EDITO

Une sanction éducative

AFP

Le mardi 13 avril, Kevin, un jeune homme de 29 ans souffrant de handicap mental a été battu par un groupe de jeunes dans le parc des Barrières à Lommel, en Flandre. Sans raison apparente. Il y a environ un mois, début mars, des adolescents, âgés de 16 ans et 17 ans, frappaient à mort un homosexuel de 42 ans, à Beveren, toujours en Flandre.

Nos jeunes ont besoin de toute notre attention

D’abord, ce serait une erreur de considérer que ce sont des actes isolés et qu’il n’y a aucun lien à voir entre ces deux faits dramatiques. Ensuite, on s’enfoncerait encore plus dans le déni en pensant que ces deux événements ne touchent que le nord du pays. Cette violence des jeunes vis-à-vis des tiers, parfois aussi jeunes qu’eux, s’est également déroulée en France. Bruxelles et la Wallonie ne sont pas épargnées. Mais ces deux actes barbares de ces derniers jours, en Flandre ou sous d’autres cieux, ne sont que la partie visible d’un phénomène beaucoup plus profond lié à l’intolérance et au rejet de l’autre. Le phénomène peut aussi constituer l’expression d’un mal être. Les auteurs se donnent parfois pour mission de s’attaquer à ce qu’ils considèrent comme ne faisant pas partie de la « normalité ». Le phénomène est d’autant plus inquiétant qu’il est aujourd’hui le fait de jeunes esprits qui ne sont autres que les adultes de demain. Il se multiplie et certains y trouveront comme explication les effets de la crise sanitaire et ses mesures de confinement qui pèsent sur l’état psychologique des jeunes citoyens. Ce n’est qu’une partie infime de l’explication. Mais le confinement n’a fait que donner libre cours à un comportement d’esprits faibles façonnés par des discours de haine tenus par des groupuscules qui n’ont de cesse de s’attaquer à des personnes qu’ils considèrent comme faibles ou différentes d’eux.

Il va de soi que la justice doit sévir et ne doit jamais laisser ces actes barbares impunis. Pour ces jeunes auteurs, l’espoir reste encore de mise de les voir s’amender, se remettre en question. Plutôt
que de les jeter en prison d’où ils risquent de sortir encore plus agressifs, il faudrait des sanctions éducatives, pourquoi pas des Travaux d’Intérêt Général (TIG), qui leur permettraient de côtoyer ce qu’ils ont jusqu’à présent détesté et d’être ainsi sensibilisés à une autre réalité qui mérite de la bienveillance, de la tolérance et de la compréhension. La justice des adultes peut aussi s’appliquer
dans certains cas si la sanction éducative n’a pas d’effet.

Mais il faut aussi attaquer le mal à la racine avant qu’il ne débouche sur des actes dramatiques. Ces solutions passent par l’éducation au sein des familles, la sensibilisation et un travail beaucoup plus soutenu dans les écoles. Nos jeunes ont besoin de toute notre attention. Les autorités publiques se doivent d’investir davantage de moyens dans toutes les initiatives et les projets permettant de leur offrir un encadrement où ils pourront s’épanouir et se construire valablement.  C’est un investissement dont le retour sera plus bénéfique pour la société que la construction de centres de détention ou d’Institutions Publiques de Protection de la Jeunesse (IPPJ).