LE SENEGAL FAIT SON CHOIX PRESIDENTIEL

C’est parti pour le scrutin présidentiel au Sénégal ce dimanche 24 mars

Une femme récupère les bulletins de vote avant d’aller à voter dans un bureau de vote d'une école du centre-ville de Dakar le 24 mars 2024 pour l’élection présidentielle sénégalaise. AFP

Vendredi 22 mars a pris fin la campagne pour l’élection présidentielle prévue ce dimanche 24 mars au Sénégal. Durant les douze derniers jours, les différents candidats ont sillonné nt tout le pays pour aller à la quête de l’électorat. Dès leur libération, le jeudi 14 mars, le candidat Bassirou Diomaye Faye et le président de son parti, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) Ousmane Sonko n’ont pas perdu de temps et se sont directement (re)lancés dans la campagne à l’intérieur du pays. Ecarté de la course à la présidentielle par la Cour constitutionnelle, Ousmane Sonko a dû céder la place à son bras droit, Bassirou Diomaye Faye. Les thèmes qui sont les plus souvent revenus durant cette campagne concernent la réforme du système judiciaire, la transparence dans la gestion des deniers publiques, la justice et l’équité sociale. Le départ de jeunes Sénégalais qui qui quittent clandestinement pour rejoindre l’Europe à la recherche d’un avenir meilleur a aussi été évoqué durant la campagne. Les bureaux de vote ont ouvert depuis quelques heures. Plus de 7 millions de Sénégalais sont appelés aux urnes pour élire le 5ème Président de la République.

A l’exception de quelques scènes de violences notées à Nioro et Sibassor entre quelques partisans des coalitions de Bassirou Diomaye Faye, le candidat des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef)  et Amadou Ba, Premier ministre et candidat du parti présidentiel, l’Alliance pour la République, la campagne électorale a été dans l’ensemble calme partout au Sénégal. Mais des affrontements ont eu lieu dans la ville de Darou Mouhty.

Cette accalmie témoigne de la maturité politique des Sénégalais qui savent que la seule arme valable, c’est la carte d’électeur. A quelques exceptions près, les programmes des candidats présentent des similitudes. Les thèmes qui sont les plus souvent revenus durant cette campagne concernent la réforme du système judiciaire, la transparence dans la gestion des deniers publiques, la justice et l’équité sociale. La plupart des candidats sont unanimes sur la nécessité d’une rupture totale pour une indépendance économique et pour la renégociation des contrats pétroliers, gaziers et miniers.

Lutte contre l’émigration clandestine !

La question de l’émigration clandestine apparait aussi dans le discours de plusieurs candidats. En effet, depuis des décennies des milliers de jeunes prennent des pirogues pour partir en Europe à travers la mer. Depuis deux ans, le chemin des Etats-Unis, en passant par le Nicaragua, est aussi prisé par les jeunes Sénégalais sans espoir. Une fois arrivés au Nicaragua, ils paient des passeurs afin de regagner les Etats-Unis à pieds en traversant le Honduras, le Guatemala et le Mexique malgré tous les risques.

Les conséquences de cet exode des jeunes sont désastreuses : des milliers de morts chaque année. Cela appelle à une analyse critique et sans complaisance des différentes politiques de jeunesse et d’emploi au Sénégal depuis 1960. Plusieurs agences furent créées et des milliards de francs CFA y ont été consacrés,  mais sans des résultats probants. Il sera question ainsi pour le futur nouveau régime qui sera mis en place d’auditer ces politiques comme toutes les autres d’ailleurs afin de régler au plus vite ce fléau de l’émigration clandestine liée au chômage excessif des jeunes.

Les autres thèmes traités durant cette campagne électorale sont la modernisation de l’agriculture, le développement industriel et le redressement du système éducatif.

Au total, 16 hommes et une femme sont candidats à la magistrature suprême dans le cadre d’un scrutin qui a connu de nombreux rebondissements.

Serigne Saliou Leye
Professeur d’histoire et géographie au Sénégal
Diplômé en Justices Transitionnelles (Université Catholique de Louvain/Université Libre de Bruxelles)