Pierre-Yves Dermagne (chef de groupe PS à la Chambre) : « Je ne vieillirai pas en politique » - L-Post
LA GRANDE OPERATION DE REFONDATION DU PS DEVRAIT DURER UN AN ET DEMI

Pierre-Yves Dermagne (chef de groupe PS à la Chambre) : « Je ne vieillirai pas en politique »

Chef de groupe PS à la Chambre, Pierre-Yves Dermagne précise que l'opération de refondation du parti est un moment historique. Elle devrait durer un an et demi. LPost / Philippe BOURGUET

Dans le cadre d’un grand entretien qu’il nous a accordé, Pierre-Yves Dermagne (44 ans), chef de groupe PS à la Chambre lève le voile sur la grande opération de refondation du parti qui commence ce samedi 22 mars en Belgique francophone. Elle devrait durer un an et demi. Il estime que c’est un moment historique pour un militant de participer à une telle opération. Vice-Premier sortant du Gouvernement De Croo, il n’exclut pas des amendements au programme du parti, mais il estime que sa formation doit rester fidèle à ses valeurs et à ses combats. Il répond à la question de savoir s’il sera candidat à l’élection présidentielle de 2027 à la tête du parti et précise qu’il ne se voit pas « vieillir en politique ». Il souligne aussi qu’il n’a pas de plan de carrière.

Le PS lance donc son opération de refondation ce samedi 22 mars. Ça va se passer comment ?

Il y a 57 événements qui sont organisés sur le terrain en Wallonie et à Bruxelles. On va travailler à livre ouvert, sans tabou comme nous l’affirmons. La volonté, c’est de poursuivre l’opération avec des représentants du secteur associatif, avec les corps intermédiaires, les syndicats, etc. pour un dialogue le plus ouvert possible. Chaque militant est invité à venir avec quelqu’un qui n’est pas membre du parti pour participer aux échanges.

Chaque militant est invité à venir avec quelqu’un qui n’est pas membre du parti pour participer aux échanges.

Cela veut-il dire que le PS est prêt à amender votre programme tout en sachant que la population se droitise quand on voit les élections ?

Je veux qu’on reste fidèle à nos valeurs et à notre histoire. Est-ce qu’on doit revoir notre programme ? Sans doute, mais on n’est pas encore dans une phase programmatique, mais d’abord dans une phase d’ouverture, de dialogue. Et je le répète, sans tabou. Donc, il n’y a pas de difficulté par rapport à une révision du programme. Et on doit sans doute exprimer les choses de manière différente, mais sans renier ce que nous sommes, ce qui ce qui a fait notre histoire, nos combats, nos victoires.

LPost / Philippe BOURGUET

Pour Pierre-Yves Dermagne, l’opération de refondation du PS n’est pas un ravalement de façade. C’est un travail de fond. (Photo Philippe BOURGUET/LPost.be).

Combien de temps va durer cette opération et qu’est-ce qui va en sortir ?

Pour le moment, je ne peux pas dire ce qui va en sortir, puisqu’on est qu’au début et c’est vraiment un travail ouvert et sans tabou. On ne peut pas présager du résultat de l’opération. En ce qui concerne l’agenda, la volonté est de pouvoir travailler sur un temps relativement long, parce que le but est de faire un travail de fond. Ce n’est pas juste un ravalement de façade ou quelque chose de cosmétique qu’on veut faire. On parle de refondation, donc c’est quelque chose qui s’inscrit en lien avec le terrain, notre histoire et nos valeurs. Nous voulons aussi que cette opération soit en contact direct avec la population. Donc on est parti pour une opération qui va durer un an et demi.

Et le changement de nom est toujours d’actualité…

Le président (Paul Magnette, ndlr) a ouvert le débat et je pense que c’est important. A titre personnel, j’y suis attaché, mais je suis ouvert à ce qu’on en discute, que chacune et chacun puissent donner son avis, fassent des propositions. C’est l’intérêt d’une opération comme celle que nous lançons ce 22 mars. Que les uns et les autres viennent avec des idées neuves, avec des approches nouvelles, etc. On sait que la manière de faire de la politique a évolué et qu’elle évoluera encore. Et elle évolue vite. Je me réjouis vraiment de cette opération, parce que c’est quelque chose d’historique, c’est rare dans la vie d’une militante ou d’un militant de pouvoir participer à une opération de refondation d’un parti important, d’un parti historique comme l’est le parti socialiste. C’est vraiment une chance, une opportunité historique.

