Faillite de Babykid : les clients ayant versé un acompte ou payé leurs commandes ont un mois pour exiger leurs biens
Journaliste – Rédacteur en chef.
Les curateurs des trois sociétés faillies (BBK Expansion, Bassani, Distrinam) qui exploitent les boutiques de vente d’articles de puériculture sous la marque Babykid ont informé les clients qu’ils ont jusqu’au 12 novembre 2024 pour déclarer leurs créances. Ils doivent fournir les justificatifs nécessaires prouvant leurs créances. La même échéance est fixée pour les personnes ayant déposé leurs listes de naissance ou qui ont commandé des biens, elles « peuvent les revendiquer s’ils sont intégralement payés » en adressant un courrier recommandé aux curateurs. Mais attention, précisent les curateurs, « le fait de revendiquer ne signifie pas automatiquement que vous pourrez récupérer les biens concernés ». Visiblement, c’est le parcours du combattant qui se profile pour les clients de l’enseigne Babykid. La situation fait des mécontents qui n’hésitent pas à critiquer les dirigeants. Le propriétaire et patron de la marque, Joseph Bodart, dénonce des propos menaçants à son égard. Du côté des travailleurs, les langues se délient.
Prononcée il y a quelques jours, la faillite des trois sociétés (BBK Expansion, Bassani, Distrinam) qui exploitent les magasins de vente d’articles de puériculture sous la marque Babykid n’est pas près d’être clôturée. Me Bénédicte Humblet (Namur) et son confrère de Liège, Me Yves Bisinella, les curateurs désignés par le tribunal de l’entreprise de Liège, division de Namur, viennent d’envoyer un courrier de deux pages aux clients leur détaillant la marche à suivre pour récupérer leurs biens. « Les personnes qui s’estiment être créancières d’une des sociétés faillies sont invitées à déposer leur déclaration de créance sur la plateforme en ligne https://www.regsol.be/ en y annexant toutes les pièces justificatives utiles. A cet égard, veuillez noter que : les magasins de Gosselies, Hognoul, Libramont, Marche-en-Famenne et Verviers appartiennent à la SRL BBK Expansion ; les magasins de Mons, La Louvière, Auderghem et Arlon appartiennent à la SRL Bassani ; les magasins de Namur et Liège (Belle-Ile) appartiennent à la SRL Distrinam », conseillent les deux curateurs.
Echéance du 12 novembre 2024
Pour espérer récupérer leurs acomptes ou articles commandés, les clients doivent déposer leurs créances avant la date de clôture du premier procès-verbal de vérification des créances, soit le 12 novembre 2024. Ils doivent aussi bien identifier la société faillie qui exploite le magasin dans lequel ils ont passé leurs commandes ou déposé leurs listes de naissance. « Attention, il faut déclarer la créance dans la faillite de la société qui exploitait le magasin dans lequel la commande a été passée ou le bon d’achat obtenu », poursuivent les deux avocats.
Attention, il faut déclarer la créance dans la faillite de la société qui exploitait le magasin dans lequel la commande a été passée ou le bon d’achat obtenu.
Une fois, cette première démarche faite, il n’y a aucune certitude que les clients obtiennent gain de cause. « Ces créances seront vérifiées, acceptées ou contestées par les curateurs. Si elles sont contestées, vous serez convoqués à l’audience du tribunal de l’entreprise de Namur qui statuera sur la demande d’admission de créance au passif de la faillite. Une fois la créance admise, il faudra patienter jusqu’à la clôture de la faillite. A ce moment, les curateurs proposent une répartition des actifs entre les créanciers en fonction des privilèges légaux ou contractuels. Les créanciers seront convoqués à la reddition des comptes et pourront s’y opposer. S’il n’y a pas d’opposition, les curateurs répartissent les fonds comme annoncé. S’il y a opposition, le tribunal est saisi des contestations et tranche. Les curateurs répartissent alors selon la décision du tribunal », précisent les deux curateurs.
