Le Gouvernement wallon toilette le plan de relance et fait une économie de 92,1 millions d’euros
Journaliste – Rédacteur en chef.
Sur base de de l’analyse de l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps) et des critères d’opportunité, le Gouvernement wallon a réalisé un resserrage du plan de relance régional doté d’un montant de 7 milliards d’euros. A l’arrivée, 44 projets sont supprimés et 27 autres ont vu leurs budgets baisser sur un total de 234 projets concernés par le travail de toilettage. Quatre projets ont été maintenus et ont bénéficié d’un renforcement de leurs moyens. A l’arrivée, le Gouvernement a dégagé une économie de 92,1 millions d’euros. Les travaux de reconstruction résiliente des berges continueront à bénéficier de la manne financière du plan de relance. Le ministre-Président wallon, Adrien Dolimont (MR) concède que le travail ayant conduit à l’élaboration du plan de relance n’a pas été bien fait, mais face au réalisme et au respect des engagements pris, l’exercice de toilettage n’a pas permis d’aller plus loin dans les économies réalisées. Le travail d’analyse se poursuit sur les projets dits « prioritaires » en associant les partenaires sociaux, mais la marge de manœuvre pour dégager des économies sera ici étroite…
Le Gouvernement wallon mené par le ministre-Président wallon, Adrien Dolimont (MR), n’a pas le temps de chômer. Il poursuit au pas de course les réformes annoncées dans le cadre de sa Politique de politique régionale (DPR) et vient de trancher dans un gros dossier faisant partie des priorités de la nouvelle majorité : la révision du plan de relance adopté sous la précédente législature.
Economie de 91,2 millions d’euros
L’exercice n’était pas une mince affaire, car entre les partisans d’une mise au rebut total du plan de relance et ceux qui veulent tailler significativement dans le budget de 7 milliards d’euros dédicacé au plan, il fallait surtout faire preuve de pragmatisme. A l’arrivée, l’exécutif régional n’a réussi à dégager qu’une économie de 92,1 millions d’euros. « C’est peu par rapport à ce qu’on pouvait espérer, mais il ne s’agit pas de faire d’un nouveau plan de relance et on n’attendait pas spécifiquement des économies non plus. C’est un resserrage dans un cadre défini en respectant la parole donnée et les engagements », a commenté ce jeudi 16 janvier, Adrien Dolimont.
C’est peu par rapport à ce qu’on pouvait espérer, mais il ne s’agit pas de faire d’un nouveau plan de relance et on n’attendait pas spécifiquement des économies non plus.
Sur l’enveloppe des 7 milliards, le Gouvernement wallon a décidé de ne pas toucher à 4,3 milliards d’euros dont 1,3 milliard provient du plan de relance européen (PNRR, Repower EU), 2,6 milliards finançant les projets prioritaires wallons (PAP) et 398 millions d’euros destinés à financer les travaux de reconstruction des berges suites aux inondations.
Sur les 2,7 milliards restants, le ministre-Président précise qu’une partie, soit un montant de « 1,9 milliard a déjà été engagé ». Par conséquent, il ne restait qu’une enveloppe de 775 millions devant faire l’objet du resserrage, mais il faut encore en déduire un prêt de 312 millions d’euros destiné à la reconstruction des berges (financé par la Banque européenne d’investissement/BEI, donc intouchable). Au final, le resserrage ne portait que sur 463 millions d’euros et c’est ici que l’exécutif régional a pu dégager les 92,1 millions d’euros d’économie.
Critères du resserrage
Pour réaliser le tri, l’exécutif wallon s’est notamment basé sur le travail d’analyse de l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps) qui avait indiqué qu’un projet sur six du plan de relance wallon n’aurait aucun effet sur la l’emploi, si sur la productivité.
Par ailleurs, le travail de toilettage du plan répond à un besoin d’opportunité et à ce que prévoit la Déclaration de politique régional (DPR) de la nouvelle majorité régionale (MR-Engagés). « L’ensemble des projets du Plan de relance wallon n’ont pas systématiquement fait l’objet d’un financement pérenne au-delà du 31 décembre 2024. De surcroit, certains de ces projets ne sont pas de nature à concourir au redressement structurel de l’économie wallonne, contrairement à la vocation originelle de ces crédits européens. La gouvernance actuelle du Plan de relance ne permet pas une vision claire des frais d’entretien et de personnel futur nécessaires pour pérenniser certaines mesures du plan. L’administration manque de clarté quant à la vision globale du Plan, ce qui entrave une gestion efficace et prévoyante des ressources humaines et matérielles », lit-on dans la DPR.
