JUDICIAIRE

Un ex-président « muet », un footballeur de renom et un acteur connu face à la justice…

L'ancien président Nicolas Sarkozy n'est pas tendre avec Valérie Pécresse. BELGA

Trois personnalités, trois affaires. Un ancien Président de la République française, un triple Ballon d’or ex-patron du football européen, un humoriste- acteur… Trois univers : la politique, le sport, le show business et le sexe… Trois personnages face à la justice. On braque les projecteurs sur des affaires qui résument l’époque.

Nicolas Sarkozy témoin silencieux Ces temps-ci, Nicolas Sarkozy fait son tour de France. Il assure la promotion de Promenades (éditions Herscher), son récent livre… sur l’art ! Et il figure à nouveau dans les premières places des Top Ventes. Dans le monde politico-parisien, on bruisse de rumeurs également sur son rôle pour le Congrès des LR (Les Républicains) qui, le 4 décembre prochain, désignera son candidat (ou sa candidate) pour l’élection présidentielle d’avril 2022. Sarko, encore et toujours ! Mais ce 2 novembre, c’est dans un lieu inhabituel pour un ancien Président de la République qu’on l’a retrouvé. En effet, il a dû répondre à la convocation des juges dans l’affaire dite « des sondages de l’Elysée » (voir L-Post.be, 19 octobre 2021) et venir dans la salle de la 32ème chambre du Tribunal correctionnel de Paris. Fait rarissime : il avait été convoqué au titre de témoin- les juges ayant précisé que, bénéficiant de l’immunité présidentielle, il ne pouvait pas être jugé dans cette affaire.

Un ex-président accroché à l’immunité

Dans un premier temps, l’ancien Président de la République (2007- 2012) avait fait savoir qu’il ne répondrait pas à la moindre convocation. Les juges en ont décidé autrement, l’ont invité pour qu’il donne sa version- estimant que son témoignage était primordial pour « la manifestation de la vérité ». L’un des accusés, Claude Guéant (ancien secrétaire général de l’Elysée puis ministre de l’Intérieur), avait affirmé que « les contrats pour les commandes de sondages ont été mis en place sur instruction de Nicolas Sarkozy. On m’avait dit que l’Elysée échappait au droit commun de la gestion publique ». L’ancien Président, qui n’a jamais été entendu par la justice lors de l’enquête, a toujours clamé n’avoir jamais été au courant des commandes de sondages par Guéant et Patrick Buisson, un de ses conseillers et patron d’une boîte de sondages. Masque noir sur la bouche, il est donc venu et répondu à la convocation des juges- « Je respecte et j’ai toujours respecté l’institution judiciaire. De mon point de vue, cette décision est parfaitement inconstitutionnelle et disproportionnée ».

Mais, caché derrière son immunité, Nicolas Sarkozy a décidé de jouer le silence. Le témoin silencieux. Morceaux choisis : « Je vous ai indiqué que je n’avais pas le droit de m’extraire des obligations constitutionnelles », « Ça s’appelle la séparation des pouvoirs », « Si je commence à répondre au quart ou au dixième des questions, ça veut dire que je suis venu ici pour m’expliquer sur les faits ». Ou encore cet échange entre Sarkozy et le président du tribunal : « je ne refuse pas de témoigner. C’est que je n’en ai pas le droit ».

-Qu’est-ce qui vous empêche de répondre ?

Je n’ai pas à rendre compte d’actes accomplis durant mes fonctions de président de la République ».

235 sondages pour 7,5 millions d’euros

Moins d’une heure après son arrivée, costume sombre, dossiers sous le bras, visage fermé, entouré de ses gardes du corps, Nicolas Sarkozy quittait le tribunal. Silencieux. Sans un regard pour les anciens membres de sa garde rapprochée aujourd’hui dans le box des accusés et qui encourent entre 2 et 7 ans de prison. Pour une affaire qui, de 2007 à 2012, aura coûté 7,5 millions d’euros pour 235 sondages…

AFP

Michel Platini (à gauche sur la phot) et Sepp Blatter (à droite) sur le terrain judiciaire.

Michel Platini poursuivi pour escroquerie

Après avoir été une des stars du football mondial dans les années 1980 puis avoir rangé les crampons dans l’armoire aux souvenirs, il a été de 2007 à 2015 président de l’UEFA (Union européenne de football). Il était également un des conseillers de Sepp Blatter, le président de la FIFA (Fédération internationale de football). Mieux : il était inscrit que le Français, 66 ans, trois fois Ballon d’or (1983, 1984 et 1985), succéderait à la tête de la fédération internationale à celui qu’on présentait comme son mentor.

