SERIE POLITIQUE : LA PREMIERE FOIS AUX ELECTIONS

Michel De Wolf, un expert des chiffres pour défendre les couleurs de la N-VA dans le Hainaut

Michel De Wolf accuse le PS d'avoir créer un système d'assistanat en Wallonie avec les complicité du MR et des Engagés (ex-cdH). D.R.

Ancien doyen de la Louvain School of Management (UCL), Michel De Wolf, également ancien président de l’Institut des réviseurs d’entreprise (IRE), sera tête de liste pour la N-VA à la Chambre. Tout en précisant qu’il n’est pas pour autant membre du parti nationaliste flamand qui présente pour la première fois des candidats au scrutin fédéral en Belgique francophone, Michel De Wolf partage leurs constats et leurs solutions sur des sujets comme l’immigration, les transferts nord-sud et les allocations de chômage. Il soutient qu’il est faux de présenter la N-VA comme un parti raciste et qu’il n’y existe pas un sentiment anti-Francophone. Il accuse les partis traditionnels (PS, MR, Les Engagés) d’avoir fait le lit de l’extrême droite flamande (Vlaams Belang) en ayant refusé toute réforme notamment sur la problématique du chômage. En ce qui concerne l’indépendance de la Flandre, il indique que le président du parti, Bart De Wever, l’a répété, qu’elle ne sera jamais décrétée de façon unilatérale.

Quarante ans après une première expérience au niveau communal à Bruxelles sur la liste du PSC (ex-cdH et aujourd’hui Les Engagés), Michel De Wolf se relance en politique. Cette fois, c’est sur la liste du parti nationaliste flamand, N-VA, et au niveau fédéral. Il est leur tête de liste dans le Hainaut et espère décrocher un siège de député à la Chambre. Il s’agit d’un défi qui ne sera pas facile à relever, mais l’ancien doyen de Louvain School of Management (UCL) est plus déterminé que jamais. Il entend battre campagne jusqu’à la dernière minute pour augmenter ses chances de réussite à cet examen politique, nous a-t-il confié, il y a quelques jours.

Pourquoi s’est-il engagé avec la N-VA ?

Mais pourquoi a-t-il choisi de mouiller le maillot pour un parti nationaliste comme la N-VA qui n’a pas tellement bonne presse dans la partie francophone du pays ? « La N-VA est un parti mieux organisé avec une vision claire et qui se veut responsable. Il se distingue par une cohérence dans ses positions. Il refuse tout compromis juste pour se répartir le pouvoir. Mis devant le choix de se soumettre ou de se démettre après l’’approbation par les autres partis de la coalition suédoise du pacte de Marrakech auquel il était opposé, il a préféré la cohérence de sa position aux délices du pouvoir, perdant au passage cinq postes ministériels. On ouvre trop les frontières, alors qu’on n’a pas les moyens de faire face aux conséquences d’une telle option. La preuve, la Belgique est condamnée plusieurs milliers de fois parce qu’elle est incapable d’accueillir l’ensemble des demandeurs d’asile, créant ainsi des situations qui font monter le Vlaams Belang », explique Michel De Wolf.

La N-VA est un parti mieux organisé avec une vision claire et qui se veut responsable. Il se distingue par une cohérence dans ses positions.

Pour rappel, la N-VA a claqué la porte du Gouvernement fédéral en décembre 2018 après que le Premier ministre de l’époque, Charles Michel (MR) ait fait le déplacement de Marrakech pour aller signer le pacte mondial dit « des migrations sûre, ordonnées et régulières ». Le parti nationaliste flamand s’était opposé au texte estimant qu’il conduirait à une perte de souveraineté du pays sur les questions migratoires.

Ses dirigeants indiquaient, à l’époque, que le pacte conduirait à entretenir une « culture des migrants » et forcerait notre pays à « donner des droits sociaux aux immigrés clandestins ». Or il s’agissait, d’après des experts, d’un texte juridiquement non contraignant. « La N-VA n’est pas du tout un parti raciste. Ce que dit son président, Bart De Wever, c’est qu’il faut imposer des conditions et des restrictions permettant de maîtriser l’afflux de demandeurs d’asile en Belgique », précise Michel De Wolf, soulignant également que le racisme anti-Francophone n’a jamais existé au sein du parti nationaliste.

BELGA

Le président de la N-VA, Bart De Wever (à gauche sur la photo) et le député fédéral sortant, Théo Francken (à droite) entourant un autre candidat francophone, Drieu Godefridi. (BELGA PHOTO HATIM KAGHAT)

Mettre fin au système d’assistanat du PS en Wallonie

Tout en précisant qu’il n’est pas membre de la N-VA, même s’il se présente sous les couleurs du parti nationaliste flamand, il défend leur analyse dénonçant la gestion des partis traditionnels francophones. « Le PS a instauré en Wallonie un système d’assistanat auquel le MR apporte son soutien, de même que le cdH/Les Engagés. Durant ces 25 dernières années, le PS a exercé le pouvoir en Wallonie pendant 23 ans avec la connivence alternativement du MR et des Engagés, en mettant en place une gestion irresponsable et avec comme conséquences notamment une dette wallonne et de la Communauté française gigantesque », critique Michel De Wolf, homme de chiffres et ancien président de l’Institut des réviseurs d’entreprise (IRE).

La N-VA refuse de continuer à financer cette gestion catastrophique dans le sud du pays et veut mettre en place un mécanisme de transfert nord-sud décroissant sur 25 ans.

Pour lui, cette situation a un impact sur le niveau fédéral et les transferts nord-sud. « La N-VA refuse de continuer à financer cette gestion catastrophique dans le sud du pays et veut mettre en place un mécanisme de transfert nord-sud décroissant sur 25 ans. N’est-ce pas suffisant à la Wallonie pour se refaire et se développer, mais à condition de changer le système de gestion en renonçant par exemple à l’allocation du chômage à durée indéterminée. Regardez, la France vient d’ailleurs de durcir de nouveau son mécanisme d’indemnités de chômage, preuve que c’est possible. Si les dirigeants wallons veulent continuer ce système de gestion clientéliste, qu’ils le fassent avec leur argent ou leur endettement », poursuit-il.

Sur la question de l’indépendance de la Flandre que vise la N-VA, il répond que le parti nationaliste et son président n’entendent certainement pas la proclamer de façon unilatérale. « Bart De Wever a vu le chaos que cette façon de faire a provoqué en Catalogne et qui n’a pas débouché sur un progrès. Et il n’est, de toute façon, pas question de travailler contre la volonté de la population », conclut-il.

S’il est élu député, il s’intéressera aux dossiers liés aux finances et à la fiscalité, à la justice et aux affaires étrangères.