LES CONSERVATEURS BRITANNIQUES AUX ABOIS

Royaume-Uni: Boris Johnson appelé à la rescousse du gouvernement de Rishi Sunak ?

De gauche vers la droite, le lader des Travaillistes, Keir Starmer, l'ancien Premier ministre, Boris Johnson, et l'actuel locataire du 10 Downing Street, Rishi Sunak. AFP

Boris Johnson, qui a été exfiltré du 10 Downing Street par son parti en 2022, devrait être « déployé » dans des sièges marginaux du mur rouge (red wall en anglais). Au Royaume-Uni, ce terme désigne les circonscriptions électorales des Midlands et du Nord de l’Angleterre historiquement favorables au parti travailliste. L’objectif des Conservateurs est de conserver une partie de la majorité qu’ils ont obtenue lors des élections de 2019. Il y a 5 ans, lors des élections générales, bon nombre de ces sièges parlementaires ont été remportés par le Parti conservateur, ce qui fait dire aux medias que le le mur rouge est « devenu bleu ». Boris Johnson et les assistants du Premier ministre, Rishi Sunak, ont eu des « discussions positives » sur la proposition d’un rôle à confier à l’ancien Premier ministre, rapporte le Times, même si cela ne signifie pas que son désaccord avec Rishi Sunak a été réglé. Il reste également « hautement improbable » que Boris Johnson tente de revenir en tant que député lors des prochaines élections après avoir démissionné l’année dernière.

Le Labour devant les Conservateurs 

Ces négociations interviennent au milieu d’avertissements selon lesquels les Conservateurs pourraient être battus lors des prochaines élections. En effet, un sondage d’il y a une semaine a révélé que le parti du Premier ministre, Rishi Sunak, ne gagnerait que 25 sièges après les prochaines élections. Les Conservateurs s’inquiètent particulièrement du démantèlement du soi-disant « mur rouge » dans le nord de l’Angleterre.

La décision de Lee Anderson, député conservateur d’Ashfield depuis 2019 et vice-président du Parti conservateur, de quitter les Tories pour rejoindre Reform UK (ex-parti pour le Brexit) pour se présenter comme député du parti à Ashfield a été considérée comme un signal d’alarme supplémentaire quant aux perspectives électorales des Conservateurs dans le nord. Il avait été mis sur le banc de touche par le Parti conservateur  le 24 février 2024, après avoir tenu des propos jugés islamophobes à l’encontre du Maire de Londres, Sadiq Khan

Le 6 janvier 2021, le Parti du Brexit devenait Reform UK. Le 6 mars suivant, Nigel Farage quitte sa tête pour se recentrer sur ses activités dans les médias. Richard Tice lui succeed comme president.  Il y a une semaine, ce dernier a déclaré à la radio LBC que son parti viserait à « détruire » les Conservateurs après les prochaines élections.

Boris Johnson prêt pour le combat ? 

Citant des sources proches, le Times a indiqué que l’ancien Premier ministre, Boris Johnson, souhaite « mener le combat contre [Keir] Starmer (leader des Travaillistes, ndlr)». L’ancien locataiire du 10 Downing Street a démissionné de son poste de député en 2023 après avoir été reconnu coupable de tromperie à l’égard du Parlement sur les fêtes organisées à son domicile pendant le Covid-19, en violation des règles de confinement imposées pour lutter contre la pandémie. Leader des Travailliste, Keir Starmer devrait devenir le prochain Premier ministre après des élections générales, d’après les sondages qui prédisent au Labour une victoire écrasante, mettant fin à 14 ans de règne des Conservateurs.

Une source gouvernementale britannique a déclaré que Sunak et Johnson, qui se sont brouillés en 2022, entretiennent désormais de bonnes relations. Mais elle ajouté : « Ne vous attendez pas à ce que Boris apparaisse sur scène avec Rishi – cela n’arrivera pas – mais il est prêt. La relation est plutôt bonne ». Un porte-parole de l’ancien Premier ministre a déclaré que la position de Boris Johnson « a toujours été de soutenir le Parti conservateur tout au long de sa vie politique et cela le restera ».

AFP

Ministre des Affaires étrangères et ancien Premier ministre, David Cameron, est aussi sollicité par Rishi Sunak pour l’aider dans la campagne. (Photo par Daniel LEAL / AFP)

David Cameron aussi sollicité

Le Premier ministre Rishi Sunak devrait également s’appuyer sur David Cameron, qui a été nommé ministre des Affaires étrangères lors d’un retour surprise en politique fin 2023, pour faire campagne lors des prochaines élections générales.

De son côté, Keir Starmer ne se tournera pas vers d’anciens Premiers ministres travaillistes tels que Tony Blair et Gordon Brown pour la campagne.

Il y a deux semaines, une lettre exigeant la démission de Rishi Sunak en tant que Premier ministre a été signée par plus de 5 000 partisans conservateurs en seulement 24 heures. Elle a été publiée dans le Conservateur Post, un bulletin d’informations destiné aux membres conservateurs de base. Depuis lundi 18 mars, selon des médias britanniques, 43 députés conservateurs ont envoyé des lettres au comité 1922 pour évincer le Premier ministre en place. Un vote de défiance pourrait avoir lieu la semaine prochaine.

Retour de Boris Johnson à la tête du Parti conservateur?

Les partisans de Boris Johnson comploteraient pour le réinstaller à la tête du parti conservateur.

Selon le Daily Telegraph, ils souhaitent qu’il devienne député de Henley, la circonscription qu’il a représentée entre 2001 et 2008. Il s’agirait d’une comme première étape pour redevenir le leader des Conservateurs.

AFP

Les partisans de Boris Johnson rêvent de son retour la direction du Parti conservateur. (Photo par Daniel LEAL / AFP).

Mais Caroline Newton, qui a récemment été choisie pour défendre le siège des Conservateurs (dans la circonscription), a semblé torpiller ce plan. Elle a assuré qu’elle ne céderait pas la place à l’ancien Premier ministre.

Lorsqu’on lui a demandé sur la radio LBC si elle pourrait se retirer pour céder la place à Boris Johnson, elle a répondu : « Je dirais absolument pas. Écoutez, l’idée qu’une femme se retire pour laisser un homme accepter un travail qui lui plaît est absurde. Et ce n’est certainement pas quelque chose que je vais faire ».

Avant de poursuivre: « Je représente les communautés ici en tant que candidate, en tant que conseillère, depuis une décennie. Je suis une militante ici qui fait du porte-à-porte depuis une décennie. Il ne fait absolument aucun doute dans mon esprit que je suis une très bonne candidate et que je suis la candidate qui mènera le parti aux prochaines élections ici.Donc non, s’il venait me voir avec ça, la réponse serait, merci pour cette pensée, mais non merci ».

Alexander Seale (à Londres)