Mais à la FIFA, depuis longtemps- et de nombreuses enquêtes journalistiques l’ont confirmé, les « petits arrangements entre amis » ont été monnaie courante- tout comme de sévères et violentes bagarres internes. Aujourd’hui dirigée par Gianni Infantino, un Suisse de 51 ans, la FIFA a fait le ménage en 2015 et poussé à la démission Sepp Blatter, aujourd’hui 85 ans et très malade. Lequel n’a pas voulu tomber seul. Dans sa chute, il a entraîné Michel Platini… Tous deux se retrouvent poursuivis par la justice suisse pour, parmi d’autres charges, « escroquerie ». Interrogé par l’AFP, Michel Platini a fait savoir qu’il est « parfaitement confiant et serein quant à l’issue de cette procédure, déplore «l’acharnement du parquet et conteste intégralement ces accusations infondées et injustes ».

Toutefois, le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone va vérifier, dans un premier temps, la régularité de l’acte d’accusation mais il est quasi certain, dès à présent, que tant Sepp Blatter que Michel Platini devront répondre, lors d’un procès, d’escroquerie, de gestion déloyale, d’abus de confiance et faux dans les titres. Après six ans d’enquête, les deux anciens dirigeants sont accusés d’« avoir illicitement arrangé un paiement de 2 millions de francs suisses (NDLR : environ 1,8 million d’euros) de la Fifa en faveur de Michel Platini ». Le Français assure avoir fourni un travail pour la FIFA auprès de Sepp Blatter et qu’en aucun cas, il n’y a là « enrichissement personnel ». N’empêche ! en Suisse, l’escroquerie est passible de cinq ans de prison ou d’une amende…

AFP

L’acteur français Ary Abittan impliqué dans un mauvais rôle? Il nie les accusations de viol à son encontre.

L’acteur Ary Abittan mis en examen

 Journaliste, Sandra Muller avait lancé le mouvement #BalanceTonPorc après avoir été harcelée par un patron d’une chaîne télé française. Ce 1er novembre, elle affichait un post sur sa page Facebook : « Je suis très attristée par cette nouvelle car Ary Abittan a été le seul à me défendre lors d’une émission dont je ne donnerai pas le nom pour éviter de leur faire de la pub alors que j’étais seule face à une bande hostile. Décidément… ».

Sous ces mots, la photo d’Ary Abittan, 47 ans, humoriste et comédien vu dans, entre autres, la série de films « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? » et l’information : « Le comédien en garde à vue après une plainte pour viol ». La garde à vue a duré 48 heures, à l’issue de laquelle il a été mis en examen suite à la plainte pour viol d’une femme avec qui il entretenait une relation et placé sous contrôle judiciaire. Le chroniqueur spécialiste du showbiz Bernard Montiel a défendu, lors d’une émission, le comédien : il assure avoir reçu, dans la foulée, des menaces de mort…

A ce jour, et c’est une règle fondamentale de la justice en France, mis en examen parce qu’il existe des « indices graves ou concordants contre lui », Ary Abittan est présumé innocent- ce que confirmera ou infirmera l’enquête en cours. Pour l’heure, on sait que la plainte n’a pas été déposée le 30 octobre dernier par la jeune fille mais par son entourage ; que le comédien la rencontrait régulièrement dans un appartement près des Champs-Elysées à Paris. On sait également que la plainte fait état d’une « relation sexuelle dégradante et non consentie » et que la jeune femme aurait « exprimé explicitement son refus »– des éléments matériels incriminants ont été présentés, pendant sa garde à vue, à Ary Abittan qui a nié les faits. Enfin, la jeune Parisienne, âgée de 23 ans, entretenait une relation régulière avec l’acteur mais, selon un enquêteur, elle serait « quelqu’un de simple qui, a priori, ne fréquente pas le show-biz ». Alors que cette affaire est à présent entre les mains d’un magistrat du Parquet de Paris, est réapparue sur les réseaux sociaux une vidéo d’une émission télé tournée en avril 2013 lors de laquelle Ary Abittan avait, en plateau, embrassé de force une ancienne Miss France…

 Serge BRESSAN (à Paris)