Les curateurs tentent de calmer les clients
Les futurs parents ayant déposé leurs listes de naissance ou commandé des articles peuvent les exiger si ceux-ci sont intégralement payés, mais avant le 12 novembre 2024. Ils doivent adresser leurs revendications par écrit, de préférence par courrier recommandé, aux curateurs. « Le fait de revendiquer ne signifie pas automatiquement que vous pourrez récupérer les biens concernés. Les curateurs peuvent estimer que vous ne prouvez pas suffisamment votre droit de propriété. Il peut aussi exister des droits de propriété concurrents qui priment le vôtre. Après le dépôt du premier procès-verbal de vérification des créances, nous prendrons attitude sur l’ensemble de ces revendications de l’accord de Monsieur le Juge commissaire », préviennent les deux curateurs.
La curatrice Me Bénédicte Humblet a mis un message spécifique à l’adresse des clients et des travailleurs sur le répondeur téléphonique de son cabinet à Namur (Tél : 081/24.16.60.).
Le fait de revendiquer ne signifie pas automatiquement que vous pourrez récupérer les biens concernés.
La faillite de l’enseigne Babykid suscite des mécontentements chez des clients qui déversent leur colère sur les réseaux sociaux. Ils redoutent de ne pas récupérer les articles commandés ou leurs acomptes. « Je suis tellement en colère et triste », peste une maman. Beaucoup de témoignages vont dans le même sens. Les curateurs prient les clients « de ne pas/plus importuner les travailleurs, en ce compris les gérants des magasins, qui ont été licenciés en raison de la faillite, qui ne sont pas responsables de la situation et qui en subissent également les conséquences ».
Amertume du personnel
De son côté, le personnel, principalement féminin, est partagé entre amertume et déception. « M. Bodart (propriétaire et directeur général, ndlr) se dédouane, mais il a une part de responsabilité dans ce qui nous arrive », observe une vendeuse. « La direction n’a pas joué totalement la transparence, elle n’a pas assez écouté les travailleurs qui étaient dans les magasins. Résultat des courses, elle n’a pas répondu aux attentes des clients au niveau des articles proposés. Et pourtant, on rapportait le mécontentement des clients », renchérit une autre. « On peut comprendre qu’il ait fait ce qu’il a pu, mais s’il y a aujourd’hui une faillite, c’est qu’il y a quelque chose qui n’a pas fonctionné », déclare une autre.
La direction n’a pas joué totalement la transparence, elle n’a pas assez écouté les travailleurs qui étaient dans les magasins.
De son côté, Joseph Bodart se défend de tout manquement et assure avoir tout fait pour sauver Babykid. Il fustige les informations parues dans la presse et qui tentent à le désigner comme le responsable de la débâcle de l’enseigne. « Je suis pointé comme le seul responsable. Il y a des propos menaçants à mon égard sur les réseaux sociaux (…). Certains écrivent même qu’ils ont l’adresse de mon domicile. Cela va trop loin », se lamente-t-il.
Une piste française qui n’a pas abouti
Selon nos informations, la veille de l’audience du tribunal de l’entreprise de Liège, division de Namur, il a envoyé un courriel au personnel l’informant des alternatives. « Je vous contacte aujourd’hui pour vous faire part d’une mauvaise et triste nouvelle. Nous nous battons depuis plusieurs mois afin de sauver Babykid, nous n’avons pas compté nos efforts, mais ceux-ci n’auront malheureusement pas suffi. Demain, le tribunal prononcera la faillite ou la liquidation de BBK Expansion, de Bassani et de Distrinam », écrit Joseph Bodart dans un courriel du 30 septembre 2024, invitant le personnel à ne pas ouvrir les magasins. Il évoque « une très belle piste » qui aurait pu offrir « une réelle opportunité » pour éviter la faillite. Mais elle n’a pas abouti pour diverses raisons. Selon nos informations, il s’agirait d’un spécialiste français de la puériculture.
Le directeur général demande au personnel de ne rien communiquer vers l’extérieur, et encore moins, à la presse, sous peine d’être pris en défaut.
Le mardi 1er octobre 2024, son avocat a plaidé la liquidation, mais le tribunal en a décidé autrement et a prononcé la faillite.