EDITO

Ouïghours : mais à quel jeu joue le PTB?

BELGA

Malgré les témoignages et les reportages sur les mauvais traitements infligés par la Chine à la population musulmane des Ouïghours sous prétexte de lutter contre le terrorisme, le Parti des travailleurs de Belgique (PTB) continue à faire la sourde oreille et à faire comme si les exactions dénoncées n’ont jamais existé. Cette population forte de près 12 millions d’habitants ne jouit d’aucune liberté en Chine. Mais pour le PTB, la ligne qui prime, c’est « circuler, il n’y a rien à voir ». Plusieurs résolutions ont été votées notamment dans différents hémicycles démocratiques, mais le parti rouge a, à chaque fois, snobé la démarche des députés visant à dénoncer l’attitude des autorités chinoises vis-à-vis des Ouïghours et à leur apporter un soutien sans faille.

Le PTB semble avoir fait son choix entre une ligne dogmatique et la défense des droits humains.

Le PTB fait preuve d’une surprenante complaisance à l’égard du régime maoïste de Pékin, alors que le régime bafoue les libertés les plus essentielles chères aux responsables du parti des travailleurs de Belgique. La liberté d’expression est maintenue sous silence en Chine communiste et la liberté syndicale est loin d’y être une réalité. La répression y est monnaie courante et, grâce à un régime autoritaire, gouvernant avec une main de fer, les dirigeants chinois ont réussi à maintenir sous contrôle une population totale de plus d’un milliard d’habitants.

Sur le site du PTB, on découvre désormais un texte datant du 24 mars dernier signé par le député rouge Nabil Boukili. Il soutient que son parti se préoccupe du sort des Ouïghours et condamne la politique répression de la Chine dans le Xinjiang où vive cette population musulmane. Mais en même temps, il estime qu’apporter leur voix aux résolutions qui dénoncent et condamnent la Chine reviendrait à cautionner une guerre froide que veulent mener les USA et leurs alliés occidentaux à l’Empire du Milieu. Pour lui, cette stratégie ne vise qu’à diaboliser le géant chinois dont la puissance économique et technologique fait peur au pays de l’oncle Sam et à ses alliés occidentaux.

Par son attitude chèvrechoutiste, le PTB semble avoir fait son choix entre une ligne dogmatique et la défense des droits humains. Le parti de Raoul Hedebouw donne surtout l’impression de ne rien faire qui puisse mécontenter un pays dont il refuse de se démarquer depuis des années. Malgré tout le travail fait pour présenter le PTB comme un parti ayant tourné le dos à ses penchants communistes et maoïstes, ses dirigeants donnent aujourd’hui l’impression qu’ils ne sont pas encore prêts à s’en débarrasser définitivement. Peu importe les tortures infligées à une population, le flicage des familles, la stérilisation forcée de femmes ou encore des disparitions mystérieuses. C’est juste dommage.