EDITO

Les autotests, nouvelle cacophonie européenne

BELGA

Attendus avec impatience par les citoyens, les autotests de dépistage du Covid-19 sont en vente depuis ce mardi 6 avril dans les pharmacies à un prix variant entre 5 et 10 euros. C’est une bonne nouvelle pour la population, car ils pourraient permettre de desserrer un peu l’étau des restrictions des libertés imposées à la population depuis des mois. Mais sa mise sur le marché semble se faire dans une sorte de cacophonie à tous les niveaux.

Un autotest positif au Coronavirus oblige le citoyen à se soumettre à un test PCR pour confirmer le diagnostic.

D’abord, au niveau national. En effet, la rapidité avec laquelle certaines firmes ont obtenu l’autorisation provisoire de mise sur le marché de leur produit autotest interpelle plusieurs acteurs laissant planer ainsi des soupçons de favoritisme vis-à-vis de grands acteurs de l’industrie du pharma. Par ailleurs, quelle liberté le citoyen peut-il s’autoriser une fois que son autotest est négatif ? La communication à ce niveau n’est pas vraiment très claire. Tout au plus on sait juste qu’un autotest positif au Coronavirus oblige le citoyen à se soumettre à un test PCR pour confirmer le diagnostic.

La mise sur le marché des autotests donne lieu aussi à une cacophonie au niveau européen, illustrant ainsi la difficulté des hautes autorités de l’Union à adopter une stratégie cohérente, claire et efficace pour les citoyens. En effet, alors que dans certains pays comme l’Allemagne, l’Autriche, le Portugal et aux Pays-Bas, les autotests sont en vente libre dans les grandes surfaces, la Belgique et la France limitent (pour l’instant ?) sa commercialisation aux pharmacies. Une victoire du lobbying des officines de vente de médicaments ? Certains esprits (mal tournés ?) le pensent.

Infantilisation de la population

Mais pourquoi ne pas autoriser cette vente dans les grandes surfaces ? Des observateurs mettent en avant une fiabilité moins grande. D’autres redoutent des risques de blessures ou encore une tendance de la population à ne pas jouer la franchise et à cacher le résultat en cas de test positif. Au contraire, la vente libre des autotests est appréciée par la population vu le succès. Ces considérations pour refuser la vente libre des autotests dans les grandes surfaces traduisent encore cette tendance d’infantilisation de la population et à ne pas lui faire confiance. Elles ne tiennent pas vraiment la route, car dans les pays comme l’Allemagne, l’Autriche ou encore la Suisse ou l’Angleterre où la vente libre est autorisée, aucune mauvaise utilisation ou blessure ne sont rapportées pour l’instant. Au contraire, elle rend de l’espoir à la population.

En France, la Haute autorité de la santé (HAS)  a d’ailleurs indiqué que « même si la performance est moins bonne, elle peut tout de même rester acceptable ». Elle recommandait la vente libre des autotests estimant que la fiabilité moindre des autotests pouvait être compensée par la fréquence plus élevée de ces tests « plus accessibles, plus rapides et plus acceptables pour la population, car moins douloureux ». Mais la HAS n’a pas été suivie par le gouvernement français.

Il est encore temps pour les autorités européennes d’être beaucoup plus proactives dans la lutte contre la pandémie en harmonisant les règles sur plusieurs dossiers. La vente libre des autotests pourrait être un… test, car elle ne ferait du tort à personne. Au contraire les bénéfices d’une telle stratégie sont plus importants que les risques.