Résolution pour la libération de Boualem Sansal : le vote du déshonneur du PTB
Journaliste – Rédacteur en chef.
La nouvelle polémique en France sur le cas de l’écrivain franco-algérien, Boualem Sansal (75 ans), retenu dans les geôles algériennes depuis le 21 novembre 2024, faussement accusé d’« atteinte à l’intégrité du territoire national », rebondit en Belgique. En effet, le 23 janvier 2025, lors du vote d’une résolution demande la libération immédiate et inconditionnelle de l’écrivain régulièrement hospitalisé, les députés de gauche ont voté contre ou se sont abstenus. Le texte condamne aussi la détention de « tous les autres militants, prisonniers politiques, journalistes, défenseurs des droits de l’homme et autres personnes détenues ou condamnées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’opinion et d’expression ».
Malgré cette défection qui déshonore le mandat des eurodéputés qui se sont abstenus ou ont voté contre, la résolution a été adoptée à une écrasante majorité avec 533 votes favorables, 24 votes contre et 48 abstentions sur les 605 eurodéputés présents dans l’hémicycle à Strasbourg.
Marc Botenga justifie maladroitement un vote qui ne l’honore pas et encore moins redore le blason de son parti auprès de ses détracteurs.
Dans le groupe des 68 députés français présents, plusieurs élus de gauche ont voté contre ou se sont abstenus dont Rima Hassan, Anthony Smith et Emma Fourreau, députés européens de La France insoumise qui se sont opposés à l’adoption de la résolution. Manon Aubry et Younous Omarjee, deux autres élus LFI se sont abstenus. Leur position a déclenché une grande polémique en France où il leur est reproché de faire le jeu du régime algérien qui a pris en otage une incarnation de la liberté d’expression malgré son âge et son état de santé.
Parmi ce lot de députés qui se font le porte-voix du régime algérien en votant contre la résolution, on retrouve un Belge, Marc Botenga, eurodéputé du PTB, parti de l’extrême gauche belge. Sur le réseau X (ex-Twitter), il a justifié sa position notamment par le fait que texte a été déposé notamment par Marion Maréchal Le Pen, élue de l’extrême droite française, et que cela suffisait déjà à ne pas le voter.
Comment l’eurodéputé belge et les siens peuvent-ils encore se présenter comme des défenseurs des droits fondamentaux ?
Il poursuivi son argumentation en soulignant que le texte avait une portée plus large, car il proposait de mettre fin à « l’accord de partenariat UE-Algérie, ce que nous ne soutenons pas ». Et pour couronner le tout, il fait une comparaison avec le conflit israélo-palestinien dénonçant « l’hypocrisie » de ses collègues eurodéputés qui, en « 471 jours de génocide à Gaza » n’ont jamais « demandé la fin de l’accord de partenariat avec Israël ».
Marc Botenga justifie maladroitement un vote qui ne l’honore pas et encore moins redore le blason de son parti auprès de ses détracteurs. Il se comporte en tartuffe des temps modernes. Comment l’eurodéputé belge et les siens peuvent-ils encore se présenter comme des défenseurs des droits fondamentaux quand Marc Botenga vote contre une résolution qui demande la libération d’un écrivain dont les siens sont violés ou confisqués par un régime autoritaire ?
La comparaison avec le sort des habitants de Gaza, victimes des balles de l’armée israélienne, sous les ordres du Gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahou, est malvenue. Car aucune voix ne s’est réjouie de la souffrance imposée aux Gazaouis et des initiatives sont menées pour mettre fin au massacre à Gaza. La preuve, un accord de cessez-le-feu a été signé et même s’il est fragile, il apporte une lueur d’espoir.
En votant contre la résolution qui demande la libération de Boualem Sansal, Marc Botenga et les autres députés ont raté l’occasion de montrer que la défense des droits fondamentaux n’est pas à géométrie variable.
En votant contre la résolution qui demande la libération de Boualem Sansal et des autres défenseurs des droits de l’homme, Marc Botenga et les autres députés qui l’ont suivi ou se sont abstenus ont raté l’occasion de montrer que la défense des droits fondamentaux n’est pas à géométrie variable. Ils auraient pu, en votant la résolution, renforcer le combat pour la cause palestinienne.