Christian Perronne, le médecin catalogué « anti-vax » gagne toutes ses procédures
Caution scientifique du documentaire « Hold-up », mais décrédibilisé par la communauté scientifique, l’infectiologue partisan des théories alternatives sur le Covid-19 était dans le viseur de l’Ordre des médecins français et de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Convoqué, le 13 septembre dernier par la Chambre Disciplinaire du conseil régional de l’Ordre des médecins d’Île-de-France, il lui est reproché ses prises de position lors de la crise sanitaire : l’efficacité discutable des vaccins en termes de transmission du virus, comme leurs effets secondaires, l’influence des Big pharma dans leur commercialisation et l’atteinte à la liberté de soins. De nombreux confrères l’ont lâché et moultes médias ont relayé « la chute d’un professeur jadis respecté ». Le chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Garches vient d’obtenir gain de cause devant ses pairs. Durant la pandémie, il avait le droit de s’exprimer en tant qu’infectiologue internationalement reconnu. En apportant la contradiction au gouvernement, une voix scientifique « discordante » est d’intérêt général.
La convocation pouvait aboutir à un large éventail de sanctions, pouvant aller jusqu’à une interdiction d’exercer pendant plusieurs années, jusqu’à la radiation. C’est un succès fracassant pour le cabinet français Auravocats. Par décision rendue ce vendredi 21 octobre, le Professeur Christian Perronne remporte l’ensemble de ses procédures devant la Chambre Disciplinaire de première instance d’Ile de France de l’ordre des médecins. Son avocat, Maître Thomas Benages résume les décisions rendues par la Chambre Disciplinaire
Rétroactes
L’Ordre reprochait au docteur Perronne ses prises de position lors de la crise sanitaire, pendant laquelle il a relayé des thèses antivaccins, mais aussi déclaré que l’ivermectine ou l’hydroxychloroquine ont une efficacité avérée contre le Covid – contrairement à ce que la communauté scientifique a démontré – ou encore que les malades du Covid représentent une aubaine financière pour les médecins.
C’est pour cette dernière déclaration que l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a mis fin à ses fonctions de chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital de Garches (AP-HP).
Une obligation de s’exprimer
Le professeur Christian Perronne était entendu suite à des plaintes déposée en 2020, par le Conseil National de L’ordre des Médecins (CNOM), et par le Dr Nathan Peiffer-Smadja. Dans le cadre de ces procédures, la Chambre Disciplinaire de première instance a donné raison au professeur Perronne.
Concernant la procédure intentée par le CNOM, la Chambre Disciplinaire a conclu que, au regard de sa qualité de spécialiste, le Pr Perronne avait le droit de s’exprimer, mieux, qu’il en avait l’obligation : « Le Dr Perronne, spécialiste internationalement reconnu comme un expert dans le domaine de l’infectiologie, était le mieux à même de comprendre les enjeux de santé publique. S’il s’est exprimé dans la presse sur l’action du gouvernement et sur l’industrie pharmaceutique, ainsi qu’il était légitime à le faire et en avait même l’obligation dans ce domaine qui relevait de sa compétence, il s’est borné à porter publiquement mais sans invectives une voix discordante sur un sujet d’intérêt général ».
Une saine liberté de ton
Concernant les procédures impliquant le Dr Nathan Peiffer-Smadja, la Chambre a rejeté la plainte du Dr Nathan Peiffer-Smadja contre le Pr Perronne, tout en le sanctionnant en retour, au regard des propos « de nature gravement anti-confraternelle » que celui-ci a tenu contre le Pr Perronne. De plus, selon la Chambre Disciplinaire il ne ressort d’aucune des pièces du dossier qu’à un quelconque moment il aurait eu un discours « antivax ».
Par ces décisions fondamentales la Chambre Disciplinaire est venue réaffirmer la liberté d’expression dont bénéficient les médecins universitaires, lorsque ceux-ci s’expriment de manière impersonnelle, tout en soulignant le rôle prépondérant qu’a tenu le Pr Perronne durant la crise sanitaire en apportant la contradiction au gouvernement et en ayant « une voix discordante sur un sujet d’intérêt général ».