AFFAIRE STORMY DANIELS/DONALD TRUMP

Les partisans de Trump l’assurent : « Ce procès est une invention démocrate »

Les partisans de Donald Trump, estiment que le procés de l'ancien président, accusé d'avoir falsifié sa comptabilité pour masquer l'argent versé Stormy Daniels, est un coup monté. D.R.

Un procès historique s’est ouvert ce lundi 15 avril à Manhattan, dans la Big Apple. Pour la première fois dans l’histoire des Etats-Unis, un ancien président est jugé au pénal. Elément que le principal intéressé, Donald Trump, et ses partisans ne se privent pas d’utiliser pour étayer la thèse complotiste d’une grande manigance démocrate. Accusé d’avoir falsifié des documents comptables pour masquer le versement de 130 000 dollars à l’ancienne star de films X, Stormy Daniels, l’ancien locataire de la Maison Blanche encourt jusqu’à 4 ans de prison. Ses partisans sont mobilisés et plusieurs d’entre eux sont décidés à faire le pied de grue devant le palais de justice de Manhattan. Rencontre avec les Pro-Trump face aux détracteurs de l’ancien président. Les deux premiers jours de procès (les audiences étant suspendues les mercredis), ont permis au tribunal de Manhattan d’identifier sept des douze citoyens chargés de juger Donald Trump. Le processus de sélection pourrait durer une à deux semaines.

Chose étonnante, le caractère inédit du procès « Hush Money » constitue un élément essentiel de la rhétorique de Donald Trump visant à incriminer le camp Biden. « Cela n’était jamais arrivé auparavant », a déclaré l’ancien président des USA dès son arrivée au tribunal lundi matin, 15 avril. Ce qui, d’après lui est la preuve que « ce procès n’a aucun fondement juridique ». Un discours seriné à la lettre par ses partisans, contrairement au dossier lui-même.

Joe Biden  devrait laisser Donald Trump faire campagne, mais au lieu de cela il l’enferme dans ce tribunal.

Devant le tribunal de Manhattan, ils sont une cinquantaine à se réunir pour soutenir leur candidat. Certains d’entre eux ont l’intention de manifester tout au long de ces six à huit semaines de procès. D’autres resteront « le temps qu’il faudra ». Une immense bannière surplombe le petit groupe: « Trump 2024, Sauver l’Amérique ».

Mépris pour les journalistes

La couleur politique de Sofia ne fait aucun doute: chapeau U.S.A, écharpe U.S.A, sac-à-dos U.S.A. La new-yorkaise de soixante ans se dit exaspérée par la façon dont son pays est gouverné. « Je suis ici parce que je veux rendre à l’Amérique sa grandeur », répond-t-elle quand on lui demande la raison de sa présence. La partisane pro-Trump ne veut pas s’exprimer sur l’affaire elle-même : « ce n’est pas important », confie-t-elle. Ce qui l’est, en revanche, c’est la campagne. « Un candidat doit pouvoir faire campagne pour nous exposer son programme, ses idées. Joe Biden (président sortant, ndlr)  devrait laisser Donald Trump faire campagne, mais au lieu de cela il l’enferme dans ce tribunal », regrette l’Américaine qui ne cache pas son mépris pour les journalistes. Pourquoi pointer Joe Biden dans un procès qui concerne Donald Trump ? « Quand nous récupérerons notre pays, nous répondrons enfin à de vraies questions posées par de vrais journalistes! »

Les partisans de Trump le soutiennent quels que soient les éléments du dossier. D.R.

Assis sur un banc à quelques mètres de là, Steve se repose. Son costume est aux couleurs de l’Amérique, une écharpe tricotée à la main dévoile un slogan « Trump again 2024 ». « Ne faites pas semblant d’y croire. Ce tribunal Kangourou est ridicule ! C’est la première fois qu’un ancien président est jugé au pénal, ce n’est pas une preuve suffisante d’après vous ? Les démocrates ont tout manigancé pour que Trump ne puisse pas faire campagne. Le voilà enfermé pour une affaire qui, si vous l’étudiez bien, n’a en aucun fondement », martèle-t-il.

Face à face entre les deux camps

Devant les micros, l’étoile montante du mouvement MAGA (Make America Great Again) s’emploie, elle aussi, à discréditer la nature des poursuites. Âgée d’une trentaine d’années, Laura Loomer est venue de Floride pour l’occasion. Vêtue d’un t-shirt noir sur lequel on peut lire « Trump n’a rien fait de mal », elle déclare à qui veut l’entendre: « Ce procès est truqué. Le président Trump est victime d’une instrumentalisation de la justice. Nous vivons dans une république bananière ».

Les témoignages, les enregistrements, les preuves qui atterriront sur le bureau du juge « auront été créés de toutes pièces par le camp démocrate » nous assure-t-on.

Un autre groupe, plus discret, nous interpelle. « Nous ne sommes pas nombreux aujourd’hui, malheureusement, mais nous luttons fermement contre la politique de Trump », déclare une femme cachée derrière un immense drapeau « Trump Criminel ».  « Je viens du Maryland, et je resterai le temps qu’il faudra » assure-t-elle. A ses côtés, un homme croise les doigts. « J’espère que Donald Trump paiera pour ses crimes, qu’il sera reconnu coupable. Il est le pire président que j’ai vu en mes 66 ans de vie. C’est un homme délirant, narcissique et menteur », déplore Jim, venu du New Jersey. A leurs côtés, d’autres militants s’expriment en banderoles: « Personne n’est au-dessus des lois ».

Nous ne sommes pas nombreux aujourd’hui, malheureusement, mais nous luttons fermement contre la politique de Trump.

Les détracteurs de l'ancien président ne baissent pas les bras non plus et sont présents devant le tribunal de Manhattan. D.R.

Sept des 12 jurés sélectionnés

D’un bout à l’autre du parc, le contraste est saisissant. Une altercation éclate entre un trumpiste et un citoyen américain d’origine mexicaine. « Go back home », lance le partisan républicain à un citoyen d’origine mexicaine.

Ce qui se dit et se vit sur cette petite place est un théâtre fascinant et illustre à lui seul l’immense défi de ces premières journées de procès : la constitution d’un jury impartial.

12 jurés et 6 suppléants doivent être sélectionnés parmi plus de 500 personnes à l’issue d’un long processus qui mêle interrogatoires et éliminations. Ce jury devra, à l’issue du procès et à l’unanimité, se prononcer sur la culpabilité du candidat.

Dans une ville comme New-York, considérée comme la région la plus démocrate des Etats-Unis, trouver des profils impartiaux constitue un défi colossal.

Dans une ville comme New-York, considérée comme la région la plus démocrate des Etats-Unis (87% des voix pour Joe Biden en 2020), trouver des profils impartiaux constitue un défi colossal. Car outre le berceau démocrate que représente Manhattan, le comté est aussi celui de l’empire de Donald Trump. La terre de ses premiers accomplissements, ses premiers succès. Les membres du jury seront donc choisis pour leur neutralité, sur base d’un formulaire reprenant une quarantaine de questions: profession, affinités politiques, implication éventuelle dans les mouvements extrémistes ou complotistes, etc.

Sur les 96 premiers jurés potentiels interrogés, près de la moitié a estimé n’être pas suffisamment neutre dans cette affaire avant d’être congédiée, sous les yeux du juge Merchan, de Donald Trump et de ses avocats.

Ces deux premiers jours de procès (les audiences étant suspendues les mercredis) ont permis au tribunal de Manhattan d’identifier sept des douze citoyens chargés de juger Donald Trump. Le processus de sélection pourrait durer une à deux semaines.

Catarina Letor (à New-York)