OPINION

Lettre ouverte aux autorités en place et aux candidats aux prochaines élections, fédérales, régionales, communales


On a mal au logement !

Nous, acteurs au sein du Mouvement ouvrier chrétien (MOC) et de la Commission diocésaine du monde ouvrier et du service d’action sociale du diocèse de Liège, constatons avec effroi :
Que la Wallonie connait une augmentation du prix des loyers.
Que pour un 60m², le loyer médian est de 779 €, ce qui représente une augmentation de 2,5% par rapport à 2022.
Que les logements les plus petits sont les plus impactés. Que c’est à Liège qu’on note la plus forte augmentation soit +15% en 5 ans.

Que, par exemple, en 2020, 500 personnes étaient mal logées à Liège, dont 229 vivaient totalement à la rue. Que fin 2023, 717 personnes étaient inscrites en adresse de référence au CPAS de Liège, ce qui représente au moins 717 personnes sans chez-soi et mal logées; sans compter celles qui ne sont pas enregistrées dans ce listing. Que le nombre de personnes vivant sous les ponts, en hébergement d’urgence, ou dans des lieux comme des tentes ou des garages ne cesse d’augmenter…

Cette situation est tout à fait alarmante, incompréhensible, inacceptable. Elle ne tient aucun compte du respect de la dignité humaine. Comment est-ce possible dans notre pays ?

Pourtant, nombreuses sont les associations qui tentent, au quotidien, de faire face à cette situation et d’aider ces personnes à trouver notamment des logements et les accompagnent sur la voie de la réinsertion. Néanmoins, il manque cruellement de logements sociaux et nous faisons face à un véritable manque de volonté politique pour prendre ce problème à bras le corps.

En effet, notre expérience de terrain nous apprend que la politique actuelle en matière de logement   requiert que les nouveaux logements proposés soient avant tout rentables alors qu’ils devraient répondre à un besoin social urgent. Or, tout service public ne doit pas nécessairement être rentable, puisqu’il est en fait subsidié par nos contributions. Un service public est un service payé par l’ensemble des citoyens pour venir en aide à ceux qui sont réellement dans le besoin, c’est une question de solidarité, mais aussi de survie pour certains citoyens.

Quant aux logements privés, ils sont parfois loués à des prix prohibitifs. Nous sommes de plus en plus convaincus qu’une décision politique nationale imposant une régulation des prix devient une nécessité. Nous ne parlons pas ici de charité, mais de respect de l’article 23 de la Constitution belge qui prévoit le droit à un logement décent.

Nous invitons chacun à rester vigilant quant à celles et ceux qui promettront d’agir et qui oseront tenir leur promesse.

Nous nous permettons de rappeler également que le droit à un logement est reconnu comme faisant partie du droit à un niveau de vie suffisant dans l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (Déclaration des Droits humains) de 1948.

Actuellement, certaines associations se battent chaque jour pour créer des logements modulaires (de type « Tiny house ») sur des terrains inoccupés ou laissés à l’abandon. Ces projets apparaissent comme une piste de solution alternative valable qui a retenu toute l’attention d’un appel à projet lancé par la Région wallonne pour lequel 260.000 € pourraient être débloqués (destinés à l’achat de 6 modules de logement et autres frais qui y sont liés) pour donner vie à un nouveau type d’hébergement social, porté et accompagné par des professionnels du secteur. Il ne reste qu’à trouver le terrain prêt à accueillir le projet et ces « Tiny house ». Facile ? Pas vraiment.

Là encore, les initiateurs de ces solutions alternatives d’aide au logement envers les plus démunis se heurtent à de nombreux refus et difficultés pour pouvoir démarrer leur projet. Sans terrain déniché d’ici juin prochain, le subventionnement wallon dudit projet sera perdu.

Ici encore, la volonté de nos autorités politiques, tout échelon confondu, de vouloir répondre à la problématique du sans abrisme n’est pas assez suivie par des actes concrets en matière d’aide au logement.

S’il est si difficile d’obtenir l’autorisation d’occuper un terrain laissé libre, en friche, abandonné, délaissé, transformé en chancre public, etc. qui pourrait servir à un projet social porteur de chance et de sens ;

Si la construction de nouveaux hébergements sociaux est principalement soumise au principe de rentabilité ;

Alors, tout ceci rend difficile à croire qu’on vise à favoriser un vivre ensemble digne de ce nom.

A la veille d’élections cruciales à tous les niveaux, nous osons réclamer et espérer, enfin, dans un avenir tout proche :

  • Une traduction de la parole politique en actes concrets en matière d’aide aux logements en favorisant la construction urgente de véritables logements publics accessibles et aux plus bas revenus ?
  • Une véritable volonté de soutenir les acteurs sociaux du terrain en leur octroyant une priorité certaine face aux solutions qu’ils proposent en matière d’hébergement social.

Nous osons réclamer et espérer encore :

  • un blocage du prix des loyers et une fixation de ceux-ci à un montant abordable pour les plus faibles revenus ;
  • un blocage des prix à la consommation qui influencent le prix des loyers ;

Nous invitons chaque électeur, en juin et en octobre, à rester vigilant quant à celles et ceux qui promettront d’agir et qui oseront tenir leur promesse.

 

M. l’Abbé Michel Wilderjans
et les membres de la Commission Diocésaine du Monde des Ouvriers (Monde du travail).