LA POLEMIQUE SE POURSUIT AUTOUR DU LIVRE SUR L'ISLAMISME RADICAL DANS LES CLASSES

« Allah n’a rien à faire à faire dans ma classe » : l’ex-Délégué général aux droits de l’enfant accuse les auteurs de provocation


Dans un message publié sur Facebook, l’ancien Délégué général aux droits de l’enfant, Bernard De Vos Dumont, estime que les auteurs du livre « Allah n’a rien à faire dans ma classe » ont choisi un titre délibérément provocateur. « ” Dieu n’a rien à faire dans ma classe ” ou ” Les islamistes n’ont rien à faire dans ma classe ” auraient sans doute pu convenir. Evidemment, c’est moins provocateur. Et sans doute moins vendeur. (…) et des jeunes ont répondu comme prévu à la provocation », a-t-il écrit. Il estime également qu’afficher « Allah en grand dans les librairies, pour dire qu’il est malvenu dans les classes n’est pas la meilleure manière d’entamer un front commun contre les fondamentalistes ». Le journaliste Jean-Pierre Martin, l’un des deux auteurs de l’ouvrage, lui a reproché d’être « malhonnête » et d’avoir mis « une cible » dans le dos des auteurs. « Le titre n’est pas une provocation : c’est un cri du cœur de profs qui ont bien prononcé ces paroles », a-t-il rétorqué. Il faut dire que le fait d’avoir mis le titre entre guillemets indique qu’il s’agit d’une citation.

La polémique autour du livre « Allah n’a rien à faire à faire dans ma classe » se poursuit et, cette fois, c’est l’ancien Délégué général aux droits de l’enfant en Communauté française qui vient de remettre une pièce dans la machine. « “Dieu n’a rien à faire dans ma classe” ou mieux encore “Les islamistes n’ont rien à faire dans ma classe” auraient sans doute pu convenir. Evidemment c’est moins provocateur. Et sans doute moins vendeur. Puis ils ont dû se dire qu’en rajouter une couche ce serait encore plus vendeur et on a inscrit “Allah” en caractères plus grands. Et, forcément, beaucoup de croyants, pas du tout intégristes, se sont sentis visés. Une fois de plus. Et des “jeunes” ont répondu comme prévu à la provocation. Et ça fait les choux gras des médias. Tout le monde en parle. Et moi aussi », a écrit Bernard De Vos Dumont, jeudi 21 novembre 2024, sur sa page Facebook.

Licencié en islamologie de l’ULB

L’ancien Délégué général aux droits de l’enfant en Communauté française indique toutefois que « les fondamentalismes religieux c’est une plaie. Contre lesquels toute société doit s’ériger. L’islamisme, le radicalisme musulman n’y échappent pas. Mais cette vision néocolonialiste qui consiste à croire qu’il est possible de les combattre sans l’énorme majorité des musulmans « modérés » est parfaitement imbécile. Mettre Allah, en grand, en tête de gondole dans les librairies, pour dire qu’il est malvenu dans les classes, n’est sans doute pas la meilleure manière d’entamer un front commun contre les fondamentalistes. Qui eux, clairement, n’ont rien à faire dans les classes. (Le tout dans un pays où la moitié des écoles sont d’obédience catholique…) ».

Titulaire d’une licence spéciale en islamologie et sciences orientales (troisième cycle universitaire) à l’ULB, l’ancien Délégué général aux droits de l’enfant a occupé la fonction pendant 15 ans.

Sa sortie n’a pas échappé aux auteurs de l’ouvrage. « Cher Bernard, pour critiquer un livre, il faut le lire. Ne pas le faire et mettre une cible sur ses auteurs n’est pas seulement malhonnête, mais répréhensible. C’est ainsi que Samuel Paty a été assassiné. À cause d’un collègue malveillant et menteur. Il n’était pas fier devant le tribunal qui juge en ce moment les complices de cet horrible assassinat », a rétorqué Jean-Pierre Martin, un des deux auteurs du livre.

Une analyse indigne d’un ex-Délégué général aux droits de l’enfant

L’ancien journaliste se défend de toute provocation. « Le titre n’est pas une provocation : c’est le cri du cœur de profs qui ont bien prononcé ces paroles. Lisez par exemple le « Standaard « de ce jeudi vous y lirez que ce livre, écrit par des journalistes amoureux du monde arabe et bienveillants à l’égard de toutes les religions, est un ouvrage de discernement, un ouvrage pour permettre aux démocrates de s’emparer de cette question du fondamentalisme. L’analyse que vous en faites est comment dire… Indigne de la fonction qui vous avait été confiée », a conclu l’ancien journaliste. Le titre étant entre guillemets indique qu’il s’agit d’une citation.

Une rencontre, programmée le samedi 16 novembre 2024 entre les auteurs de l’ouvrage, Jean-Pierre Martin et Laurence D’Hondt, avec des lecteurs  à la Fnac de Woluwe-Saint-Lambert en vue d’une séance de dédicaces a été annulée. En cause, des menaces et des intimidations de la part de « groupes de jeunes » vis-à-vis du personnel et de la direction de l’enseigne exigeant l’annulation de la rencontre de dédicaces et le retrait du livre.

Ph. Law.