Chasse à l’anglicisme dans l’espace francophone : « Lorraine Airport » doit s’appeler « Lorraine Aéroport »
Au terme d’une bataille juridique acharnée de huit ans, l’Association Francophonie Avenir vient de remporter une victoire décisive contre l’anglicisation des noms dans l’espace francophone. La première chambre civile du tribunal judiciaire de Metz vient de lui donner raison en condamnant les dirigeants de l’aéroport à changer sa dénomination. Place donc à « Lorraine Aéroport » au lieu de l’appellation « Lorraine Airport » qui était utilisée par les dirigeants de l’Aéroport Metz-Nancy-Lorraine sur divers documents enseignes, supports matériels et virtuels, etc.). Le jugement octroie un euro symbolique de dommages et intérêts à l’association et 2.500 euros pour couvrir ses frais de procédure. L’aéroport a deux mois pour faire appel.
Histoire d’une lutte acharnée
L’histoire débute en 2015 lorsque l’Association Francophonie Avenir (AFRAV) initie une action juridique contre le changement de nom de l’Aéroport Metz-Nancy-Lorraine. Partant d’une demande au président de l’époque, Roger Tirlicien, de l’établissement public à caractère industriel et commercial, Aéroport-Metz-Nancy-Lorraine (EPMNL), l’association souligne d’emblée que l’appellation « Lorraine Airport » enfreint la loi Toubon du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française. Chaque étape de cette saga, de l’assignation au Tribunal de Grande Instance en octobre 2016 à la déclaration d’irrecevabilité en 2017, est caractérisée par la ténacité inébranlable de l’AFRAV.
Le recours au terme Airport apparaît illicite comme contrevenant aux dispositions de la loi n°94-665 du 4 août 1994.
Victoire symbolique et ses conséquences
Le 14 décembre 2023, le président de la première chambre civile du tribunal judiciaire de Metz accorde enfin la victoire à l’AFRAV. D’après le jugement, l’appellation « Lorraine Airport » méconnaît tant la Constitution française (article 2 imposant l’usage du français) que la loi Toubon (article 14 I) dans la mesure où il une existe une expression française équivalente pour remplacer « Airport ». Il s’agit d’aéroport. « Le recours au terme Airport apparaît illicite comme contrevenant aux dispositions de la loi n°94-665 du 4 août 1994 », lit-on dans le jugement qui précise qu’il « existait une expression française ou un terme français de même sens (que Lorraine Airport) à savoir « Lorraine Aéroport ».
Le jugement octroie donc 1 euro symbolique au titre de dommages et intérêts à l’association AFRAV. Par ailleurs, l’établissement public à caractère industriel et commercial, Aéroport-Metz-Nancy-Lorraine (EPMNL) doit aussi payer 2.500 euros pour couvrir les frais de la procédure judiciaire payés par l’association. Le jugement ne suit pas l’AFRAV dans sa demande de suppression de l’appellation Lorraine Airport sous peine d’astreinte.
Il établit toutefois une jurisprudence qui pourrait influencer les futures batailles juridiques en faveur de la langue française. Néanmoins, la partie adverse dispose de deux mois pour faire appel, maintenant l’issue en suspens.
La persévérance de l’AFRAV dans la défense de la francophonie
Au-delà de cette affaire, l’AFRAV, dirigée par Régis Ravat, illustre une ténacité exceptionnelle dans sa lutte contre l’anglicisation des noms dans l’espace francophone. Des actions en justice aux campagnes de collecte de fonds, chaque initiative de l’association souligne son engagement indéfectible en faveur de la diversité linguistique et de la promotion de la francophonie.
Hamid Chriet (en France)