CONFLIT RUSSIE-UKRAINE

Les Européens font bloc pour sauver le soldat Zelensky et le peuple ukrainien

(De gauche à droite) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron se rencontrent lors d'un sommet à Lancaster House, dans le centre de Londres, le 2 mars 2025. AFP

Les dirigeants européens se sont réunis ce dimanche 2 mars 2025 au centre de Londres pour un sommet crucial sur la guerre en Ukraine, après la rencontre désastreuse pour le Président ukrainien, Volodymyr Zelenski de vendredi 28 février à la Maison Blanche avec le Président américain, Donald Trump et son vice-président, JD Vance. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a accueilli ce dimanche matin la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, à la résidence du premier ministre, à Downing Street, avant les autres invités de marque.

Giorgia Meloni est dans une position délicate. Elle est proche du Président américain Donald Trump et celui-ci lui a exprimé à plusieurs reprises son appréciation. La semaine dernière encore, elle a envoyé un message vidéo à la conférence conservatrice CPAC alignée sur la strqtégie de Donald Trump.

Giorgia Meloni est dans une position délicate. Elle est proche du Président américain Donald Trump et celui-ci lui a exprimé à plusieurs reprises son appréciation.

Mais depuis son arrivée au pouvoir en 2022, la Présidente du conseil des ministers d’Italie est aussi une fervente partisane de la lutte de l’Ukraine contre la Russie. Sa position l’a souvent distinguée des autres dirigeants européens avec lesquels elle est habituellement alignée idéologiquement, comme le Hongrois Viktor Orban, qui a appelé l’Union européenne (UE) à suivre l’exemple des Etats-Unis et à reprendre les négociations avec Moscou.

La Première ministre italienne pourrait donc essayer de forger une troisième voie, peut-être celle d’un pont entre les Etats-Unis et l’UE soutenant l’Ukraine.

Une réunion au sommet 

Les dirigeants qui ont fait le déplacement de Londres ont ensuite été rejoints par le Président ukrainien Volodymyr Zelensky. Outre Giorgia Meloni, il y a notamment le président français, Emmanel Macron; le chancelier allemand, Olaf Scholz et le Premier ministre canadien Justin Trudeau.

Les dirigeants du Danemark, des Pays-Bas, de la Norvège, de la Pologne, de l’Espagne, de la Finlande, de la Suède et de la Roumanie étaient également présents, ainsi que le ministre turc des Affaires étrangères.

Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte ainsi que la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, et le président du Conseil, Antonio Costa, sont également de la partie.

Les dirigeants ont manifesté très publiquement leur soutien au président Zelensky.

Le sommet de dimanche était prévu avant la fameuse altercation dans le Bureau ovale à Washington. Mais celle-ci a renforcé son importance.

Les dirigeants ont manifesté très publiquement leur soutien au président Zelensky. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a commencé samedi en l’accueillant chaleureusement au 10 Downing Street et en lui accordant un prêt de £2,26 milliards de livres sterling pour l’aider à acheter davantage d’armes. Il ne souhaitait pas que le sommet de dimanche soit considéré comme une réaction vis-à-vis du Président Trump.

Keir Starmer dit vouloir que le projet se concentre sur le renforcement des dépenses européennes de défense et sur la recherche de garanties de sécurité pour l’Ukraine. Mais les discussions ont inévitablement sur la façon dont il faut renouer le fil du dialogue entre l’Ukraine et les Etats-Unis.

La France et le Royaume-Uni pour un plan de paix ? 

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a annoncé, dimanche 2 mars, que le Royaume-Uni et la France travaillaient ensemble sur « un plan pour faire cesser les combats » entre l’Ukraine et la Russie. « Puis nous discuterons de ce plan avec les Etats-Unis », a-t-il précisé à la BBC.

Keir Starmer, a annoncé, dimanche 2 mars, que le Royaume-Uni et la France travaillaient ensemble sur « un plan pour faire cesser les combats » entre l’Ukraine et la Russie.

