DEBUT DE GROGNE CHEZ LES LIBERAUX FRANCOPHONES

L’arrivée d’ex-candidats d’un parti d’extrême droite fait des vagues au MR

L'adhésion de trois anciens candidats d'un parti d'extrême droite, dont Noa Pozzi (ici avec le président du MR, Georges-Louis Bouchez) suscite une vague de réactions outragées au MR. Mais Georges-Louis Bouchez estime avoir usé de ses prérogatives de président. Photo Facebook.

Plusieurs membres influents du MR sont montés au créneau pour dénoncer l’arrivée du Liégeois, Noa Pozzi au MR, alors que sa demande avait précédemment été rejetée par les instances. Son affiliation a été directement validée au niveau national pour le président, Georges-Louis Bouchez. Noa Pozzi avait été tête de liste du parti d’extrême droite « Chez Nous » dans la circonscription de Liège pour les élections législatives du 9 juin 2024. Même situation dans le Hainaut avec le Mouscronnois Mathéo Besson. Un autre ancien candidat du même parti, Raphaël « Crm » a fait la même démarche. Depuis lors, les voix discordantes critiquent la décision du président des libéraux francophones, allant notamment de l’ancienne Première ministre, Sophie Wilmès à la députée wallonne et cheffe de groupe du MR au Parlement wallon, Diana Nikolic, en passant par la jeune conseillère communale liégeoise, Hélène Franssen. La présidente des jeunes MR, Laura Hidalgo, rappelle que la demande d’adhésion de Noa Pozzi avait été rejetée en 2024 et que les « demandes d’adhésion émanant de personnes ayant été affiliées à des listes ou partis d’extrême droite ou d’extrême gauche sont actuellement gelées ». Mais l’adhésion pourrait être validée sir la personne fait publiquement acte de rédemption. Le dossier sera réexaminé lors de la prochaine assemblée générale des jeunes MR. Mais les critiques ne semblent pas déranger président Bouchez…

L’arrivée de deux jeunes du parti d’extrême, « Chez Nous » au MR continue à faire des vagues chez les libéraux francophones. L’information, révélée, il y a quelques jours par nos confrères de « Sudpresse » de l’adhésion du Liégeois, Noa Pozzi, au MR, après validation par le président du parti, Georges-Louis Bouchez, ne fait pas l’unanimité. Interrogée sur el plateau de nos confrères de RTL-TVi, l’ancienne Première ministre, Sophie Wilmès dit comprendre que « dans un parcours de vie, on puisse changer d’avis », mais elle estime que le dossier aurait dû faire l’objet d’une « consultation en interne », s’agissant d’un « cas aussi particulier ».

Les Liégeois n’ont pas eu voix au chapitre

La cheffe de groupe du MR au Parlement wallon, Diana Nikolic, est aussi assez critique sur l’arrivée de Noa Pozzi au MR et regrette la manière dont elle a été faite. « Je confirme que les libéraux liégeois n’ont été ni consultés, ni même informés quant à l’adhésion de Noa Pozzi au MR. Je ne peux que le regretter. Au sein du MR, j’ai toujours défendu les valeurs libérales et progressistes qui fondent notre mouvement politique. Et je serai intransigeante là-dessus », a-t-elle écrits sur les réseaux sociaux.

Les libéraux liégeois n’ont été ni consultés, ni même informés quant à l’adhésion de Noa Pozzi au MR. Je ne peux que le regretter.

Elle veut pourtant croire à une deuxième chance. « Je crois au droit à l’erreur ainsi qu’à la possibilité de détourner des personnes, spécifiquement les plus jeunes, des idées extrémistes, populistes, haineuses, etc. C’est d’ailleurs là l’objectif de tous les partis démocratiques et des acteurs de l’éducation permanente. Noa Pozzi n’avait pas 20 ans quand il a rejoint le parti Chez Nous et il est à peine plus âgé maintenant je pense. Qu’il se détourne de l’extrême-droite encore si jeune est plutôt une bonne nouvelle. Mais je ne suis pas naïve, il n’a pas été un simple militant au sein du parti d’extrême-droite, il en a été la tête de liste aux élections fédérales. Ça implique d’être extrêmement prudent avant de l’accepter éventuellement », poursuit-elle.

BELGA

La cheffe de groupe MR au Parlement wallon, Diana Nikolic, déplore la non-consultation des Liégeois sur l’adhésion de Noa Pozzi. (BELGA PHOTO BRUNO FAHY).

