour le business. Trump est craint (donc respecté ?) avec ses attitudes erratiques, son imprévisibilité.

Il y a fort à parier que le président russe Vladimir Poutine n’aurait pas engagé sa guerre avec un Trump à la Maison Blanche. La planète prend feu et les Américains sous Biden semblent bien impuissants à contenir non seulement l’accélération de la désoccidentalisation du monde, mais également la montée en puissance du Sud Global, qui explose désormais sur la scène mondiale comme jamais.

Prolifération des conflits 

Ce qui nous inquiète en premier, c’est la prolifération des conflits depuis deux ans sur la planète. Une fois en place, Trump veut régler conflit après conflit en deux temps trois mouvements : que ce soit la question ukrainienne, celle de la Corée du Nord, celle de Gaza ou bien la question sensible de la Chine et de Taïwan.

Plutôt que d’attiser les tensions, le candidat républicain aime donner de sa personne et « dealer » en direct avec les dirigeants réfractaires : le Russe Vladimir Poutine, le Nord-Coréen Kim Jung Un, l’Israélien Benjamin Netanyahou, ou encore le Chinois Xi Jiping. On connaît la proximité de Trump avec le chef du Kremlin et l’on sait que l’ancien président a promis, s’il est réélu, de mettre fin à l’engagement américain au sein de l’OTAN. La mort instantanée de l’OTAN serait un cadeau béni pour Poutine, et une victoire, et mettrait probablement un terme à la guerre en Ukraine. Car le Président ukrainien Volodymyr Zelensky ou son candidat ne pourraient résister longtemps à ce changement de paradigme historique pour l’Occident, et le continent européen dans son ensemble.

Aucun des candidats républicains à ce stade n’a résisté au bulldozer trumpiste et ses soutiens. Ron de Santis, le Gouverneur de Floride, vient de se retirer et Nikki Haley, l’ancienne ambassadrice de Trump aux Nations-Unies est créditée d’un peu plus de 10% des voix. Il y a fort à parier qu’elle renoncera prochainement, ce qui ouvrira un boulevard pour l’ancien Président, prêt à en découdre comme jamais, face à un Joe Biden et au château démocrate plus branlant que jamais, et dont le bilan en matière de politique étrangère est à ce jour assez désastreux.

Sébastien Boussois
Docteur en sciences politiques, chercheur monde arabe et géopolitique, enseignant en relations internationales à l’IHECS, associé au  CNAM Paris (Equipe Sécurité Défense) et du Nordic Center For Conflict Transformation (NCCT Stockholm)


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