Nous avons une obligation de résultat vis-à-vis des générations qui nous ont précédés et de celles qui arrivent.

C’est aussi une responsabilité historique et je le dis en tant que parlementaire, en tant que chef de groupe PS à la Chambre, c’est quelque chose qui nous engage et qui nous oblige. Nous avons une obligation de résultat vis-à-vis des générations qui nous ont précédés et de celles qui arrivent. Nous avons hérité d’une grande et belle maison avec une belle et grande histoire, avec aussi des moments plus difficiles et plus délicats. J’ai toujours été quelqu’un qui regarde la réalité en face et qui a pu, à certains moments, être critique par rapport au parti, par rapport à certaines ou certains au sein du parti. Mais je suis fier de notre histoire, d’être un de celles et ceux qui qui portent cet héritage et ces valeurs. Nous avons donc une obligation politique morale de faire réussir cette opération.

BELGA

Le chef de groupe PS à la Chambre, Pierre-Yves Dermagne (à droite sur la photo) et Paul Magnette (à gauche), l’actuel président du parti socialiste. (BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK)

Cette refondation peut-elle aller jusqu’à une remise en cause du mandat du président ?

Ce n’est pas l’objet. De toutes façons, le président n’est pas désigné à vie, il y a des élections et des statuts. Paul (Magnette) est quelqu’un qui s’est toujours soumis au suffrage des militantes et des militants. Pour le moment, les élections en interne pour la présidence sont prévues en 2027 et ça colle bien au timing fixé pour pouvoir réaliser cette opération en profondeur, en allant vraiment dans chacun des aspects du fonctionnement et de l’incarnation d’un parti politique.

je n’ai jamais eu de plan de carrière. J’ai toujours eu la chance que des hommes et des femmes me fassent confiance, me propose à des responsabilités importantes.

Serez-vous tenté par le mandat présidentiel à la tête du PS en 2027 ?

Ma réponse va paraître bateau ou une formule éculée, mais je n’ai jamais eu de plan de carrière. J’ai toujours eu la chance que des hommes et des femmes me fassent confiance, me propose à des responsabilités importantes. J’ai eu la chance avec Elio Di Rupo (ancien président du PS, ndlr), puis avec Paul Magnette ensuite et je leur en suis reconnaissant. Mais je n’ai pas d’agenda personnel.

N’est-ce pas de la langue de bois ?

Non, absolument pas. Tous ceux qui me connaissent, me côtoient ou m’ont côtoyé pourront le confirmer. Par ailleurs, j’ai toujours dit aussi que la politique est un engagement important, qui prend du temps, qui demande de l’énergie, beaucoup de sacrifices, mais que ce serait un engagement temporaire. Je ne vieillirai pas en politique. C’est aussi un engagement que j’ai pris vis-à-vis de mes proches, vis-à-vis aussi de certains qui m’ont confiance à un certain moment de mon parcours politique. Par conséquent, j’envisage l’avenir avec sérénité et sans plan.

LPost / Philippe BOURGUET

Pierre-Yves Dermagne estime qu’à un moment, il faut laisser la place à la jeune génération en politique. (Photo Philippe BOURGUET/LPost.be).

J’ai 44 ans, j’ai déjà un parcours relativement bien fourni et je pense qu’à un moment donné, il faut pouvoir laisser la place aux plus jeunes.

Quel âge avez-vous fixé pour arrêter la politique ?

Je ne me suis pas fixé un âge. J’ai 44 ans, j’ai déjà un parcours relativement bien fourni et je pense qu’à un moment donné, il faut pouvoir laisser la place aux plus jeunes. Je suis quelqu’un qui, régulièrement, se questionne par rapport à l’engagement politique. C’est un bel engagement, c’est une belle et noble mission quand on l’accomplit honnêtement et respectueusement. L’après 9 juin (date des élections législatives de 2024, ndlr), une des grandes questions collectives, mais aussi individuelles, c’était de savoir si on pouvait encore faire de la politique en étant intellectuellement honnête, en étant respectueux de ses adversaires, respectueux aussi des engagements et des promesses faites vis-à-vis de la population. Je continue à le penser et à le croire, sinon je ne serais pas là.

Entretien : Philippe Lawson