EDITO

Integrale, un gâchis en bord de Meuse

D.R.

Après des semaines de négociations, les quatre administrateurs provisoires nommés par la BNB ont conclu, jeudi, avec Monument Assurance Belgium (MAB), un accord de cession de l’ensemble du portefeuille et du personnel d’Integrale à la filiale belge du réassureur international Monument Re. Ce dernier a certainement réalisé une belle opération en rachetant des actifs pour près de 4 milliards d’euros. Les travailleurs de l’assureur liégeois sont aujourd’hui fixés sur leur sort. Les affiliés sont certainement soulagés parce que leurs assurances sont garanties (assurance-vie, etc.).

Mais pour les actionnaires, dont principalement Nethys, propriétaire à 71% d’Intégrale, Ogeo Fund (20%) et le français APICIL (environ 6%), c’est un énorme gâchis parce qu’ils ne vont rien récupérer de leur mise (plus de 360 millions d’euros), ou très peu. Pour des créanciers, notamment Ethias, la SRIW et la Mutuelle (française) Générale de l’Education Nationale (MGEN), qui avaient prêté respectivement 20 millions, 25 millions et 10 millions d’euros, c’est également une douche froide puisqu’il y a de fortes chances qu’ils ne retrouvent pas leurs billes suite à la cession du portefeuille d’Intégrale à MAB. Les détenteurs d’obligations, comme la française MGEN ou encore les Retraites Populaires suisses, spécialiste vaudois de l’assurance vie, sont également logés à la même enseigne : les millions d’obligations qu’ils ont achetées ne vaudront bientôt plus rien en bourse (Euronext).

Qu’est-ce qui a bien pu peser dans la balance pour que l’actionnaire principal Nethys et les administrateurs provisoires rejettent l’offre du gestionnaire d’actifs River Rock au profit de celle de Monument Assurance Belgium, alors que la direction d’Integrale avait opté, après analyse des différentes offres, pour River Rock ? La question mérite d’être posée et il faudrait que des réponses claires, précises et argumentées soient apportées. La question est d’autant plus pertinente que River Rock, dans son offre, rachetait la société Intégrale, prenant ainsi à sa charge les engagements envers les créanciers et annonçait la couleur d’une injection de capital de 240 millions dans Intégrale.

Monument Assurance Belgium rachète juste le portefeuille et laisse les dettes sur les épaules de Nethys et Cie. A quel prix ? Mystère. La filiale de Monument Re abandonne aussi les créanciers à leur triste sort. La cession du portefeuille d’Intégrale fait donc perdre de l’argent à une série d’institutions et d’acteurs : Ogeo Fund et les pensionnés dont il gère les pensions, la SRIW, Ethias, etc. Un voile de discrétion et de silence est mis sur le dossier comme s’il créait un malaise.

Par ailleurs, il faudra aussi éclaircir les affirmations selon lesquelles Intégrale valait, il y a deux ans, plus de 200 millions d’euros ou qu’un autre projet, largement plus avantageux, était sur table. Quelle est la responsabilité de l’ancien management de Nethys et de certains anciens cadres d’Integrale ainsi que celle de la nouvelle direction de l’intercommunale liégeoise dans un processus qui a tout l’air d’un fiasco ? Il faudra faire les comptes.