Le courage d’une étudiante iranienne qui défie le régime des mollahs mérite une mobilisation sans faille
Journaliste – Rédacteur en chef.
Alors que dans certains pays européens comme la Belgique ou la France, de jeunes filles défient les règles de base de la laïcité pour revendiquer le droit de le porter à l’école sans grand inconvénient pour elleS, sous d’autres contrées, certaines se battent, au péril de leur vie, pour avoir le droit de l’enlever. L’image de la jeune étudiante iranienne, Ahou Daryaei, en culotte et en soutien-gorge devant son université de Téhéran, offre un tableau qui contraste très fort et qui interpelle. En quelques heures, les images de la jeune iranienne sont devenues virales ce week-end.
D’abord publiées ce samedi 2 novembre par le site étudiant iranien, Amir Kabir, puis reprises par des groupes de défense des droits humains, dont Amnesty Iran, elles témoignent de la mobilisation des Iraniennes face au régime des mollahs qui n’a de cesse de les brutaliser et de vouloir à tout pris les voiler au nom d’une lecture rigoriste de la religion musulmane ou d’une idéologie qui ressemblent à tout, sauf à une libération de la femme.
La jeune fille aurait enlevé ses vêtements pour protester contre le harcèlement dont elle était victime de la part des membres de la milice des bassidji, une forme paramilitaire, composée, d’après Amnesty, « de femmes et d’hommes placés sous le contrôle des Gardiens de la révolution iranienne » et qui sont chargés notamment de faire respecter le code vestimentaire décidé par les autorités dans la loi islamique.
La réaction de la jeune étudiante de la prestigieuse université Azad de Téhéran n’est pas sans rappeler le sort de la jeune femme kurde iranienne Jina Mahsa Amini décédée en garde à vue en septembre 2022 après son arrestation pour avoir mal porté le voile islamique.
La réaction de la jeune étudiante de la prestigieuse université Azad de Téhéran n’est pas sans rappeler le sort de la jeune femme kurde iranienne de 22 ans, Jina Mahsa Amini qui, arrêtée en septembre 2022 pour avoir mal porté le voile islamique, est décédée en garde à vue suite aux sévices infligés par ses bourreaux.
L’image de la jeune étudiante Ahou Daryaei n’est pas sans rappeler la scène de contestation qui s’est déroulée, il y a 35 ans, sur la place Tiananman en Chine. L’image prise le 5 juin 1989 par le photographe américain Jeff Widener d’un homme seul, en chemise blanche avec un sac en plastique dans chaque main debout devant une colonne de chars venus mater un mouvement de révolte des étudiants. Ils réclamaient notamment plus de démocratie, la liberté d’expression, des élections libres et des mesures contre la corruption. Tant l’attitude de « Tank Man » sur la place Tiananmen, il y a 35 ans (et dont on ignore le sort qui lui avait été réservé), que la réaction de Mahsa Amini et d’Ahou Daryaei, témoignent d’un courage inébranlable face à un régime qui opprime et qui utilise tous les moyens pour réduire au silence les voix éprises de liberté.
La mobilisation s’impose pour éviter à Ahou Daryaei le sort funeste réservé à sa compatriote, Mahsa Amini, décédée en garde à vue suite aux sévices qui lui ont été infligés par ses bourreaux.
Tout comme Mahsa Amini, Ahou Daryaei a également été arrêtée après s’être dévêtue et a été jetée dans une voiture par des hommes en civils comme on a pu le voir sur des images captées par des habitants d’un immeuble voisin. La mobilisation s’impose pour lui éviter le sort funeste réservé à sa compatriote. Aucun démocrate ne peut rester indifférent au sort de la jeune étudiante iranienne. Mais au-delà de cet épisode, il y a lieu de continuer à dénoncer les agissements des mollahs iraniens qui répriment dans la violence, utilisent la pendaison pour museler les jeunes afin de les terroriser. Ce qui se passe en Iran doit interpeler celles et ceux qui militent pour le port du voile dans les institutions publiques (écoles, administrations, etc.) donnant ainsi des coups de butoir aux règles de la laïcité qui sont le fondement de la société occidentale.