Le projet « Derniers mots » à la recherche des lettres d’adieu des résistants exécutés en 1940-45
La chaire de la VUB Traces de la Résistance et l’ASBL Héros de la Résistance ont lancé le projet de science citoyenne « Derniers mots ». Ce projet vise à collecter autant de lettres d’adieu que possible des 1 500 résistants belges exécutés pendant la Seconde Guerre mondiale. A la veille de leur exécution, la plupart ont été autorisés à écrire une ou plusieurs lettres d’adieu. C’est littéralement le dernier signe de vie que ces résistants pouvaient donner à leurs proches. « Ces précieux courriers sont des témoignages personnels uniques et émouvants d’une des périodes les plus mouvementées de notre histoire », explique l’historien Dany Neudt et fondateur de l’ASBL Héros de la Résistance.
Le projet Derniers Mots est un projet des Héros de la Résistance en collaboration avec la chaire VUB « Traces de la Résistance », rendu possible grâce au précieux soutien d’un partenariat solide regroupant média (De Morgen, Radio 1 et Faro) et scientifiques, la VUB, Université de Gand et UCLouvain . Ensemble, ils sont à la recherche de témoignages uniques, rédigés par des résistants à leurs proches, avant leur exécution. Histoire, ne de jamais oublier cela non plus.
Laisser une trace accessible
On le sait trop peu et pourtant, durant la Seconde Guerre mondiale, environ 1 500 résistants belges furent exécutés, fusillés ; certains sont morts par pendaison ou ont été décapités. La grande majorité de ces exécutions ont eu lieu sur le territoire belge, comme au stand de tir national de Schaerbeek ou au fort de Breendonk, mais de nombreuses exécutions ont également eu lieu en Allemagne.
Les lettres d’adieu collectées seront numérisées, transcrites, analysées, traduites et mises à disposition du grand public
« La science citoyenne est centrale. Nous souhaitons impliquer autant que possible les proches et autres parties intéressées dans notre travail », confie Nel de Mûelenaere, titulaire de la chaire et professeur d’histoire contemporaine à la VUB.
« En tant que bénévoles, ils peuvent non seulement aider à retrouver les lettres d’adieu, mais aussi fouiller dans les archives sous notre direction. Toute trace de nombreuses lettres d’adieu est désormais perdue. Des lettres doivent donc encore être retrouvées dans de nombreux greniers ou dans les archives privées de proches survivants. »
Appel au public
« Les lettres d’adieu des résistants exécutés sont des témoignages personnels uniques et émouvants d’une des périodes les plus mouvementées de notre histoire. Nous faisons appel au grand public pour qu’il nous aide à les collecter, à les rechercher afin de rendre ces courriers disponibles », précise l’historien Dany Neudt et fondateur de l’asbl Héros de la Résistance.
«Nous disposons actuellement déjà d’un corpus considérable de lettres d’adieu sous des formes très diverses, qui ont été principalement collectées par le centre de documentation et d’archives de guerre Cegesoma. Notre objectif ultime est de retrouver les originaux du plus grand nombre possible de lettres d’adieu », poursuit Nel de Mûelenaere .
Peter Van Heirseele, connu sous le nom d’artiste et dessinateur, Herr Seele, est l’un des ambassadeurs du projet patrimonial. Son grand-père Theophiel Pannecoucke était actif dans le groupe de résistance Armée secrète et fut décapité par guillotine dans la prison allemande de Wolfenbüttel le 15 juin 1944.
Dans sa lettre d’adieu, il écrit : « Chère fille bien-aimée Odette et père, mère, frères, belles-sœurs et beau-frère. Sur ce, je viens écrire ma dernière lettre. La vie se termine pour moi à 19 heures ce soir. C’est dommage que je doive mourir après 2 ans de souffrance, mais Dieu le veut ainsi. Présentez mes meilleures salutations à René et à mes collègues. »
Les lettres d’adieu collectées seront numérisées, transcrites, analysées, traduites (en néerlandais, français et anglais) et mises à disposition du grand public. « Au cours de l’année 2026, le projet patrimonial « Derniers mots » se traduira par un site Internet interactif, une publication et une exposition itinérante. On peut en quelque sorte plonger dans la vie des résistants », conclut Dany Neudt.
J.MERCIER
Info : www.laatstewords.be ou dany@heldenvanhetverzet.be