NOUVELLE POLEMIQUE A ANDERLECHT SUR FOND D'ISLAMOPHOBIE

Plainte contre une conseillère communale d’Anderlecht pour des « accusations infondées et dangereuses » d’islamophobie

La conseillère cmmunale, Sofia Bennani (Les Engagés) risque d'être poursuivie en justice pour avoir traité la directrice de l'Observatoire des fondamentalismes d'islamophobe. BELGA

La directrice de l’Observatoire européen des fondamentalismes à Bruxelles, Fadila Maaroufi, a décidé de poursuivre en justice la députée bruxelloise, Sofia Bennani (Les Engagés) pour des propos tenus lors de la réunion du conseil communal d’Anderlecht le 23 janvier 2025. Fadila Maaroufi estime qu’en la traitant d’islamophobe, l’élue communale humaniste lui met une cible dans le dos. Elle compare sa situation à celle du professeur de collège français, Samuel Paty, assassiné en octobre 2020 à la sortie de son établissement scolaire par un terroriste islamiste. Elle a confié son dossier à l’avocat bruxellois, Me Aymeric de Lamotte. Elle fustige des « accusations infondées et dangereuses ». Contactée par nos soins, Sofia Bennani se refuse à tout commentaire pour ne pas mettre à mal sa stratégie de défense. La question est de savoir si les propos tenus par un élu dans un hémicycle peuvent lui valoir une condamnation en justice…

Après avoir été l’objet d’une vive polémique suite à l’autorisation du port des signes convictionnels dans l’administration, la commune d’Anderlecht sera-t-elle à l’origine d’une nouvelle poussée de fièvre aux relents communautariste ?

En effet, Fadila Maaroufi, la directrice de l’Observatoire européen des fondamentalistes à Bruxelles vient de décider de poursuivre en justice la conseillère communale, Sofia Bennani (Les Engagés) pour des propos tenus lors du dernier conseil communal du 23 janvier 2025. « Avec ces déclarations, elle me colle une cible dans le dos en me traitant d’islamophobe et me condamne quasiment pour apostasie. Or, on sait ce que cela implique chez les islamistes radicaux », nous a confié Fadila Maaroufi.

Soutien financier de la communauté

Elle fait une comparaison entre son cas actuel et la situation du professeur d’histoire-géographie français, Samuel Paty, décapité dans le cadre d’un attentat terroriste le 16 octobre 2020 à la sortie de son école de Conflans-Saint-Honorine. Dix jours avant son assassinat, il avait montré à ses élèves deux caricatures de Mahomet provenant du journal satirique Charlie Hebdo lors d’un cours sur d’enseignement moral et civique sur la liberté d’expression.

Avec ces déclarations, elle me colle une cible dans le dos en me traitant d’islamophobe et me condamne quasiment pour apostasie.

Fadila Maaroufi a confié la défense de ses intérêts à l’avocat bruxellois, Aymeric de Lamotte, estimant que les propos vexatoires de Sofia Bennani ne sont pas à prendre à la légère et qu’ils méritent d’être sanctionnés. Elle estime qu’elle fait l’objet d’« accusations infondées et dangereuses ». Pour financer son action en justice, Fadila Maaroufi demande le soutien financier de sa communauté. « Pour défendre mon honneur et ma sécurité, je poursuis en justice. Votre soutien est crucial. Aidez-moi à couvrir les frais de justice », a-t-elle publié.

Elle dit qu’elle est ciblée parce qu’elle a reçu, en novembre 2024, le prix international de la laïcité en France.

Fadila Maaroufi dénonce des accusations infodnées et dangereuses d’islamophobie. Crédit photo: Olivier Charlet Photography

Ne plus donner la parole à Fadila Maaroufi

La directrice de l’Observatoire européen des fondamentalismes confirme ainsi le message publié sur le réseau X (ex-Twitter) accompagné d’une vidéo de la conseillère communale humaniste épinglant nommément Fadila Maaroufi. « Nous ne donnerons plus la parole à Fadila Maaroufi. Nous ne donnerons plus, comme vous l’avez fait pendant la semaine de la pride, la parole à cette dame qui est aujourd’hui à la tête de l’observatoire des fondamentalismes et qui est aujourd’hui une islamophobe reconnue de façon nationale, qui mène avec acharnement et détermination une lutte contre tous musulmans. Oui, nous ne donnerons plus la parole à des islamophobes, à des racistes, à des xénophobes », a affirmé avec force Sofia Bennani.

Nous ne donnerons plus la parole à cette dame qui est aujourd’hui à la tête de l’observatoire des fondamentalismes et qui est aujourd’hui une islamophobe reconnue, qui mène avec acharnement une lutte contre tous musulmans.

Elle a poursuivi son intervention appuyée en précisant que pour Les Engagés d’Anderlecht, « l’égalité des chances passe également par un devoir d’exemplarité. Et pendant la semaine de la pride, vous avez eu l’honneur de donner la parole à cette dame jetant le discrédit sur toute notre commune ».

Réplique à une élue Ecolo-Groen

En revoyant la séance du conseil communal du 23 janvier 2025, on observe que l’intervention de Sofia Bennani fait suite à la prise de parole de l’ancienne échevine, Nadia Kammachi (Ecolo/Groen), redevenue conseillère communale et dont le parti ne participe plus à la nouvelle majorité commune (PS/Vooruit-MR-Les Engagés), issue des élections communales du 13 octobre 2024. C’est l’ancienne échevine qui avait porté le texte autorisant le port des signes convictionnels dans l’administration communale en novembre-décembre 2023. Le dossier avait relancé le débat sur le port du voile dans l’administration publique et avait abîmer la confiance au sein de l’ancienne majorité PS-Ecolo-Les Engagés.

Nadia Kammachi reprochait à la nouvelle majorité de ne pas avoir détaillé les éléments de la Déclaration de politique générale.

Lors du conseil communal du 23 janvier 2023, Nadia Kammachi reprochait à la nouvelle majorité de ne pas avoir détaillé les éléments de la Déclaration de politique générale (PDG) afin de permettre notamment aux nouveaux conseillers communaux de se familiariser avec le fonctionnement du conseil communal.

Egalité des chances

C’est à la suite de son intervention que Sofia Bennani intervenait, en réplique, pour exposer les différents chapitres de la Déclaration de politique générale de la nouvelle majorité communale. Et les propos qui vont lui valoir une action en justice s’inscrivent dans le cadre des explications que la conseillère communale, également députée au Parlement bruxellois, livraient sur le chapitre de l’égalité des chances, en s’adressant l’ancienne échevine Nadia Kammachi.

Sofia Bennani précisait au passage que l’égalité des chances constitue le fil conducteur de la DPG et que la politique en la matière « sera menée autrement ».

D’après des juristes, la question sera de savoir si les propos tenus pas un élu peuvent lui valoir une action en justice… Contactée par nos soins, Sofia Bennani se refuse à tout commentaire dans la mesure où le dossier va rebondir sur le front judiciaire.