SOUTIEN DES ETUDIANTS AU COMBAT DES PALESTINIENS

La mobilisation pro-Palestine ne faiblit pas dans les universités américaines

Des étudiants plus mobilisés que jamais pour la cause palestinienne sur les campus universitaires américains. D.R.

Aux Etats-Unis, les manifestations pro-Palestine deviennent un carrefour de revendications, dépassant le conflit lui-même. De la liberté d’expression à la violence policière, en passant par la libération du peuple palestinien et la démission des dirigeants universitaires… un terrain brûlant qui favorise l’essor du mouvement. A Paris, un accord a été dégagé entre la direction de Sciences Po et les étudiants mobilisés pour la cause palestinienne.

Jeudi 25 avril, au lendemain d’une nuit intense pour les universités américaines, le décompte peut commencer : 100 arrestations à l’université de Californie du Sud où le campus a dû fermer jusqu’à nouvel ordre, des dizaines au Texas, 100 au Emerson College de Boston, quatre policiers blessés. A l’université de Columbia, véritable épicentre du mouvement, les étudiants refusent de démanteler leur campement tant que l’école ne répondra pas à leurs demandes. « Columbia doit rompre ses liens avec les universités israéliennes et s’engager à mettre un terme aux partenariats qu’elle entretient avec les entreprises actives en Israël », défie l’une des manifestantes rencontrées devant l’université malgré l’interdiction de se réunir. « Nous resterons ici le temps qu’il faudra », défie-t-elle.

Columbia doit rompre ses liens avec les universités israéliennes et s’engager à mettre un terme aux partenariats qu’elle entretient avec les entreprises actives en Israël.

Ils sont une dizaine d’étudiants, postés à l’extérieur du bâtiment. Mais à l’intérieur, des centaines de tentes résistent à la pression de la direction. L’ultimatum a gagné hier 48 heures supplémentaires : d’ici vendredi (hier), le campement doit disparaître.

Un combat pour la liberté d’expression 

L’embrasement des universités face au conflit qui secoue le Proche-Orient prend cette semaine une ampleur inédite. Sur les nombreuses pancartes brandies par les professeurs et les étudiants, les revendications se confondent: « Non à la censure », « Libérez la Palestine », « Direction démission », « L’échec de notre éducation sans liberté d’expression », « La fin de l’aide américaine à Israël », « Pas de police sur les campus », « Et si vos médecins suivaient l’exemple de vos dirigeants ? », etc.

Une étudiante en médecine conteste la politique du « deux poids deux mesures » de son gouvernement. « Vous imaginez si nous, médecins, réagissions comme nos dirigeants politiques ! Nos patients auraient-ils une chance de survivre ? », interroge-t-elle. Et de poursuivre : « La liberté d’expression, oui mais uniquement quand cela convient ? Je dirais cela aussi à mon patient la prochaine fois : parfois, je peux vous soigner, parfois non ».

Nous sommes inquiets, ahuris de voir qu’aux Etats-Unis, le droit de soutenir un peuple violemment réprimé est en danger.

Les manifestations pro-Palestine deviennent aujourd’hui un véritable plaidoyer en faveur de la liberté. Libre de manifester, de protester, d’exprimer, de se réunir. « Il s’agit de défendre un droit fondamental : celui d’exprimer notre opinion. Nous sommes inquiets, ahuris de voir qu’aux Etats-Unis, le droit de soutenir un peuple violemment réprimé est en danger », explique une manifestante rencontrée au Washington Square Park lors d’un rassemblement initié par le campus de la New York University. Depuis le 7 octobre, de nombreux étudiants soutiennent publiquement le peuple palestinien, « mais cette semaine, nous défendons aussi notre liberté d’expression », ajoute-t-elle.

Réactions (et récupérations?) politiques

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian a exprimé, jeudi 25 avril, ses « profondes inquiétudes » face à l’agressivité de la police sur les campus américains. Dans une déclaration postée sur son compte X (ex-Twitter), l’homme politique critique « la répression et le traitement sévère » réservés aux professeurs et aux étudiants, « une répression conforme au soutien total de Washington au régime israélien », accuse-t-il.

Autre son de cloche en Israël, où le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, dénonçait mercredi le caractère antisémite des manifestations, appelant à y mettre un terme. « Il faut arrêter cela. Ces manifestations doivent être condamnées sans commune mesure », a-t-il dénoncé-t-il sur son compte X.

Aux Etats-Unis, le président le Chambre, Mike Johnson a appelé la présidente de Columbia à démissionner si elle ne parvenait pas à rétablir l’ordre sur son campus. Certains étudiants juifs s’inquiètent toujours pour leur sécurité. L’un d’entre eux dénonçant, auprès de la CNN « des commentaires et des activités antisémites endémiques ».

Mobilisation estudiantine pour la cause palestinienne aux USA. D.R.

Le maire de New York, Eric Adams, s’est exprimé jeudi en insistant sur la responsabilité non pas des manifestants eux-mêmes, mais des agitateurs extérieurs « qui tentent d’intensifier les regroupements. Les manifestations sont un droit essentiel aux Etats-Unis, mais je suis écœuré d’entendre certains participants célébrer le Hamas, et appeler à la destruction d’une communauté entière, par ailleurs très présente à New York », a-t-il déclaré au média new yorkais PIX 11, faisant référence aux juifs orthodoxes de Williamsburg. « Il n’y a pas de place pour la haine dans la ville. Et si les universités nous appellent pour démanteler les campements, nous suivrons la règle et respecterons la loi ».

Dans le même temps, à Paris, un accord est intervenu entre la direction de Sciences Po et les étudiants mobilisés pour la cause palestinienne, ramenant le calme sur le campus. Les autorités académiques s’engagent à organiser un débaqt interne et à suspendre les procédures disciplinaires initiées contre des manifestants.

Catarina Letor (à New York)