EDITO : COMMENT REGLER LE CONFLIT ISRAELO-PALESTINIEN ?

Bombardement d’un hôpital à Gaza : une enquête internationale indépendante s’impose

Des manifestants assistent à un rassemblement pour dénoncer les opérations militaires israéliennes à Gaza, à Washington, DC, le 18 octobre 2023. AFP

Plusieurs heures après le bombardement de l’hôpital Al-Ahli Arabi à Gaza, c’est toujours la bouteille à encre concernant les auteurs de l’explosion qui a fait des dizaines de victimes. Le flou demeure également sur le nombre de victimes. Une chose est sûre, il y a des victimes et qu’il s’agisse d’une erreur d’aiguillage ou d’une action délibérée d’une des parties des forces en présence, la condamnation d’une telle opération ne doit faire l’ombre d’aucun doute. L’indignation doit être unanime face aux pertes en vies humaines dans la population civile et le fait qu’il s’agisse ici d’un hôpital.

Difficile de croire les affirmations des deux camps qui s’affrontent ou encore de leurs alliés. Car un doute subsistera et aujourd’hui, le conflit israélo-palestinien est aussi une guerre de l’information. Et dans ce conflit, il ne faut pas se leurrer : chaque camp essaie de manipuler l’opinion pour justifier son action. En attendant, ce sont les populations civiles qui paient le lourd tribut tant en morts qu’en termes d’individus déplacés du fait de la guerre.

Une enquête internationale indépendante s’impose et elle doit être confiée à une équipe composée d’experts aguerris et au-dessus de tout soupçon.

Pour y voir plus clair, une enquête internationale indépendante s’impose et elle doit être confiée à une équipe composée d’experts aguerris et au-dessus de tout soupçon. Elle doit avoir une liberté d’action totale pour mener ses investigations et travailler en toute transparence. Elle pourrait être supervisée par un groupe de pilotage composé de représentants de grandes et de petites nations tout en intégrant des envoyés spéciaux provenant d’Israël, de Gaza ou de Cisjordanie.

En attendant, le drame de l’hôpital Al-Ahli Arabi à Gaza démontre, si besoin en était encore, qu’il est temps de tout faire pour arrêter cette escalade de violence qui n’a que trop duré. En attendant que toute la lumière soit faite sur l’opération et que les responsabilités soient identifiées, Il faut tout faire pour renouer les fils du dialogue entre les belligérants. Mais il faut aussi voir la réalité en face : l’Etat hébreux est militairement et stratégiquement plus fort et ne peut pas se prévaloir de son statut de victime pour poursuivre une vengeance aveugle au point de plonger une région (Moyen-Orient), déjà en stabilité précaire, dans le chaos total. Le risque est grand de déstabiliser toute la région et d’ouvrir un front de guerre, alors qu’on n’a pas encore pu résoudre le conflit né de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Sans oublier l’onde choc de ce conflit israélo-palestinien qui touche déjà l’Europe avec les attentats terroristes.

L’Etat hébreux est militairement et stratégiquement plus fort et ne peut pas se prévaloir de son statut de victime pour poursuivre une vengeance aveugle.

Par ailleurs, ce n’est point par la force qu’Israël pourra libérer tous les otages, car en optant pour la solution militaire, il y aura forcément des dégâts collatéraux et il n’y a aucune certitude que les victimes soient uniquement dans le camp du groupe terroriste Hamas. Aucun sacrifice ne mérite une telle option. Par conséquent, il est temps de revenir à la raison et explorer d’autres voix plus pacifiques et saisir cette occasion pour entamer, une bonne fois pour toutes, un règlement du conflit israélo-palestinien. Mais avec l’idée que la résolution doit aboutir à la solution de deux Etats réellement indépendants et qui s’engagent à ne pas nourrir mutuellement de sombres desseins.