POLEMIQUE AUTOUR DU PREMIER LIVRE DE JORDAN BARDELLA

Quand les chemins de fer français offrent une publicité gratuite au président du RN, Jordan Bardella

Le président du RN, Jordan Bardella, s'offre une publicité gratuite grâce à la SNCF et pourrait gagner de nouveaux soutiens suite à la polémique autour de son livre. bePress Photo Agency / Philippe

C’est l’une des polémiques qui divisent actuellement les journaux et la population français en ce moment : le refus de Mediatransports d’accueillir la campagne d’affichage publicitaire pour la sortie du livre du président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella. L’agence qui exploite les panneaux publicitaires de la RATP et de la SNCF installés dans les gares et dans les stations de métro parisiennes précise que « tant la SNCF, dans l’exercice de sa mission de service public, que Mediatransports dans l’exploitation publicitaire réalisée dans les gares doivent respecter le principe de neutralité, notamment politique ».

Elle estime que « la promotion d’un homme politique en exercice, président d’un parti, porte atteinte à ce principe de neutralité ». Elle n’entend donc pas ouvrir ses espaces à la campagne d’affichage de la couverture du livre, intitulé « ce que je cherche ».

Tant la SNCF, dans l’exercice de sa mission de service public, que Mediatransports dans l’exploitation publicitaire réalisée dans les gares doivent respecter le principe de neutralité, notamment politique.

Sans pour autant le dire explicitement, Mediatransports espère ainsi contribuer à la propagation des idées de l’extrême droite en refusant d’offrir ces près de 500 panneaux publicitaires à partir de fin novembre pour promouvoir le livre du président du RN. Mais ce faisant, sa décision, applaudit notamment par les syndicats, (CGT-Cheminots, Sud-Rail) aura certainement l’effet inverse. Car l’écho donné par les médias, les réseaux sociaux et les élus du RN, au refus de Mediatransports, renforcera la curiosité autour du livre et attirera encore plus l’attention des lecteurs.

Par ailleurs, Mediatransports n’est pas sans savoir que le livre est édité par Fayard, une maison d’édition du groupe Hachette, propriété du milliardaire Vincent Bolloré, dont les médias qu’il contrôle (Europe 1, le JDD, CNews) ont assuré une grande couverture de la polémique déclenchée par la régie publicitaire.

A partir du moment où le RN n’est pas déclaré par la justice comme un parti illégal, autant le combattre par des arguments solides sur le terrain des idées plutôt que de prendre des décisions qui ne feront que le renforcer.

La décision de Mediatransports ne freinera pas du tout la propagation des idées de l’extrême droite. Au contraire, l’agence publicitaire leur offre une caisse de résonnance et ne fera que renforcer la mobilisation de ceux qui sont déjà convaincus par ces idées. Par ailleurs, en jouant sur la corde de la victimisation, le président du RN pourrait gagner au passage de nouveaux soutiens. Mediatransport a donc raté son objectif.

La décision de refus de l’agence publicitaire s’apparente aussi à une hypocrisie grotesque dans la mesure où elle par le passé accueilli la campagne publicitaire des livres des anciens présidents, Nicolas Sarkozy et de François Hollande.

A partir du moment où le RN n’est pas déclaré par la justice comme un parti illégal, autant le combattre par des arguments solides sur le terrain des idées plutôt que de prendre des décisions qui ne feront que le renforcer.