EDITO

Une cacophonie politique

BELGA

Comme si l’incohérence des mesures anti-Covid ne suffisait pas assez pour désarçonner les citoyens et les mettre un peu plus en colère, il a fallu que nos responsables politiques brillent par des sorties individuelles tous azimuts qui viennent brouiller le message du Gouvernement fédéral. Mercredi, à peine le comité de concertation terminé que les Libéraux mettent leur grain de sable dans les rouages de la communication officielle faisant voler en éclat la solidarité gouvernementale.

Les partis de la majorité fédérale doivent se serrer les coudes

On n’est pas encore au stade où le MR va s’empresser de débrancher la prise au risque de provoquer une crise institutionnelle mais les Libéraux du sud du pays font sérieusement tanguer la majorité fédérale. Et c’est principalement le fait de leur président Georges-Louis Bouchez. « Ce nouveau lockdown est bien évidemment un triple échec. Il est aussi regrettable que le fardeau pèse essentiellement sur la Belgique qui travaille. Il faut des données objectives pour apprendre à vivre avec le virus et surtout accélérer la vaccination », tweetait le fougueux président des Libéraux francophones. On croirait lire un tweet (volontairement ?) assassin et déstabilisant  d’un élu de l’opposition. Que nenni ! C’est bien la sortie d’un président d’un parti de la majorité fédérale. Et comme si cela ne suffisait pas, un autre ténor du même parti mettait un autre coup dans l’aile de la majorité en affirmant que « sa confiance en ce comité de concertation est ébranlée ».

Confusion au sommet

Cette sortie est d’autant plus malvenue que le MR est aussi membre de la majorité gouvernementale aux autres niveaux de pouvoir en Belgique francophone, tant en Région wallonne qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles. Jeudi soir, sur le plateau de la RTBF, le président Bouchez se défendait en indiquant que « le rôle d’un parti politique n’est pas d’être le porte-parole du gouvernement ». Soit. Mais en agissant ainsi, il oublie que le rôle d’un parti de la majorité, c’est aussi, et avant tout, de respecter ses partenaires, ses engagements et surtout, de ne pas jouer une partition individuelle quand l’attelage gouvernemental traverse une sérieuse zone de turbulences. Certains au sein du MR sont conscients de cette correction à avoir vis-à-vis de ses partenaires de majorité. Ils l’ont fait savoir.

A l’heure où les mesures sont de plus en plus contestées par les citoyens en raison de leur incohérence et de leur manque de pragmatisme, les partis de la majorité fédérale doivent se serrer les coudes pour ne laisser apparaître aucune faille dans leur engagement de gouverner ensemble pour une législature. Le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) a bien raison de rappeler ses partenaires du MR à l’ordre. Ne pas le faire reviendrait à renforcer encore un peu plus le reproche de manque de leadership qu’on lui fait. PS et Ecolo jouent plutôt de leur côté le jeu de la loyauté fédérale. Ils se disent probablement, et à juste titre, que le moment est suffisamment grave et les mesures suffisamment difficiles à supporter par le citoyen que pour faire de la politique politicienne.

Du côté du MR, en agissant ainsi, le président du parti pense peut-être contenter ses électeurs et sympathisants en espérant leur montrer qu’il ne dit pas amen à tout. Mais il risque plutôt de semer chez eux lassitude et confusion.