Baromètre d’Europ Assistance : les Belges ne misent pas trop sur les véhicules électriques - L-Post
SCEPTICISME DES BELGES PAR RAPPORT LA MOBILITE DECARBONEE

Baromètre d’Europ Assistance : les Belges ne misent pas trop sur les véhicules électriques

Un véhicule électrique en train d'êter chargé à une borne. BELGA

Depuis 2022, Europ Assistance interroge chaque année les Belges sur leurs habitudes en matière de mobilité durable, l’usage des transports alternatifs ou encore leur rapport à la voiture électrique. L’étude met en avant la progression en Belgique d’une mobilité douce (transport « propre » et respectueux de l’environnement) et les obstacles qui peuvent freiner cette transition. Ainsi, 62 % des Belges déclarent que leur prochaine voiture ne sera pas électrique, tandis que 43 % des Belges remarquent une augmentation du nombre de bornes de recharge. Par ailleurs, 71% des Belges n’envisagent pas d’acheter des véhicules électriques d’occasion. Concernant la mobilité, la moitié des Belges estiment que la mobilité douce s’est améliorée dans les villes ces dernières années, mais 43 % pensent que la mobilité va se détériorer ces prochaines années.

Le baromètre belge de la mobilité réalisé par Europ Assistance auprès de 1.025, montre que les intentions des Belges en matière de mobilité durable sont nuancées. Si deux tiers de la population déclarent accorder une grande importance à l’écologie et à la durabilité, les comportements ne suivent pas toujours.

Seuls 34 % réduisent leurs trajets en véhicule thermique pour des raisons environnementales, 15 % privilégient la mobilité douce, et 9 % voyagent moins. 44 % des Belges interrogés se disent hostiles aux dernières évolutions en termes de mobilité.

Politiques publiques : un soutien mou

L’adhésion des Belges aux mesures politiques en faveur de la mobilité durable n’est pas spectaculaire. Seuls 33 % se disent enthousiastes face à des décisions telles que la suppression progressive du diesel ou l’extension des pistes cyclables, tandis que 42 % s’y montrent réfractaires. L’enthousiasme est davantage présent chez les jeunes de moins de 35 ans (37 %) et les citadins (34 %), alors que les plus de 55 ans expriment une réticence (15 %, +3 points).

Sur la question des contraintes, les Belges se montrent plus modérés : 20 % estiment que les règles sont trop strictes, un chiffre en nette baisse par rapport à l’année précédente (-7 pts) et 31 % sont modérément gênés par ces contraintes. Globalement, la population est équilibrée entre ceux qui jugent les mesures excessives et ceux qui les trouvent acceptables (49 % vs. 51 %).

L’électrique, toujours loin du compte

Malgré les incitants publics et les discours en faveur d’une mobilité 100 % électrique, le passage à l’action reste lent. D’ailleurs, 20 % estiment que le passage à une mobilité électrique ne se fera pas avant 2035 pour les véhicules neufs, voire plus loin ou jamais ((2040 : 17 % / 2045 : 12 % / 2050 : 10 % / « jamais » : 20 %).

Concernant l’achat d’un véhicule électrique, 62 % des Belges n’envisagent pas une voiture électrique comme prochain véhicule. Le scepticisme s’explique notamment par le prix d’achat (71 %), le manque de stations de recharge (39 %) et la difficulté de recharger la voiture à domicile (39 %). La crise énergétique est aussi un autre facteur important (43 %) tout comme la diminution du pouvoir d’achat (30 %).

Autre signal fort : 71 % des Belges refusent l’idée d’acheter une voiture électrique d’occasion, principalement par méfiance envers l’état des batteries. Même les primes gouvernementales, comme celle de la Flandre supprimée en 2025, semblent avoir un effet limité, avec 49 % des Flamands qui se disent moins enclins à acheter un véhicule électrique depuis la fin de celle-ci.

Mobilité douce en progrès, mais fragile

La mobilité douce progresse, surtout en ville, mais reste limitée dans les usages quotidiens. En effet, le moyen le plus utilisé reste la voiture (thermique ou électrique) pour 78 % des ménages, suivie du vélo (classique ou électrique) à 42 % et des transports en communs avec 33 %.

La moitié des Belges trouvent que la mobilité douce est en progression en ville ces dernières années, contre 39 % qui pensent l’inverse. Ceux qui constatent une progression lie celle-ci à l’aménagement de la voie publique (49 %), à la conscientisation des automobilistes (43 %, +6 pts), à une plus grande répression des contrevenants (16 %) et à des moyens de transport plus sûrs (16 %).

Toutefois, cela reste fragile, surtout concernant la sécurité en ville. 24 % ne se sentent pas en sécurité en ville, et 63 % estiment que les infrastructures actuelles ne garantissent pas une cohabitation sécurisée entre usagers.

Une mobilité générale qui inquiète

Malgré les efforts d’aménagement, l’avenir de la mobilité en ville inquiète. 43 % des Belges estiment que la situation va se détériorer dans les prochaines années, 39 % pensent que rien ne va changer et 17% sont optimistes.

Les automobilistes qui roulent, estiment que les obstacles à propos de leurs déplacements sont le manque d’emplacements de parking (59 %), les embouteillages (38 %), de devoir circuler dans des zones à (fortes) limitations de vitesse (21 %) ou de devoir se soumettre à des trajectoires imposées (19 %).

Une fracture générationnelle et géographique

Les écarts sont notables entre jeunes et plus âgés, entre citadins et ruraux. Les moins de 35 ans sont plus ouverts à l’électrique (63 % l’envisagent comme prochaine voiture, contre 39 % chez les +55 ans) et plus favorables aux décisions politiques en matière de mobilité. Toutefois, 48 % d’entre eux trouvent la transition vers la mobilité douce compliquée, en hausse de 12 points.

Côté géographie, les urbains sont davantage convaincus de l’efficacité des politiques de mobilité durable, mais leur adhésion diminue. Les habitants de zones extérieures restent plus attachés à la voiture thermique, souvent faute d’alternative crédible.

Méderic Guisse (st)