Société

France : Carla Bruni, la femme de l’ex-Président Nicolas Sarkozy, rattrapée par la justice

Le président français Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni-Sarkozy arrivent pour une réunion à New York, il y a quelques années.AFP

Elle est mise en examen pour recel de subornation de témoin et participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l’infraction d’escroquerie au jugement en bande organisée. Carla Bruni est donc placée sous contrôle judiciaire avec l’interdiction d’entrer en contact avec l’ensemble des protagonistes de cette procédure, à l’exception de M. Nicolas Sarkozy… Après une journée d’audition ce 9 juillet, voilà ce qu’a signifié le juge à Carla Bruni. La mannequin, chanteuse et, depuis 2008, épouse de l’ancien Président de la République (2007-2012) est la dixième personne mise en examen dans une affaire appelée « sauver Sarko » tant par la justice que la presse française.

Carla Bruni, 56 ans, avait déjà été convoquée, en tant que témoin, par la justice française en juin 2023, puis en mai dernier dans cette affaire de soupçons de financements (50 millions d’euros) par la Libye du colonel Kadhafi de la campagne de Nicolas Sarkozy pour l’élection présidentielle de 2007. Un homme d’affaires, Ziad Takieddine, avait lâché l’information, ce qui amena la justice à ouvrir une enquête. En 2016, il a été mis en examen pour complicité de trafic d’influence et de corruption d’agent public par une autorité publique étrangère.

Je pense que Mimi Marchand a utilisé le nom de mon mari et le mien dans cette affaire pour se donner du poids auprès de ses compères. Elle est très manipulatrice.

Mais le même Takieddine est revenu sur ses affirmations et dédouane subitement Nicolas Sarkozy dans une interview à « Paris Match » et BFM TV. Ce revirement soudain déclencha l’ouverture d’une information judiciaire en mai 2021. Et c’est là qu’apparaît, dans le dossier, le nom de Carla Bruni… Parce que les enquêteurs ont trouvé que l’épouse de l’ancien Président de la République serait en lien avec une personne mise en examen dans ce dossier.

En relation avec la « papesse de la presse people »

Ladite personne est bien connue sur la place de Paris, tant par les journalistes que par les policiers, les « people » et même le couple Macron. Surnommée « Mimi » ou encore « papesse de la presse people », présentée comme communicante et femmes d’affaires, Michèle Marchand, 77 ans, est à la tête d’une agence de presse qui fournit, en infos et photos, les journaux. C’est elle qui avait monté et vendu l’interview de rétractation de Ziad Takkiedine à « Paris Match » (dirigé à l’époque par un journaliste proche de Nicolas Sarkozy) et BFM TV. Officiellement, Carla Bruni a fait appel à « Mimi » pour le lancement et la promotion de son album de chansons. Mais la justice soupçonne l’épouse de l’ancien Président de la République d’avoir été la courroie de transmission entre « Mimi » et son mari. La justice se base sur ses conversations passées sur un téléphone au nom d’« Alexandre », le prénom de son informaticien (Nicolas Sarkozy, lui, avait un téléphone « occulte » au nom de Paul Bismuth !).

AFP

L’homme d’affaires franco-libanais, Ziad Takieddine (à gauche sur la photo)  avec son avocate, Sanian Maktouf (à droite) arrivent à la section des crimes financiers du tribunal de Paris le 24 avril 20212. (Photo by BERTRAND GUAY / AFP).

Ainsi, les enquêteurs ont découvert des échanges téléphoniques passés à partir du téléphone d’« Alexandre ». Par exemple, cette conversation le 22 octobre 2020 alors que Michèle Marchand vient d’arriver à Beyrouth pour l’interview de Ziad Takkiedine : « Tout va bien, ma Mimi ? » Ou encore un autre échange, toujours avec la communicante. Aux enquêteurs, Carla Bruni assurera : « Je n’ai jamais utilisé ce numéro », affirme ne pas être la détentrice de ce numéro et laisse entendre qu’il aurait pu être utilisé par son fils ou son informaticien. Lors d’une autre audition, c’est la même Carla Bruni qui, aux enquêteurs qui lui demandaient si son informaticien connaissait le numéro de ce téléphone, leur avait répondu : « Je crois que non »…

Suite procédurale du dossier

Après l’annonce de la mise en examen de sa cliente, l’avocat Me Paul Mallet a confié : « La mise en examen de Mme Carla Bruni-Sarkozy, dans les mêmes termes que celle concernant son mari, n’est que la suite procédurale ».

La mise en examen de Mme Carla Bruni-Sarkozy, dans les mêmes termes que celle concernant son mari, n’est que la suite procédurale.

Durant son audition du 9 juillet, Carla Bruni a voulu, une nouvelle fois, dédouaner son mari et a chargé son « amie », la communicante Michèle Marchand : « Je pense que Mimi Marchand a utilisé le nom de mon mari et le mien dans cette affaire pour se donner du poids auprès de ses compères. Elle est très manipulatrice ».

L’opération « sauver Sarko » avec la rétractation de Ziad Takieddine et la charge de Carla Bruni contre Michèle Marchand ne change rien à l’affaire : le procès de Nicolas Sarkozy pour le financement présumé de sa campagne électorale de 2007 reste programmé entre le 6 janvier et le 10 avril 2025…

Serge Bressan (correspondant à Paris)