Avec Xi Jinping, L’Europe confrontée à un dilemme face au géant chinois
Journaliste – Rédacteur en chef.
Arrivé la veille à l’aéroport d’Orly où il a été accueilli par le Premier ministre français, Gabriel Attal, le président chinois, Xi Jinping été reçu ce lundi 6 mai avec les honneurs par le Président de la République, Emmanuel Macron. Sa visite s’inscrit dans le cadre d’une tournée européenne qui l’amènera en Serbie et en Hongrie.
La visite du leader chinois intervient à un moment où la Chine est pointée du doigt par les Européens pour une série de différends. Il y a notamment des soupçons d’espionnage au Parlement européen en faveur de la Chine et les accusations de cyberattaques chinoises visant des députés belges (Les fédéraux Samuel Cogolati/Ecolo, Els Van Hof/CD&V et Georges Dallemagne/Les Engagés ainsi que les europarlementaires, Guy Verhofstadt/Open VLD et Hilde Vautmans/Open VLD). Il y a également les tensions commerciales, un dossier dans lequel l’Europe reproche à la Chine d’inonder notamment ses constructeurs de véhicules électriques leur permettant ainsi de proposer des voitures faisant une concurrence déloyale aux constructeurs européens.
Le président Xi Jinping envoie aussi un message aux USA en leur montrant que la Chine peut être une alliée fiable pour les Européens si le pays de l’Oncle Sam déserte le continent européen.
D’autres questions visent aussi le traitement réservé par le régime chinois à ses opposants, mais surtout celui imposé aux Ouighours et aux Tibétains. Sans oublier le dossier de Taiwan…
Quel est donc l’objectif de la tournée du président Xi Jinping en Europe ? Probablement pour convaincre les Européens que leurs accusations ne sont pas fondées, malgré les éléments de preuve. Mais sa présence vise aussi à faire comprendre aux dirigeants européens que la Chine ne se laissera pas faire et qu’en tant que deuxième puissance économique mondiale, elle a de quoi déstabiliser l’Europe. Sans compter sa puissance de feu sur le plan militaire et ses avancées technologiques.
Le président Xi Jinping envoie aussi un message aux USA en leur montrant que la Chine peut être une alliée fiable pour les Européens si le pays de l’Oncle Sam déserte le continent européen. La Chine a aussi un autre atout dans sa manche : sa relation privilégiée avec la Russie de Vladimir Poutine, aujourd’hui mise au ban par les Européens. Xi Jinping n’ignore pas non plus que l’Europe a du mal à parler d’une seule et même voix. Sa tournée qui se prolongera en Serbie et en Pologne n’est pas anodine à cet effet et est lourde de sens.
L’Europe se retrouve donc face à un dilemme et va devoir faire preuve de fermeté tout en essayant de ne pas trop mécontenter le géant chinois.
L’Europe se retrouve donc face à un dilemme et va devoir faire preuve de fermeté tout en essayant de ne pas trop mécontenter le géant chinois avec qui elle est obligée d’entretenir de bonnes relations commerciales. L’équation n’est pas simple, mais les dirigeants européens doivent se faire respecter et ne pas se laisser impressionner par tous ces éléments qui, à priori, semblent garantir à la Chine et à Xi Jinping une position de force. La tournée de ce dernier doit les inviter à travailler davantage sur ce qui les rapproche afin de présenter un front uni face à ce qui apparaît désormais comme la menace chinoise. A titre d’exemple, plutôt que de vouloir dissuader la Chine de ne plus soutenir ses entreprises à coup de yuan, l’Europe doit plutôt faire de même avec les entreprises européennes et à les aider non seulement à croître (il faut revoir les règles en matière d’aides d’Etat), mais aussi à les soutenir massivement en matière de Recherche et Développement. Il doit en être de même dans les autres secteurs.