OPINION

Les femmes dans le monde (trop) masculin des ingénieurs

UCM

Pouvez-vous citer, de mémoire, le nom d’une ingénieure célèbre ? Marie Curie ? Raté !
Celle qui fut deux fois prix Nobel de physique n’avait “que” des diplômes universitaires à faire valoir et aucun titre d’ingénieur. On ne saurait l’en blâmer. Décrocher un tel diplôme était tout simplement impossible au XIXe siècle pour une femme. De fait, les femmes n’ont eu le droit de suivre les cours des écoles d’ingénieurs qu’à partir de 1919. Les autres écoles d’ingénieurs n’ont ouvert leurs programmes à la mixité qu’à partir des années 70, soit il y a moins de 50 ans seulement…

C’est la première raison de faire des études d’ingénieur, la revanche sur le passé ! Une autre est simplement que les femmes sont aussi douées que les hommes pour les matières scientifiques et avoir leurs règles n’y change rien. D’ailleurs, un peu moins loin, qui sait que les femmes ont joué un rôle majeur dans la conception de l’ordinateur tel que nous le connaissons aujourd’hui ? Dans les années 1950, les femmes représentaient entre 30 et 50 % des effectifs. Et en 1986, 37 % des étudiants en sciences de l’informatique étaient de sexe féminin. Aujourd’hui, le nombre de femmes dans les start-ups technologiques est inférieur à 20%, au même titre que les étudiantes ingénieures, du reste. Cherchez l’erreur … ou le bug ? (mot inventé par Grace Hopper, inventeuse du compilateur Cobol).

Puisque le secteur est devenu stratégique, Il était urgent que les hommes s’en s’accaparent les postes de direction et donc de décision pour ne plus les lâcher … même le profil type du programmeur était devenu masculin (uniquement). La masculinisation de l’informatique en a éjecté ses mères et ses filles.  Mais alors, que faire ?

L’éducation et la culture, tout simplement !

Aux parents que nous sommes ou serons d’ouvrir les portes des STEM, en n’offrant pas une poupée à la place de Lego. Sœur aînée de fratrie, je me les suis appropriés très jeune et n’ai utilisé des barbies que pour leur construire des maisons. Mon démarrage poussif en primaire me prédestinait à l’école professionnelle. C’était sans la volonté inébranlable de mon ouragan de mère qui m’a défendue bec et ongles face à une institutrice et un papa adorable mais définitivement misogyne. Deux professeurs extraordinaires en humanités m’ont portée vers la science et je m’y suis envolée. Paradoxalement, les études d’ingénieur ne m’ont pas semblées difficiles bien qu’exigeantes, dans une faculté à taille très humaine. Spécialisée à l’époque en recherche opérationnelle, je m’amuse beaucoup aujourd’hui de la « découverte » et du buzz autour de l’intelligence artificielle.

Ni remords, ni regrets

Quelques décennies plus tard, je me retourne sur ma carrière et je compte les points des complexes et syndromes que j’ai subis, évités, ignorés ou contestés. Le syndrome de l’imposteur et celui du tuyau percé, l’effet Matilda, le plafond de verre, le biais sexiste, le harcèlement, l’écart salarial, ….

Je n’ai aucun regret, ni remords pour ceux que j’ai bousculés et bousculerai encore. Néanmoins, ce serait injuste de dire et de croire que les choses n’évoluent pas, et chacun(e)s y a sa part de ‘taf’. L’apport positif des femmes dans les conseils d’administration est prouvé et les quotas n’y sont pas pour rien. Une femme qui a du caractère est synonyme de sale caractère. Et bien, je le revendique. Si j’ai une nature dynamique (ou explosive, c’est selon), elle m’a permis de ne jamais me décourager devant les barrières qui se sont levées et se lèvent encore. Mais on ne va pas à la guerre sans armes et le niveau et la qualité des études sont fondamentales comme aides au démarrage 😉.

Beauté et intelligence ne sont même pas incompatibles, et d’après Marylin Monroe, « la femme qui se veut être l’égale de l’homme manque d’ambition ». What else ?

Ir. Agnès FLEMAL
Directeur Général de l’incubateur technologique WSL