Mais d’autres pays sont désireux de se joinder à l’initiatitive franco-britannique. « Un certain nombre de pays ont indiqué aujourd’hui (dimanche) qu’ils souhaitaient faire partie du plan que nous élaborons. Je les laisse faire leurs propres déclarations sur la manière exacte dont ils souhaitent apporter cette contribution. Mais nous avons pu faire avancer ce dossier. J’accepte, sans critique et avec respect, la position d’autres pays qui n’ont peut-être pas le sentiment de vouloir contribuer de cette manière, mais je suis fermement convaincu qu’à moins que certains n’avancent, nous resterons dans la position dans laquelle nous nous trouvons et ne pourrons pas avancer », a précisé Keir Starmer.

AFP

Le président français Emmanuel Macron (à gauche sur la photo) et le Premier ministre britannique Keir Starmer (à droite) discutent avant une réunion plénière lors d’un sommet qui se tient à Lancaster House, dans le centre de Londres, le 2 mars 2025. (Photo par JUSTIN TALLIS / POOL / AFP)

Lorsqu’on lui a demandé si le Royaume-Uni ressentait une plus grande responsabilité personnelle dans l’instauration d’une paix viable en Europe, le Premier ministre britannique a répondu que le pays devrait « intensifier ses efforts et prendre l’initiative ».

La Russie ne peut pas dicter les termes d’un accord, sinon, nous ne ferons aucun progrès.

Keir Starmer a indiqué pourquoi il pense que la Russie signera un accord de paix élaboré par l’Europe et dont elle ne fait pas partie. Il soutient toutefois qu’un accord devra inclure la Russie, mais il precise que les dirigeants russent « ne peuvent pas en dicter les termes. Sinon, nous ne ferons aucun progrès. Si un accord est conclu, il doit être défendu. Ce que nous avons vu dans le passé, c’est une cessation des hostilités sans aucun soutien et qui a été régulièrement violée par la Russie. C’est une situation que nous devons éviter ».

Rencontre entre le roi Charles III et Zelensky 

Dimanche soir soir, le Président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a été reçu par le Roi Charles III. LA rencontre s’est déroulée à Sandringham dans le Norfolk dans un cadre privé. Cette réunion était aux antipodes de l’affrontement entre Zelensky et Trump à la Maison Blanche. Les deux hommes ont été photographiés se serrant la main à l’extérieur.

Il semble que la rencontre était prévue avant le clash Trump-Zelensky dans le Bureau ovale vendredi.

Il semble que la rencontre était prévue avant le clash Trump-Zelensky dans le Bureau ovale vendredi. Le Roi est au-dessus de la politique mais il se retrouve aujourd’hui au centre d’une diplomatie internationale difficile et délicate.

Quelques jours auparavant, Keir Starmer avait remis en main propre une lettre du monarque à Donald Trump, l’invitant personnellement à une deuxième visite d’Etat « sans précédent ». Le soft power du Roi a toujours été un atout. Pour les présidents, c’est l’homme qu’ils veulent rencontrer. Pour les hommes politiques britanniques, il constitue une arme diplomatique discrète.

AFP

Le roi Charles III d’Angleterre et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent pour une photo dans le saloon de Sandringham House lors d’une audience au domaine de Sandringham à Norfolk, dans l’est de l’Angleterre, le 2 mars 2025. (Photo par Joe Giddens / POOL / AFP)

Même si Charles III s’est prononcé avec force sur l’Ukraine, ses discussions avec Zelensky ne s’étendront pas au-delà de sa rencontre avec le président ukrainien. Cette audience était l’occasion de montrer son soutien à l’Ukraine, sans provoquer la Maison Blanche.

Livraison de 5.000 missiles à l’Ukraine

Lors de son discours, Keir Starmer a déclaré que 5 000 missiles de défense aérienne seraient livrés à l’Ukraine. Ils seront fabriqués à Belfast dans une usine du groupe français Thales.

Les missiles multirôles légers (LMM) sont destinés à protéger l’Ukraine contre les attaques de drones et de missiles russes.

Les missiles multirôles légers (LMM) sont destinés à protéger l’Ukraine contre les attaques de drones et de missiles russes. Les forces ukrainiennes utilisent déjà des LMM avec une première commande livrée fin 2024.

Cette nouvelle commande est bien plus importante, pouvant atteindre 1,6 milliard de livres sterling. Elle entraînera la creation de 200 emplois par Thales à Belfast.

Alexander Seale (à Londres)