L’ensemble des projets du Plan de relance wallon n’ont pas systématiquement fait l’objet d’un financement pérenne au-delà du 31 décembre 2024.
Le ministre-Président Dolimont a donc rappelé cet engagement pour justifier le resserrage du plan de relance en reconnaissant que celui-ci a quand même fait l’objet de quelques grincements de dents. Mais le travail était nécessaire.
44 projets définitivement supprimés
Le plan de relance wallon comporte 323 projets dont certains sont déclinés en sous-projets et après 4 ans d’exécution, beaucoup de projets sont aussi bien avancés. Mais le travail d’analyse a seulement porté sur 234 projets, car il a fallu exclure du périmètre de resserrage les projets européens (PNRR) ou encore ceux finançant les projets européens. Le Gouvernement wallon ne voulait pas non plus entamer la réévaluation des projets dits prioritaires (PAP) sans associer les partenaires sociaux (il s’agit de projets retenus pour leur impact sur la création d’emploi de qualité, de valeur ajoutée, l’environnement et le climat).
Le travail va donc se poursuivre en ce qui concerne les PAP avec les partenaires sociaux.
Sur les 234 projets concernés, 44 sont supprimés (34 l’étaient déjà sous la précédente législature) et quatre autres sont terminés et peuvent donc sortir du plan de relance. 85 projets sont entièrement engagés et pour Adrien Dolimont, le gouvernement ne pouvait plus y toucher au risque d’abîmer la parole publique. 45 projets sont en cours de finalisation. 27 projets sont maintenus, mais avec une réduction de leurs moyens, 25 sont aussi gardés en conservant leurs enveloppes budgétaires et 4 autres sont sauvés tout en bénéficiant d’un renforcement de leurs moyens.
Budget en baisse la réserve stratégique de terrains
Les projets qui ont vu leurs budgets baisser ou maintenus en l’état sont notamment la constitution de la réserve stratégique de terrains dans le cadre de la reconversion des friches industrielles, la recherche dans certains secteurs (spatial, biotech/medtech), le plan bio 2030, le déploiement du Wi-fi dans les école, démantèlement des avions, la mise en place une assistance digitale à domicile afin de soutenir le maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie et les approches innovantes en matière de lutte contre le chômage de longue durée.
Les projets peu porteurs comme ceux liés au Plan Langues, au rayonnement de la Wallonie ou encore au développement aux salles de shoot (Liège, etc.) ne bénéficieront plus de nouveaux engagements budgétaires.
Les projets peu porteurs comme ceux liés au Plan Langues, au rayonnement de la Wallonie ou encore au développement aux salles de shoot (Liège, etc.) sont en cours de finalisation et ne bénéficieront plus de nouveaux engagements budgétaires.
L’ensemble des projets digitalisation/simplification ont été fusionnés en un seul afin de poursuivre les initiatives en cours (digitalisation des permis, création de la plateforme « Ma Wallonie »). D’après le cabinet Dolimont, une enveloppe de 30 millions est encore mobilisable pour ces initiatives.
Des moyens (1,3 million) ont été prévus également pour financer des projets en lien avec la biodiversité.
Principe de réalité
Une partie des économies réalisés sur des projets tourisme, soit 6,1 millions d’euros permettront de renforcer le financement de la création de nouvelles places en crèche. A cela s’ajoutent 2,7 millions d’euros dégagés également pour ce projet.
Est-ce qu’on aurait fait le plan de relance de cette façon ? Non. L’intention du resserrage du plan de relance s’est donc heurtée à un certain principe de réalité sur le terrain.
Pour Adrien Dolimont, le processus qui a conduit à l’élaboration du plan de relance n’était vraiment pas la bonne. « Est-ce qu’on aurait fait le plan de relance de cette façon ? Non », dit-il, reconnaissant au passage que l’argent a été mal utilisé. Mais impossible de revenir en arrière et il a fallu tenir compte de la réalité des choses. « L’intention du resserrage du plan de relance s’est donc heurtée à un certain principe de réalité sur le terrain », conclut-il.