Voyageurs de l’absurde et de l’imaginaire, attachez vos ceintures ! Cette année, la Wallonie célèbre le centenaire du surréalisme, un mouvement artistique révolutionnaire qui a bouleversé les frontières de l’art et de la réalité. En Belgique, le surréalisme dépasse toutes les formes d’arts, c’est un véritable état d’esprit à explorer dès cet automne, à travers des expositions incontournables. En plus de l’expo « Les Mondes de Paul Delvaux », présente au musée Boverie, à Liège jusqu’en mars prochain, le BAM de Mons propose dès aujourd’hui et jusqu'au 16 février, l’exposition « Le surréalisme : bouleverser le réel ». A Charleroi, le Musée de la Photographie propose « Surréalisme pour ainsi dire ». Vous êtes tenté ou passionné par l’étrange ? Vous en voulez encore? Allez-vous en ouvrir grand les yeux, le surréalisme a cent ans !
C’est en 1924 que naît le surréalisme à la suite de la publication du premier Manifeste du surréalisme d’André Breton, dans lequel ce dernier donne la définition du mouvement comme un automatisme psychique pur permettant d'exprimer la réalité de ses pensées, sans censure, que ce soit par l'écriture, le dessin, ou de toute autre manière. Il propose d’exprimer, soit verbalement, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée soucieux d’agir sur la société, sinon sur l’individu, sans tomber dans l’embrigadement. Le décor est planté et le mouvement décloisonnera toutes les frontières artistiques.
Naissance d’un mouvement pas comme les autres
Le surréalisme est né aux lendemains de la première guerre mondiale en réaction notamment aux horreurs du conflit et en révolte contre la rationalité du monde à remettre non seulement en cause l’existence de frontières, de biens et d’organisations sociales, mais les fondements mêmes d’une civilisation dont vainqueurs et vaincus participaient à titre égal.
André Breton devient dès lors la personnalité dominante du groupe. Les artistes surréalistes s’inspirent alors du mysticisme, des cultures anciennes et de l’art et des savoirs autochtones pour imaginer des réalités alternatives. L’aspiration du mouvement à la libération de l’esprit ainsi qu’à la libération des expressions artistiques s’est également traduite par la recherche de la liberté politique.
Un centenaire célébré dans toute la Wallonie
La Wallonie, terre d’art et de culture, accueille pour l’occasion plusieurs grandes expositions immersives dans les villes de Liège, Mons, Charleroi, La Louvière ou encore Namur. Ces événements, qui s’échelonneront jusqu’au début de l’année 2025, offrent une opportunité exceptionnelle de (re)découvrir les univers fascinants des artistes surréalistes belges, où le rêve et la réalité s’entremêlent.
Depuis octobre, à Liège, le musée Boverie accueille l’exposition « Les Mondes de Paul Delvaux », une rétrospective majeure consacrée à cette figure emblématique du surréalisme belge. Cette exposition réunit des chefs-d’œuvre du peintre qui n’ont plus été vus ni rassemblés depuis de nombreuses années. Une occasion unique d’explorer la genèse de ses tableaux et d’approfondir notre compréhension de l’impact de son œuvre dans le surréalisme et l’histoire de l’art.
Un art riche et diversifié
À Mons, le BAM dès ce 17 novembre et jusqu’au 16 février, À l’occasion du centenaire du surréalisme, le CAP/musée des Beaux-Arts de Mons dédie sa nouvelle exposition à ce mouvement artistique, sous un angle totalement inédit : celui de l’objet bouleversant et de son impact sur la société. Présentée de façon à la fois chronologique et thématique, l’exposition « Le surréalisme : bouleverser le réel » retrace l’histoire de l’objet (tridimensionnel, mais aussi dans la poésie, la peinture, la photo, le collage et le film) au sein du surréalisme des années 1920 et 1930. Elle confronte ensuite l’objet surréaliste aux nouveaux mouvements qui mettent l’objet au centre de la scène artistique à partir des années 1960.
Profondément actuelle, cette exposition novatrice propose une réflexion sur le côté subversif, essence même du surréalisme, et sur la façon de le montrer aujourd’hui. Elle met en évidence le rapport de l’objet à l’art et à la commercialisation. Le lien entre l’objet et le corps ainsi que la place des femmes sont également interrogés.
Des clichés, des toiles, des écrits…
À travers un vaste panorama constitué de peintures, d’écrits, de photographies et d’objets de plus de 30 figures emblématiques du mouvement et de l’art belge telles que Paul Nougé, René Magritte, Jane Graverol, Rachel Baes ou encore Marcel Mariën, l’exposition montre le surréalisme en Belgique comme il ne l’a jamais été. Cet événement s’ancre parfaitement dans le projet du CAP (Culture - Art - Patrimoine) qui questionne les rapports à la société et la place de l’art dans l’espace urbain.