FLAMBEE DE VIOLENCE DANS L'ARCHIPEL CALEDONIEN

Nouvelle-Calédonie : que va décider le Président de la République, Emmanuel Macron ?

Les indépendantistes de la Nouvelle-Calédonie frappée par les émeutes ont refusé le 20 mai d'abandonner les barrages routiers qui ont paralysé une grande partie de l'archipel du Pacifique et a interrompu le trafic aérien commercial, défiant une opération de sécurité majeure des forces françaises. AFP

L’Etat français est passé à l’offensive pour tenter de mettre fin aux violences qui ont plongé le territoire du Pacifique sud dans la crise. Après six morts en six jours d’émeutes contre une réforme électorale, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé une « grande opération de plus de 600 gendarmes » dimanche matin en Nouvelle-Calédonie pour « reprendre » la route entre Nouméa et son aéroport international. Les vols depuis et en direction de la Nouvelle-Calédonie sont suspendus depuis mardi, en raison des émeutes provoquées par une réforme électorale jugée inacceptable par les indépendantistes. Malgré des avancées, l’aéroport de Nouméa restera fermé aux vols commerciaux jusqu’à jeudi 23 mai. Sur le plan politique, des voix s’élèvent pour demander soit le report du Congrès devant entériner la réforme du corps électoral, soir le retrait pure et simple du texte de la réforme. C’est cette dernière qui est à l’origine de la flambée de violence qui sévit dans l’archipel du Pacifique sud depuis plusieurs jours.

Une intervention massive impliquant plus de 600 gendarmes, dont une centaine du GIGN, a été lancée dimanche 19 mai en Nouvelle-Calédonie en vue de reprendre totalement la maîtrise de la route principale de 60 km entre Nouméa et l’aéroport. « L’ordre républicain sera rétabli, quoi qu’il en coûte », a annoncé dimanche à Nouméa le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, lors d’un point de presse retransmis par la télévision publique Nouvelle-Calédonie, La 1ère. « Je veux dire aux émeutiers : stop, retour au calme, rendez vos armes. La situation est inédite, grave, mais avec les forces dont je dispose, on va pouvoir rétablir l’ordre républicain dans l’ensemble de l’agglomération (de Nouméa) dans les prochains jours », a-t-il précisé.  a indiqué que de nouvelles opérations des forces de l’ordre dans les prochaines heures pour reprendre l’entier contrôle du territoire.

Je veux dire aux émeutiers : stop, retour au calme, rendez vos armes. La situation est inédite, grave, mais avec les forces dont je dispose, on va pouvoir rétablir l’ordre républicain.

Rétablissement de la liaison entre Nouméa et l’aéroport

La priorité a été donnée au dégagement de la route menant à l’aéroport international de Nouméa. Sur cet axe stratégique pour permettre le réapprovisionnement de la grande île soumise à des pénuries, l’Etat a lancé dimanche vers 6h40 (21h40 samedi à Paris) une vaste opération de 600 gendarmes, dont une centaine de membres du GIGN. Plus de 70barrages ont été érigés par des indépendantistes sur cette route. Les forces de l’ordre ont réussi à lever ces derniers, sans violences, mais la route est loin d’être accessible car il faut du temps pour dégager les épaves de voitures et des troncs d’arbres qui jonchent la chaussée.  Samedi, les autorités calédoniennes avaient annoncé que 3.200 personnes étaient bloquées en l’absence de vols, soit parce qu’elles ne pouvaient pas quitter l’archipel, soit parce qu’elles ne pouvaient pas le rejoindre. Malgré les avancées, l’aéroport international devrait rester fermé jusqu’à jeudi 23 mai.

Les violences ont fait six morts, le dernier en date samedi après-midi, un Caldoche (Calédonien d’origine européenne) à Kaala-Gomen, dans la province Nord. Les cinq autres morts sont deux gendarmes et trois civils kanaks, dans l’agglomération de Nouméa.

Sur le plan politique

Sur le plan politique, plusieurs voix s’élèvent pour demander au Président Emmanuel Macron de reporter le congrès devant entériner la réforme du corps électoral en Nouvelle-Calédonie. C’est le vote de cette réforme qui est à l’origine de la flambée de violence dans l’île. Elle prévoit le dégel du corps électoral permettant ainsi aux personnes établies dans l’archipel depuis au moins 10 ans de voter. Les indépendantises redoutent que cette réforme ne marginalise davantage le peuple autochtone kanak et ouvre la voie à des décisions susceptibles de leur être défavorables. Ils demandent le retrait pur et simple de la réforme. « Seule la réponse politique mettra fin à la montée des violences et empêchera la guerre civile », ont indiqué les présidents de différentes régions (Réunion, Guadeloupe, Martnique, collectivité de Guyane) dans une tribune publiée dimanche sur le portail média public Outre-mer La 1ère. Ils estiment que « la reprise d’un dialogue apaisé » passe par « le retrait immédiat du projet de loi de réforme constitutionnelle ».

Seule la réponse politique mettra fin à la montée des violences et empêchera la guerre civile.

Pour les présidents de régions, signataires de la tribune, « la réponse sécuritaire qui consiste à mettre en place des mesures exceptionnelles (interdictions de circulation, assignations à résidence, perquisitions, envoie de policiers et de gendarmes supplémentaires) » n’apportera aucune solution. Au contraire, elle risque d’entraîner une « spirale de violence et de compromettre le retour au calme attendu ».

L’ancien Premier ministre, Manuel Valls, a lui plaidé dimanche, dans l’émission du grand jury RTL/M6/Le Figaro/Paris Première, pour le report du congrès.

H. C.