L'IRAN ENTRE EN DEUIL APRES LA MORT DU PRESIDENT

Iran : tué dans un crash d’hélicoptère, la mort du président Ebrahim Raïssi, ne changera pas la nature du régime

Combinaison de photos publiées par la présidence iranienne le 20 mai 2024 montrant des sièges vides du défunt président iranien Ebrahim Raisi (à gauche) et du ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian lors d'une réunion du cabinet tenue à Téhéran. AFP

Plusieurs médias iraniens ont annoncé lundi matin, 20 mai, la mort du président irainien, Ebrahim Raïssi, et du ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, dans l’accident de leur hélicoptère survenu la veille dans le nord-ouest de l’Iran. Le Gouvernement iranien a affirmé que ce décès n’entraînerait aucune perturbation administrative. Une élection présidentielle se tiendra dans les 50 jours pour désigner le successeur d’Ebrahim Raïssi, présenté, à l’étranger, par les défenseurs des droits humains comme le « boucher de Téhéran ». Mais la mort de Raïssi ouvre une période d’incertitude politique dans un contexte de tensions régionales. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a désigné le premier vice-président, Mohammad Mokhber, comme président par intérim du pays. Les funérailles du président décédé débuteront ce mardi 21 mai à Tabriz, dans le nord-ouest du pays. Son décès ne changera pas fondamentalement la nature du régime des mollahs.

Un président « martyr » selon l’agence Irna

« Le grand esprit du président populaire et révolutionnaire d’Iran a rejoint le royaume suprême », a indiqué l’agence officielle, Irna, en saluant « le martyr » des victimes. De son côté, le Gouvernement iranien a assuré lundi dans un communiqué que le décès du président Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère n’allait pas entraîner « la moindre perturbation dans l’administration » du pays, tout en saluant « le président du peuple iranien, travailleur et infatigable », qui a « sacrifié sa vie pour la nation ». Les autorités ont décrété cinq jours de deuil en mémoire du président et des autres victimes.

Le gouvernement tiendra ce lundi une « réunion d’urgence », a indiqué l’Irna sans donner de détails sur l’horaire et la teneur des discussions. L’espoir de découvrir vivants le président de 63 ans, élu en 2021, et les huit autres passagers, avait progressivement diminué durant la nuit.

Les funérailles débutent ce mardi 21 mai

Parmi les victimes figuraient aussi le gouverneur de la province d’Azerbaïdjan oriental, le principal imam de la région, ainsi que le chef de la sécurité du président et trois membres d’équipage. L’hélicoptère a disparu dimanche en début d’après-midi, alors qu’il survolait une région escarpée et boisée dans des conditions météorologiques difficiles avec de la pluie et un épais brouillard. L’épave a été découverte à l’aube et les secours ont rapidement indiqué qu’il n’y avait « aucun signe montrant que les passagers de l’hélicoptère » étaient en vie, selon la télévision d’Etat. L’avancée des recherches a été suivie avec attention à l’international, notamment aux Etats-Unis, en Russie, en Chine et dans les pays voisins. Ce lundi matin, le Premier ministre indien, Narendra Modi, s’est dit « profondément attristé et choqué ». D’autres dirigeants, pays ou organisations ont présenté leurs condoléances : Vladimir Poutine (Russie), la France, l’Otan, etc. Les funérailles du président iranien débuteront ce mardi 21 mai à Tabriz, dans le nord-ouest du pays.

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Une femme tient un dessin représentant le président iranien Ebrahim Raïssi lors d’un rassemblement contre le régime iranien devant le Parlement européen à Strasbourg, dans l’est de la France, le 16 janvier 2023. (Photo par Frederick FLORIN / AFP)

L’annonce de la mort du président ouvre une période d’incertitude politique en Iran, un pays acteur majeur au Moyen-Orient, région secouée par la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas. Ebrahim Raïssi présidait la République islamique depuis le 3 août 2021. Ultraconservateur, le défunt président était le visage dur de la république islamique d’Iran. Il était surnommé le « bourreau » ou le « boucher de Téhéran ».

En effet, en tant que procureur, Ebrahim Raïssi avait supervisé l’exécution de centaines de prisonniers politique en 1988, d’après les associations de défense des droits humains. Ces dernières années, il était considéré comme le pilier du système des mollahs qui emprisonne, qui torture et qui tue les voix qui osent critiquer le régime. Il était placé sur la liste noire des USA des responsables iraniens sanctionnés pour « complicité de graves violations des droits humains ».

Les prochaines étapes politiques en Iran

La Constitution de la République islamique d’Iran prévoit qu’une élection doit se tenir dans les 50 jours « en cas de décès, de destitution, de démission, d’absence ou de maladie d’une durée supérieure à deux mois du président ». A quoi vont ressembler les prochaines semaines en Iran ?  En attendant des développements à venir, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a désigné le premier vice-président, Mohammad Mokhber, comme président par intérim du pays.

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Des membres de l’équipe de secours récupèrent le corps d’une victime sur le site du crash d’un hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raisi à Varzaghan, dans le nord-ouest de l’Iran, le 20 mai 2024. (Photo par AZIN HAGHIGHI / MOJ News Agency / AFP)

Le président par intérim, Mohammad Mokhber, 68 ans, a été nommé par Ebrahim Raïssi comme premier vice-président en août 2021, après la présidentielle. Il est né à Dezfoul dans la province du Khouzestan (sud-ouest), où il a occupé plusieurs postes officiels. Il a été aussi dirigeant d’entreprises et a présidé depuis 2007 la Fondation de l’ordre de l’Imam (Setad). Cette fondation a été établie à la fin des années 1980 afin de gérer les propriétés confisquées à la suite de la Révolution islamique de 1979. Elle est devenue au fil des années un important conglomérat économique d’Etat avec des parts dans les différents secteurs, y compris la santé.

H.C.