Trois transfuges de « Chez Nous »

Pour Diana Nikolic, l’adhésion au MR doit se « faire dans une optique d’assimilation totale de nos valeurs démocratiques et non pour y importer des idées nauséabondes qui n’auront jamais leur place chez les libéraux ». La jeune conseillère communale liégeoise, Hélène Franssen, soutient la position de sa cheffe de groupe au conseil communal. « Diana Nikolic a exprimé les choses avec beaucoup de justesse. Je ne rajouterai pas beaucoup à ce qu’elle a déjà dit, mais je souhaite simplement réaffirmer mon engagement ferme pour les valeurs démocratiques, libérales et progressistes qui sont le socle de notre mouvement. Ces valeurs doivent être défendues sans compromis et incarnées par tous ceux qui souhaitent se joindre à nous », a-t-elle posté sur Facebook en commentaire de la publication de Diana Nikolic.

Noa Pozzi n’est pas le seul ancien candidat du parti « Chez Nous » dont l’adhésion au MR donne l’impression de la naissance d’une fronde au sein du Mouvement réformateur. Avant lui, il y a eu le Mouscronnois, Mathéo Besson, et un certain Raphaël « Crm » (son nom sur les réseaux sociaux).

La page de « Chez Nous » est tournée

Noa Pozzi a répondu à la polémique précisant que ces « convictions ne sont plus celles défendues » par le parti Chez Nous et qu’il a « définitivement tourné la page de cette partie » de sa vie. Les jeunes du MR ont également réagi à ces transfuges avec des convictions (du passé ?) qui dérangent.

Dans une communication publique, la présidente des Jeunes MR, Laura Hidalgo, et la coordinatrice, Lisa Michaux, rappellent que l’organisation de jeunesse défend les valeurs démocratiques de la tolérance et de l’inclusion.

En tant qu’organisation de jeunesse, nous croyons au droit à la rédemption, à condition qu’il soit authentique, sincère et clairement exprimé publiquement.

Elles rappellent avoir déjà rejeté une première demande d’adhésion de Noa Pozzi. « Nous avons récemment reçu la demande d’adhésion de Monsieur Pozzi qui s’inscrivait en contradiction avec ces valeurs, en raison d’une affiliation ou de positions claires associées au parti Chez Nous et à l’extrême droite. Après un examen approfondi, nous avons pris la décision de ne pas accepter cette personne parmi nos membres. Monsieur Pozzi a été mis au courant de cette décision en août 2024 », précisent les deux responsables du mouvement de jeunesse du MR.

Elles soulignent que « les demandent d’adhésion émanant de personnes ayant été affiliées à des listes ou partis d’extrême droite ou d’extrême gauche sont actuellement gelées ».

Présidente des jeunes MR, Laura Hidalgo, demande un reniement public des idées d’extrême droite pour être accepté dans l’organisation de jeunesse des libéraux francophones.

 

Acte de rédemption

Mais la porte ne serait pas totalement fermée pour autant à ces adhésions si les candidats adhérents renient publiquement leur sombre passé. « En tant qu’organisation de jeunesse, nous croyons au droit à la rédemption, à condition qu’il soit authentique, sincère et clairement exprimé publiquement. C’est pourquoi, nous travaillons activement à l’établissement de critères clairs et équitables pour régir ces situations, incluant des considérations telles que le rejet explicite de positions extrémistes passées et un parcours démontrant une véritable volonté de rédemption et d’adhésion aux valeurs démocratiques. Ces points seront discutés lors de notre prochaine assemblée générale », concluent Laura Hidalgo et Lisa Michaux.

Je prends acte du communiqué des jeunes MR et accueille avec beaucoup de respect leur décision. Je me soumettrai à la procédure d’intégration souhaitée.

Ici aussi, Noa Pozzi rétorque. « Je prends acte du communiqué des jeunes MR et accueille avec beaucoup de respect leur décision. Je me soumettrai à la procédure d’intégration souhaitée. Néanmoins, je déplore l’ampleur irrationnelle que prend la situation », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.

Mais les critiques ne font pas vaciller le président des libéraux francophones. Georges-Louis Bouchez défend sa décision estimant qu’il relève des prérogatives du président. Il estime qu’il ne fait que prôner le principe de la deuxième chance. « Dans ce pays, il y a une deuxième chance pour les criminels, mais il n’y a pas de deuxième chance pour un choix politique. A un moment donné, il faut arrêter le délire », a-t-il confié au micro de nos confrères de RTL-TVi.

Il ne craint pas un développement des idées d’extrême droite au MR, car les nouveaux adhérents ne feront pas le poids devant les milliers d’affiliés du MR.

Le ministre-Président wallon, Adrien Dolimont (MR) condamne les idées d’extrême droite, mais défend lui aussi le principe de la seconde chance. « Je considère que ces valeurs n’ont rien à faire chez nous. (…) Sur les procédures d’intégration, je crois que tout le monde a droit à une seconde chance. Il faut juste assumer qu’on abandonne pleinement toutes les thèses de l’extrême droite. J’espère qu’il y a eu cette discussion en amont », souligne-t-il.