SITUATION ECONOMIQUE EN BERNE A LONDRES

Conjoncture : le Royaume-Uni est officiellement en récession, un mauvais point pour Rishi Sunak

Des étiquettes de prix sont visibles sur des étagères de vêtements dans un marché de la rue de Portobello Road, à l'ouest de Londres, le 16 février 2024. La Grande-Bretagne est en récession, ont montré jeudi des données officielles, portant un nouveau coup dur au Premier ministre en difficulté Rishi Sunak. AFP

Les chiffres du dernier trimestre de 2023 ont été publiés la semaine dernière par l’ONS (Office of National Statistics), et ils ne sont pas bons. Le Royaume-Uni bascule, pour la première fois depuis 2020, dans une nouvelle récession, avec une croissance économique entre octobre et décembre dans le négatif, à -0,3%. Cette chute avait été visible notamment par les commerçants pendant Noël, ils avaient engrangés   des revenus insatisfaisants. En effet, la consommation pendant les fêtes a atteint des niveaux historiquement bas qui n’avaient pas été vus depuis 2021, alors que le Royaume-Uni était encore sous le coup de mesures strictes contre la pandémie.

Ce n’était cependant pas une surprise, puisque le PIB britannique était déjà dans le négatif au troisième trimestre de 2023, entre juillet et septembre, avec une croissance de -0,1%.

Le ministre de l’Economie britannique, Jeremy Hunt, s’explique : « Nous nous attendions à une croissance moins importante pendant que nous priorisons de nous attaquer à l’inflation qui est très élevée en ce moment, due aux taux d’intérêts qui ont augmenté. Et il est important pour nous de nous attaquer à l’inflation en premier lieu, puisqu’il ne peut pas y avoir de croissance économique à long terme si ce problème n’est pas résolu. […] Cependant, si nous prenons du recul sur la situation, les chiffres démontrent que l’économie britannique est en fait plus résistante que ce qui avait été prédit. L’inflation est en train de se réduire et les salaires augmentent, et si nous continuons dans cette lancée, des prévisionnistes indépendants ont prévu une croissance positive d’ici le début de lété ».

La croissance économique devrait même dépasser celle de la France et de l’Allemagne cette année, à 0,7%, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, mais elle reste nettement en deçà de celle des Etats-Unis et de plusieurs autres économies avancées.

Les conséquences du Covid se font encore sentir

Même si le gouvernement britannique se veut toutefois rassurant, la chute du PIB est plus importante que prévu selon l’ONS (Office of National Statistics). L’Office a publié jeudi 15 février les données qui confirment que l’économie britannique est entrée en récession. Cependant, les économistes sont aussi rassurants, puisqu’il est fort probable que cette nouvelle récession ne s’inscrive pas dans la durée comme celle de 2007, par exemple.

Ce qui peut, entre autres, expliquer cette chute du PIB, c’est que la crise du Covid a laissé des traces sur la productivité des Britanniques. Le nombre d’arrêts maladies de longue durée ou le nombre de personnes qui ne peuvent pas travailler ou ne recherchent pas d’emplois a, en effet, lui aussi, atteint un niveau historique. D’après la directrice de l’ONS, Liz McKeown, ce sont tous les secteurs d’activité qui sont touchés. « Tous les principaux secteurs d’activité sont en berne lors des derniers mois de 2023. Le secteur de l’industrie, de la construction et de la vente sont les secteurs les plus touchés. Cependant, le secteur de l’hôtellerie et de l’automobile compensent un peu cette baisse d’activité », commente-t-elle.

Ce qui peut aussi expliquer qu’un secteur comme le bâtiment soit particulièrement touché, ce sont les conditions climatiques particulièrement mauvaises ces quatre derniers mois qui ont freiné nombre de projets.

Camouflet pour le parti conservateur

Si ce ralentissement de l’économie peut être donc expliqué par des facteurs extérieurs, pour l’opposition travailliste, il s’agit d’un camouflet pour le parti conservateur au pouvoir depuis 13 ans et qui avait fait de la croissance économique à tout prix l’un de leurs chevaux de bataille.

Rachel Reeves, la chancelière du parti travailliste, a déclaré que la promesse du Premier ministre Rishi  Sunak était « en lambeaux » après des années de stagnation économique sous les Conservateurs. « Il s’agit de la récession de Rishi Sunak, et la nouvelle sera profondément inquiétante pour les familles et les entreprises à travers la Grande-Bretagne », a-t-elle déclaré.

À l’aube d’une nouvelle élection générale, il s’agit donc d’une nouvelle difficulté pour Rishi Sunak qui aura donc échoué sur l’un des principes fondateurs du parti conservateur qui a toujours promis une économie en bonne santé.

Léna Job (à Londres)