Royaume-Uni : des émeutes racistes qui bousculent le modèle multiculturel britannique
Journaliste – Rédacteur en chef.
Depuis l’attaque au couteau perpétrée par le jeune Britannique d’origine rwandaise, Axel Rudakubana, lundi 29 juillet à Southport (nord-ouest du pays), et qui a coûté la vie à trois fillettes, le Royaume-Uni est en proie à des émeutes racistes. Les affrontements ont démarré suite à une fausse information divulguée sur les réseaux sociaux indiquant que l’auteur est un demandeur d’asile de confession musulmane. Malgré les démentis et les précisions sur l’identité de l’auteur, les émeutiers, chauffés à blanc par des officines d’extrême droite, multiplient les affrontements avec les forces de l’ordre. Certains manifestants ont pris d’assaut des hôtels d’hébergement des demandeurs d’asile et des mosquées.
Ces évènements mettent à rude épreuve la politique d’intégration des populations d’origine étrangère présentes sur le sol britannique. Jusqu’à présent, celle-ci est louée et présentée en exemple par d’autres pays européens rappelant qu’Outre-Manche, les différentes communautés se côtoient dans une parfaite harmonie. Les évènements de ces derniers jours démontrent que l’image d’une société multiculturelle britannique où chacun trouve sa place et est respecté dans son identité et dans sa différence n’est qu’une apparence.
Les émeutes cachent des frustrations et des ressentiments profonds dans la mesure où une fausse information, publiée et amplifiée par les réseaux sociaux, a suffi à mettre le feu aux poudres.
Les émeutes cachent donc des frustrations et des ressentiments profonds dans la mesure où une fausse information, publiée et amplifiée par les réseaux sociaux, a suffi à mettre le feu aux poudres déclenchant une violence que le pays n’a plus connu depuis 2011, année où la mort d’un jeune métis, Mark Dugan, tué par la police dans le nord de Londres, avait déclenchée une flambée de violence.
La violence qui secoue actuellement la société britannique doit être appréciée à la lumière de la montée des idées de l’extrême-droite qui gagnent de plus en plus de pays européens (Hongrie, Italie, France, Pays-Bas, Belgique, etc.) au regard des résultats des dernières élections (nationales, européennes) qui ont vu une poussée des partis extrémistes. Les discours anti-immigration et islamophobes sont décomplexés. Même si le Royaume-Uni est séparé de l’Europe continentale par la Manche, les émeutes qui embrasent la société britannique ne doivent pas être considérées comme étant loin de nous. L’équilibre dans les pays européens est plus qu’instable et aucun d’entre eux ne peut se sentir totalement à l’abri de tels évènements violents.
Nos dirigeants doivent se rendre compte que plusieurs éléments nourrissent la frustration des populations, notamment le risque de déclassement d’une classe moyenne qui n’arrive plus à joindre les deux bouts.
Nos dirigeants doivent se rendre compte que plusieurs éléments nourrissent la frustration des populations, notamment le risque de déclassement d’une classe moyenne qui n’arrive plus à joindre les deux bouts et qui se sent menacée. Les responsables politiques doivent réaliser aussi qu’un fossé se creuse entre la population et eux, ils doivent donc cultiver davantage la proximité avec les citoyens tout en ne perdant pas de vue les réseaux sociaux. Ils doivent aussi développer de meilleures politiques d’encadrement et de sensibilisation des jeunes pour les rassurer.
Nos gouvernants ont aussi un devoir d’exemplarité et ne doivent laisser aucune zone d’ombre susceptible de créer, voire d’accentuer le doute à leur égard. Il leur revient de montrer qu’ils sont à l’écoute de toutes et tous, sans aucune distinction. Les parents ont aussi une responsabilité vis-à-vis de leurs enfants, ils restent leur premier modèle et eux dont ils s’inspireront en premier.